Album du départ, 1ère traversée et Minorque

Découvrez les photos de notre départ le 5 juillet 2013,

notre 1ère traversée vers L’Espagne et Minorque, notre première île 🙂

Cliquez sur la photo pour voir l’album!

Alors? Comment on se sent à Minorque??

Et voilà… Voilà 15 jours que nous avons quitté notre terre, pour partir à la découverte du monde…

La jolie Minorque, au cœur des Baléares, aura été notre premier terrain de jeu. Et elle aura été parfaite ! Des côtes au nord si sauvages et au sud plus touristiques, des mouillages à l’eau turquoise magnifiques, des roches tombant à pic, d’anciennes habitations troglodytes surprenantes, des paysages lunaires, de jolies premières images à garder en mémoire:)

Nous avons quitté la Grande Motte avec une mer d’huile, nous avons traversé avec les mêmes conditions, et avons au moment où je vous écris, toujours la même chance ! A croire que la méditerranée s’est faite belle pour nous ! 🙂 Tant mieux !! Cela permet à toute la tribu de prendre ses marques, de s’amariner en douceur et de ne pas avoir, tout de suite en tout cas, de grosses frayeurs.

Alors, c’est quoi le 1er bilan du voyage ? De cette nouvelle vie ? Nos 1eres impressions?

Nous nous sentons à l’heure actuelle comme des touristes à peine partis, voulant profiter et en voir un maximum en un minimum de temps ! Nous passons de criques en criques, nous baladons, découvrons, à un rythme effréné… Nous en prenons plein la vue. Puis nous décidons de nous arrêter à Mahon, « à la ville », au départ pour faire un « petit » tour, car je suis en « manque », manque de vitrines à lécher, manque de l’ambiance qui s’y trouve, et Antoine aussi a bien envie de changer un peu d’horizon.

Nous avons besoin de trouver une carte téléphonique espagnole car nous ne pouvons garder nos deux numéros français, cela n’a aucun sens. Lequel garde-t-on ? Euh après réflexion, celui d’Antoine car c’est son numéro professionnel, sa carte de visite, ce sera donc le mien que l’on arrêtera. Et bien croyez-le ou pas, mais après 11 ans avec le même numéro, je me sens dépouillée ! Cela représente une énième chose qui je le sais bien n’est pas primordiale, mais dont je me sépare. Je suis consciente que je reste joignable sur le téléphone d’Antoine ou sur notre nouveau numéro mais l’ancien, était le lien avec mes amis, ma famille, mon pays. …

Après avoir fait les 100 pas dans la ville (olala quelle chaleur étouffante, et que de marches, de montées, de descentes, de rues escarpées, qui mettent nos gambettes à rudes épreuves 🙂 ), nous voilà fatigués, nous nous retrouvons dans un parc pour enfants, pour les laisser s’amuser, et nous, nous reposer… sans crier gare, les larmes me montent aux yeux, je me mets à pleurer dans les bras de mon doudou, et un nouveau message d’amis très importants à nos yeux avec qui nous avions perdu contact nous félicitant et nous encourageant, n’y est pas pour rien… Je suis si fatiguée, Antoine lui aussi a une petite baisse de moral… Nous sommes pourtant heureux d’être là, alors quoi ? Nous assimilons ça à la fatigue accumulée et à la pression de ces dernier mois, et forcément à un moment ou à un autre il faut bien que l’on relâche !

Je ne compte plus les messages que nous avons reçus d’amis, d’inconnus, de nos familles, tous aussi positifs les uns que les autres et que nous continuons à recevoir via notre blog… Vous ne pouvez pas imaginer combien ils font du bien et combien ils nous touchent ! A aucun moment durant la préparation de ce projet, nous n’avions je pense pris conscience à ce point que nous n’étions pas seul dans cette aventure, mais bel et bien accompagné, et si au départ nous avions créé ce blog pour que la famille et les amis puissent nous suivre, nous sommes heureux aujourd’hui des démarches faites pour nous faire connaître, pour faire partager à plus de monde encore, notre rêve, montrer que quel que soit le vôtre, cela est possible…

Il faut se donner les moyens et provoquer sa chance 🙂 On nous avait dit que le plus dur était de partir, c’est une vérité ! Pour autant, même si c’est moins dur à présent, on n’enlève pas comme ça plus de 35 ans d’habitudes terriennes… Nous ne nous sentons pas encore « libres », et contrairement à ce que l’on pense, il n’est pas simple de changer à ce point de rythme ! Nous avons rencontré quelqu’un qui nous disait avoir mis 6 mois à vraiment décompresser, accepter, prendre le temps et ne plus être tributaire de sa montre, du stress que l’on connait tous… Ça nous paraissait excessif, nous n’en sommes qu’à 15 jours nous direz-vous, mais effectivement c’est un mode de vie à l’opposé de tout ce que nous avons connu, et il va falloir que l’on apprenne à être patient, à prendre en compte la météo et tous autres paramètres, et à remettre à demain ce que nous n’aurons pas fait aujourd’hui 🙂

Nous apprenons aussi à vivre différemment!! Fini les courses à Carrefour où je flânais à travers les rayons, bonjour les supérettes où l’on va droit à l’essentiel et où il n’y a pas de surplus! On se muscle aussi à marcher à travers les villes avec nos bras chargés sous 40 degrés… Nous avons fini par investir dans un cabas à roues permettant de descendre les escaliers! Le summum!!:) Fini aussi le gaspillage de l’eau! Plus de douches de 3 heures et de bains relaxant le soir ! Remplacés par des douches express et la mer pour baignoire, lorsqu’il n’y a pas de méduses ! Finies aussi, les lumières restées allumées, l’énergie à bord étant primordiale, nous apprenons aux enfants à tout éteindre derrière eux systématiquement, à ne pas utiliser l’ipad sans le recharger (notre lecture de météo en dépend !), et nous rechargeons le portable lorsque le groupe électrogène tourne, car grand luxe nous l’allumons pour faire tourner une machine à laver de temps à autre !! 🙂

Nous nous questionnons aussi : comment se faire des « bateaux copains »? 😉 Nous nous disons qu’il faut rester longtemps sur place pour pouvoir créer des liens, or, nous ne faisons que changer d’endroits… Alors comment ça se passe? 😉 On se posera sûrement moins la question une fois les Canaries passées, car nous rencontrerons plus de personnes dans la même situation qu’actuellement où il s’agit plutôt de vacanciers.

Nous sommes effarés aussi par tous les plastiques trouvés dans la mer ! Les enfants n’en reviennent pas et ne comprennent pas pourquoi les gens jettent tout ça à l’eau ! Ils comprennent maintenant pourquoi les tortues confondent les méduses avec les plastiques! Nous sommes sûrs à présent qu’ils seront sensibilisés à leur environnement et à l’importance de le préserver!

Nous sommes impatients de toutes les autres découvertes que nous feront… Les prochaines seront à Majorque, arrivée prévue début de semaine prochaine… A suivre…

Notre 1ère traversée… 20h avec une nuit svp!!

Nous voici donc partis ce vendredi 5 juillet 2013 à 10h, nous n’avions ni Antoine ni moi envie de longer les côtes françaises, connaissant déjà, et ayant des conditions optimales pour une traversée, nous avons donc décidés de faire cap vers L’Espagne directement, et plus particulièrement au Cap Creuss. 20 heures de navigation nous attendent et donc une nav de nuit ! On est des fous nous 🙂 hihi Première traversée et première nav de nuit !

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La journée est superbe, nous admirons cette étendue, nous remettons peu à peu de nos émotions, les enfants comme à leur habitude ne sont pas plus gênés que ça et continuent à vivre comme avant, des constructions lego, un plouf par-ci, un plouf par-là par quelques 2000 mètres de profondeur (même pas peur ! 🙂 ), une petite sieste, quelques dauphins qui nous font sentir tels des enfants à plusieurs reprises, des hamburgers maison pour fêter notre départ, une soirée à admirer le coucher du soleil et c’est déjà l’heure d’entamer les quarts de nuits ! Il est 22 h 00, Antoine commence, car d’après nos calculs nous arriveront pour 6 h du matin, je le relayerai à 1h du matin pour qu’il termine la nav avec les manœuvres de mouillage.

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Waouh ça y est c’est à moi, mon doudou vient me réveiller tout en douceur, « c’est ton quart ma doudou »

Mon tout premier de nuit ! Il m’a préparé une petite tisane et m’attend dans le carré extérieur pour me donner quelques instructions. Antoine, lui, a déjà à son actif plusieurs nav similaires suite au convoyage. Après m’avoir expliqué, il tend les bras vers moi et lève les yeux au ciel, et là, je le vois… ce ciel ma-gni-fi-que ! Des étoiles à foison, par milliers, toutes les constellations doivent y être, la voie lactée est majestueuse. Il part se coucher et me laisse seule avec l’immensité !

Je passe tant de temps à observer, admirer ces étoiles que j’en ai mal à la nuque, mais le spectacle s’offrant à moi est d’une telle beauté que je ne peux m’en lasser !

La nuit est si sombre, il n’y a pas de lune, mes yeux tentent de voir au-delà, s’adaptent au fur et à mesure et je perçois toutes ces petites lumières au loin. Nous sommes selon le gps à 4 h de notre arrivée, j’ai pourtant l’impression d’être si proche de cette terre !

La mer est toujours d’huile, elle nous aura fait cet inoubliable cadeau de bienvenue !

Je regarde tout autour du bateau, c’est étrange. Etrange comme l’être humain est conditionné, car tout est noir, et dès lors que je regarde toutes ces petites lucioles signe de vie terrestre, me voilà rassurée, la terre est proche ! Alors que lorsque je regarde à l’arrière de Cataja, tout est tellement sombre que je perçois à peine notre sillage, c’est oppressant, déstabilisant, il n’y a plus aucun repère, et je pense aux futures traversées à venir, celles où nous serons des jours durant au milieu de cette eau à perte de vue et qu’il n’y aura plus aucun signe de vie et où inévitablement il y aura cette peur du noir ! Qui ne l’a pas ? Mon imagination va bon train, elle fonctionne à merveille, trop ! Un instant j’imagine un bateau pirate arrivant droit sur nous, pas n’importe lequel, le Blackpearl avec tous ses occupants sortant de cette brume, brrr ça fait froid dans le dos, un autre instant j’imagine un monstre sortant des profondeurs, et toutes ces méduses phosphorescentes aussi belles soient elles à regarder passer à côté du bateau n’aide pas à calmer mon imaginaire ! L’idée qu’un container flotte ou que nous rentrions en collision avec un éventuel autre bateau m’effleure l’esprit, je tente d’évincer cette pensée au plus vite…

J’écoute chaque petit bruit autour de moi, tout est accentué, le clapotis de l’eau, les voiles, le moteur, la baume, les craquements, je sens l’air sur ma peau et dans mes cheveux, mes yeux tentent toujours de percer plus encore la nuit tel un chat, c’est comme si tous mes sens étaient en éveil alors qu’à cette heure-ci, ils seraient bien gentiment couchés comme moi, comme les vôtres, bien au chaud sous la couette !

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On dit, on lit que les navigations qu’elles soient diurnes ou nocturnes appellent à se retrouver soi-même, sont propices à la réflexion, au dépassement de soi. Cela m’a l’air sans nul doute vrai ! Je suis seule, seule avec mes pensées, mes hommes dorment profondément, j’apprécie ce calme, et malgré quelques craintes c’est un sentiment très agréable qui m’habite.

Je laisse de côté pour le moment, l’idée que notre nouvel élément ne nous fera pas toujours ce cadeau, qu’il nous en fera voir parfois de toutes les couleurs (et ce même en pleine nuit !), j’essaie de ne pas trop imaginer ces vagues que je redoute tant et qui me paraitront encore plus « méchantes » les nuits agitées, j’essaie d’être là et maintenant tout simplement !

Je profite de cette nuit qui m’est donnée pour réaliser que notre nouvelle vie est belle et bien devant nous 🙂 et fini de me remettre de mes émotions du jour… c’est à présent mon tour d’aller dormir…

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Arrivée en Espagne et 1er petit déj 🙂image

Le grand départ!!

Hier soir, après une énième journée bien remplie, nous avons enfin pu nous poser tranquillement sur notre trampoline et regarder les étoiles, souffler, prendre le temps de respirer, de réaliser, de partager nos ressentis après cette course infernale, nous retrouver et de se dire que ça y est on y est ! Je suis pour ma part angoissée à l’idée de partir, nous vivons cette aventure depuis tant de mois déjà et pourtant je ne parviens toujours pas à me dire que ça arrive vraiment !…Antoine lui, n’appréhende pas les choses de la même façon et est joyeux à l’idée du départ. Nous voyons et vivons différemment ce moment. Les enfants eux, trépignent d’impatience à présent d’aller à la découverte du monde.

Vendredi 5 juillet 2013, réveil pour 7h30, pas beaucoup dormi (je me demande bien pourquoi ? 🙂 ), nous avons tout préparé hier soir pour n’avoir qu’à prendre notre dernier petit déjeuner à la Grande Motte, nous habiller et partir ! 8h30, je suis encore dans notre cabine en train de me préparer, j’entends des voix, familières, certaines personnes sont donc venues nous faire un dernier coucou 🙂 Notre baby sitter Sonia, tout d’abord, les yeux déjà rougis qui passe encore un peu de temps avec les garçons et nous-mêmes, 6 ans que nous la connaissons, elle a vu grandir nos enfants, nous l’avons vu devenir femme, elle fait partie de la famille à présent, cela nous serre le cœur de la laisser, nous aurions tant aimé la kidnappée :), puis d’autres ami(e)s se joignent à elle ainsi que Carmen, Julie et leur maman de Constante Singapore avec qui nous avons tisser des liens le temps de notre vie à quai…

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En parallèle nous recevons des mails, des sms, des appels d’autres amis, de la famille, tous nous encourageant pour notre départ, nous félicitant pour avoir été jusqu’au bout, pour nous dire qu’ils nous envient, qu’ils nous aiment, autant d’attentions qui nous font chaud au cœur et qui me noue un peu plus le ventre, et me font monter les larmes… A ce moment précis, je n’en mène pas large ! 😉 Je fais moins la maiolle (façon de dire mariolle de Elian lorsqu’il était petit!). C’est très cliché ce départ, les larmes, les personnes sur le quai, les derniers mots etc, mais tant pis je profite de ces derniers instants… Nous allons faire un dernier plein d’essence avec tout le monde à bord, puis les ramenons à quai et c’est déjà l’heure des aux revoirs… On essaie tant bien que mal de se retenir mais même Antoine a les yeux brillants, les sanglots, les sourires, les étreintes, les bisous et hop…

Voilà 20 minutes que nous sommes partis, j’installe les enfants devant un dvd, Antoine range le pont, ajuste les voiles, je suis à la barre, le temps est magnifique, la mer est calme, je me retourne et ne voit plus La Grande Motte de la même façon, elle devient toute petite, s’éloigne, je réalise que c’est probablement la dernière fois que nous viendrons ici… 10 ans dans cette région, à cocooner, à s’aimer, à découvrir et je comprends à cet instant que nous n’avons plus rien qui nous relie à cette vie de terrien, nous sommes vraiment sdf (et comme on a pu nous le dire, ça peut être chouette d’être sdf finalement 🙂 ), c’est une sensation étrange…A la fois celle de se sentir libéré de tous ces poids que l’on se met à terre pourtant si rassurant et à la fois celle d’avoir le sentiment de vivre ce que nous désirons nous et non pas ce que la société voudrait que nous fassions. Je m’imagine les prochains paysages et me demande comment va se dérouler notre nouvelle vie, une vie choisie, hors norme… en marge de tout ce que nous avons connu jusqu’ici !

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