Mercredi 5 septembre.
Ce soir nous quittons Formentera et avec elle la dernière île des Baléares. Direction le continent et l’Espagne. Nous nous décidons à faire cette traversée un peu en dernière minute au vue de la météo qui ne s’annonce pas terrible pour la fin de semaine. Très vite la nuit s’installe et les quarts s’organisent. Eurielle prendra le premier. La mer n’est plus aussi plate que lors de nos autres « grandes » navigations. Une petite houle d’1m50 nous prend par le travers et fait danser le bateau d’une coque sur l’autre. L’équipage n’appréciant guère ce pas de deux improvisé, on décide de mettre un peu moins de sud dans notre route pour ne plus danser. Ah, soulagement. La houle maintenant nous pousse par l’arrière dans des petits surfs qui font monter le speedo. Quand je prends mon quart, il est minuit, et le vent arrière conjugué avec les vagues ne plaît pas beaucoup à notre grand-voile qui hésite à passer d’un bord à l’autre sans crier gare au moindre départ de surf. Décision est prise d’abattre la grand-voile et de n’avancer que sur génois. Bien nous en a pris. La vitesse se réduit à 4 nœuds mais quel confort! Plus de bruit, plus de grand-voile qui hésite et de baume qui claque. On dormira tous mieux et je pourrai regarder mon film plus tranquillement.
2 heures du matin. Malo réveillé par un cauchemar pointe le bout de son nez et ensemble nous regardons les étoiles qui illuminent le ciel. La grande ourse, Cassiopée et même Orion que nous n’avions plus vue depuis longtemps se détachent sur le ciel.
Malo retourne se coucher. Je suis bien, la tête dans les étoiles et les bruits de la mer qui peuple le silence de cette nuit. Ma famille dort, et moi je suis « responsable » d’eux. On navigue tous ensemble vers notre prochaine adresse, code postal monde.
4:30, je réveille ma doudou pour lui repasser la barre et la laisser pour ce rendez-vous avec soi-même que les naves de nuits permettent.
7:30: un petit bisou et me voilà debout. Merci ma doudou. Petite tasse de thé chaude. Eurielle me briffe sur l’état de la navigation. On navigue maintenant à 6 nœuds toujours sous génois seul. Waouh, le pied. La mer est plus hachée, et on peine à distinguer d’où viennent les vagues. Au loin les falaises de la côté espagnole et sur l’eau de nombreux ferries, cargos et bateaux en tout genre auprès desquels nous ne sommes qu’un minuscule bouchon flottant, nous font redoubler de vigilance. La preuve, c’est ce moment que j’utilise pour vous écrire 🙂
Que belle maman se rassure, les enfants sont debout et je leur ai délégué la surveillance de l’horizon. Allez, je vous quitte, il faut encore préparer le petit déjeuner, car j’entends ma princesse au bois dormant qui s’est réveillée.