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Le Cap Vert, dernière étape avant le grand saut!
Il nous aura fallu 3 jours et demi pour rejoindre le Cap Vert du Sénégal, dont deux très longs jours !! Pourquoi la météo n’est-elle jamais celle annoncée ? Hein pourquoi ? Nous voici embarqués pour une énième fois au milieu de nulle part, et une fois encore, comme je dois l’avouer ça m’arrive de temps à autre, je me sens prisonnière de mon propre bateau. Prise en otage ! Et je déteste ça, ne pas avoir d’autres choix que d’attendre et de subir les humeurs de Poséidon… Vous savez en traversée, c’est fou l’amplitude qu’il peut y avoir moralement!! Un instant le moral est au taquet avec joie, rire, euphorie grâce à de toutes petites choses et la minute d’après pouf il est au plus bas!! Je l’identifie un peu à ces sensations bien connues des femmes, excusez messieurs, pendant ou après leur grossesse, lorsque toutes les hormones nous chamboulent sans que l’on ne puisse rien y faire !! En soi, de l’extérieur, ça parait être des petits riens, mais de l’intérieur tout est vécu différemment, exacerbé… L’humeur ressentie lorsqu’elle est au plus bas peut aussi être comparée à celle qui nous prend tous à l’approche de l’hiver, suite aux raccourcissement des jours, à la grisaille ou vous savez à ces jours déprimant où vous n’attendez qu’une chose, l’arrivée des beaux jours… Et bien c’est pareil en navigation ! Nous sommes à l’heure actuelle, avec encore des images plein la tête et nostalgiques de nos rencontres sénégalaises. Et l’impatience de découvrir un nouvel horizon mais de devoir attendre avant d’être arrivé !
Ça y est justement, voilà le dernier jour de navigation, nous nous sentons moins nauséeux, le soleil est de la partie, Antoine vient de se lever, il met en place la traîne… Des tas de poissons volants sautent à droite à gauche, signe qu’ils sont chassés par plus gros !! Et oh il n’aura pas fallu 2 minutes pour qu’un thon morde à l’hameçon !! 🙂
Yes !! Ça c’est une belle journée qui commence !! Tout le monde s’emballe à bord et chacun a sa mission !! Je remonte la traîne et fatigue monsieur le poisson avec Antoine qui par la suite se transforme en capitaine crochet, prêt à alpaguer la bête et à lui faire sa fête ! Malo en parfait second, met le coup d’alcool dans les ouïes du poisson pour le calmer et (peut-être) rendre sa dernière heure moins pénible, il passera par la suite les coups de seau nécessaires à nettoyer la scène de crime ! Elian, nous apporte les sacs pour y stocker le déjeuner et Pacôme constate que c’est une « doade coyphène « ou un thon ! 🙂
En attendant, ce thon-là mesure 80 cm et pèse franchement son poids !! Au menu, carpaccio de thon à l’huile d’olive et dardes accompagnées de petites patates sautées et haricots verts… Hhmmmm Voilà qui est bon pour le moral ! Mais comme si un ne suffisait pas, c’est à mon tour cette fois de me lever de ma sieste, et d’entendre le « zzzzzzzz » propre à notre canne à pêche… Hop hop hop, tous à son poste… Voilà une magnifique dorade coryphène de 1,05 m qui nous est offert par Neptune ! Et de deux !! Nous ferons profiter nos amis Timacle de cette dernière, servie en sauce avec lait de coco et gingembre râpé. 🙂
Elle est pas belle la vie ?!
3 décembre 2013 20 h, nous voilà enfin arrivés à notre mouillage au sud de l’île de Sal, Santa Maria. Quel bonheur !! Nous sommes accueillis par une délicieuse odeur de nourriture, les lumières de la ville et de la musique ! J’en rêvais de ce son!! Nous sommes fatigués de notre traversée mais heureux d’être posés et de découvrir une nouvelle fois encore de nouvelles odeurs ! Je crois que notre sens olfactif se développe au fur et à mesure !! Et chaque destination à ses propres senteurs, c’est assez fou! Nous devons attendre le lendemain matin pour découvrir les lieux ! 7h du matin (changement d’heure oblige), nous sommes tous sur le pont pour vite voir à quoi ressemblent les lieux ! « Oh maman, l’eau elle est toute bleue, waouh on voit le fond, et oh elle est propre maman, on va pouvoir se baigner !! Trop cool ! » Des semaines que nous attendons à nouveau une eau pareil, limpide, cristalline et sans déchet ! 🙂
Nous voilà donc au Cap Vert ! Antoine et Benoît partent tous les deux pour faire les papiers d’arrivées, une location de voiture est nécessaire puisqu’il faut se rendre au port de la Palmeira, puis à l’aéroport. De longues heures, car après avoir attendu l’ouverture à 17h30, bizarre, ils se sont vus recalés car tout l’équipage n’était pas là ! « Hein, mais comment, il n’y a pas besoin de… » Pas le temps de finir, la douanière en question est bien décidée à ne pas nous tamponner les papiers et à ne pas travailler ! Nous devrons y retourner tous le lendemain !! Nous optons donc pour y aller chacun notre tour avec Timacle, va falloir se speeder, mais comme ça, il n’y a pas besoin de laisser l’annexe au ponton ni nos bateaux tous seuls ! Et oui car à force de lire sur tous les blogs les faits relatés au Cap Vert et d’entendre les divers vols avec ou sans agression des voiliers et des équipages, nous virons parano !
L’île de Sal n’aura pour nous, pas eu d’intérêt particulier si ce n’est cette jolie plage du sud, lieu idéal pour tous les sports aquatiques. Le mouillage est très venté et rouleur dès que la houle se fait sentir !
Nous y sommes restés 3 jours, le temps de nous reposer et de récupérer Nausicaa, la bateau stoppeuse que Timacle avait embarqué à Dakar. Pour le plus grand plaisir des garçons cette jeune femme de 20 ans (dotée d’un sens certain d’adaptation au vue de son périple au Mali et au Burkinafaso durant 3 mois, seule, pour la réalisation d’un stage pour science po) aura rejoint Cataja jusqu’ à l’île de Sao Vincente, marina de Mindelo ! Pacôme l’ayant gentiment autorisé à dormir avec lui, tout va pour le mieux ! 🙂
Là encore, cette étape ne nous aura servi qu’à faire nos divers avitaillements, et pour ça la marina de Mindelo a tout compris !! C’est la seule de toutes les îles du Cap vert et ils en profitent ! Tout est prévu et monnayer, jusqu’à l’eau utilisée dans les sanitaires communs décomptée de votre crédit précédemment payé ! La place de port s’élevant tout de même à 65 euros par jour pour nous, ne comprend que 100 litres d’eau et 100 Mo de wifi ! Chaque litre d’eau en plus est à payer d’avance via un système de carte, et à recharger dès que nécessaire. Les 3 jours demandés sont eux aussi à régler d’avance ! Ils doivent vraiment avoir peur que l’on parte comme des voleurs ! Nous reconnaissons tout de même et c’est déjà pas mal, que le personnel est très sympathique, serviable et parlant français pour la plupart. Nous y sommes à l’abri tant du vent que des vols à priori, l’entrée et la sortie ne se faisant toujours qu’à l’aide de cette carte. Les garçons retrouvent les joies des pontons et se font de nouveaux amis, quant à nous, nous reprenons nos habitudes d’apéro et faisons connaissance de François et Sophie, partis eux aussi avec 3 enfants , 10 ans, 7 ans et 7 mois, respect !! 1 an autour de l’atlantique, nous espérons les retrouver de l’autre côté au plus vite!
Nous profitons de la marina pour laisser Cataja en sécurité et choisissons de partir en visite de l’île de Santo Antao, réputée pour être la plus belle des îles, en empruntant le ferry. Hop hop hop, on se dépêche, car les places sont limitées, 7h au taquet nous sommes devant le guichet, le bateau doit partir dans 1 heure et nous sommes précédés de 10 personnes… 5 minutes plus tard, c’est la soupe à la grimace… Plus de place à la vente ! Prochain départ à 16h, et achat des billets à 14h30, pas de réservation possible évidemment ! Idem pour les retours. Ça doit être trop compliqué de tenir une comptabilité ! Nous sommes Nausicaa, nous et un autre jeune couple dépités… Nous voulions voir cette île ! Qu’à cela ne tienne, nous décidons d’y aller avec Cataja pour la journée et proposons dans la foulée à Tiago et Gabriella de venir avec nous à bord… Hey, super, ils sont ravis et nous heureux d’embarquer de nouvelles rencontres à bord 🙂 Nous devons tout d’abord nous affairer pour finir les avitaillements et nettoyer notre pont, bien sale depuis le Sénégal ! Tout le monde participe et nous voilà partis 1h après en traversée ! Nous nous mettons au mouillage de Porto Novo, très bien protégé par vent de Nord/Est, je cache nos pc, ipad, appareils photos et compagnie (toujours cette parano de nous faire voler à bord) et nous descendons à terre.
Nous mettons l’annexe sur un ponton à côté de celui de l’arrivée des ferrys et trouvons un aluguer pick up qui nous embarque tous dans la benne arrière pour nous monter jusqu’en haut de la montagne et nous récupérera en fin de balade !
Le paysage est absolument magnifique ! Encore une fois, nous sommes surpris par les odeurs de la montagne ! On se croirait dans nos Alpes, même les vaches et la fraîcheur y sont !
Le panorama est grandiose, et l’arrivée en haut de la montagne est majestueuse !! Nous découvrons une mer de nuage sous nos pieds !! Une pause s’impose ! On se sent tout petit ! Les choses sérieuses commencent, la descente !! Il doit y avoir 800 m de dénivelé, courage et même pas mal quand nos jambes commencent à flageller !
C’est incroyable toutes ces cultures, pas un m2 de la montagne qui ne soit pas cultivé, des cannes à sucre, des choux, des carottes, des bananiers, tout est verdoyant et humide. Le contraste des couleurs est saisissant ! Nous tombons sur des caféiers, et découvrons comment est pilé le café par les femmes du village. Antoine en aura profité pour moudre lui-même du café pris en souvenir pour la famille.
Nous arrivons proche de la fin de notre balade, quasi 4 heures de marche auront été nécessaires pour venir à bout de cette descente. Les garçons n’en peuvent plus, Pacôme est un warrior, il a tout descendu sans un mot ! (le pauvre, il aura quand même eu une ampoule plus grosse que son petit orteil lui-même et aura eu à être porté pendant deux jours à bord tant il a eu mal partout !!… Parents indignes ?!) Yessss, l’aluguer vient nous récupérer dans le village voisin, on va enfin pouvoir s’asseoir et admirer le reste de l’île, le temps de revenir au bateau ! Si nous avions pu, nous serions restés sur cette île une bonne semaine, tant elle est riche et belle !! A voir absolument !
Nous quittons Tiago et Gabriella que nous avons pris plaisir à rencontrer, et espérons pouvoir les revoir de l’autre côté… qui sais ?! Ils sont les bienvenus !
L’heure est venue pour nous de quitter Mindelo et Nausicaa par la même occasion ! Nous devons partir en direction de l’ile de Santiago, mouillage de Tarrafal où nous attendrons Marc et Christiane, le couple qui doit nous rejoindre pour la transat. Nous laissons partir Nausicaa à bord d’un vieux rafio espagnol rouge sur lequel elle a craqué, et se rendant directement en Guadeloupe. Devant être au Mexique pour un stage à la mi-janvier, cette solution s’est avérée meilleure que La Barbade où nous lui avions proposé de la déposer. Malo est affecté par ce départ, il s’était attaché à elle et espérait bien qu’elle passerait Noël avec nous… Nous lui expliquons qu’ainsi va la vie et que chacun a sa route… Qu’il faut garder et prendre le meilleur de chaque rencontre… Nous ne lui cachons pas que pour nous aussi il est difficile de quitter certaines personnes…
Nous rejoignons Tarrafal en 18 heures au lieu des 24 que nous avions prévus !! On cartonne à 7 nœuds de moyenne, avec des pointes à 9, une fois Cataja lancé, difficile de l’arrêter ! 🙂 Nos amis Timacle, sont eux depuis plusieurs jours dans ce mouillage, et nous sommes heureux de les retrouver après ces jours sans eux. L’endroit est plutôt joli, très bien abrité de la houle mais pas du tout du vent ! Les rafales se font sentir à 25 nœuds, heureusement que nous sommes bien accrochés !
A peine descendus à terre, nous découvrons le petit « racket » organisé par les locaux. Impossible de laisser l’annexe sans payer un « gardien » à coup de 200 escudos (2 euros) pour quelques heures ou 400 escudos (4 euros) pour la journée ! Et il a été malheureusement vérifié par nos amis Timacle qu’en cas de non-paiement (pourtant sur les conseils d’un certain Pedro, justement un de ces gardiens), que le vol est manifeste ! Rien de bien grave bien sûr mais des cordages quand même bien utiles pour s’amarrer ! Nous nous demandons qui vole qui d’ailleurs ?! Tous ces gardiens se tirent dans les pattes, c’est vraiment chacun pour soi, et ça rend l’atmosphère vraiment désagréable ! Ces mêmes hommes vous proposent toutes sortes de services d’ailleurs aussi à bord, vente de poisson, service de linge (attention vous ne récupérerez pas forcément tout et c’est très cher!), service de nettoyage de coques (40 euros pour notre cata, travail nickel chez nous, même prix pour Timacle mais il a dû leur faire refaire car ils ne pensaient pas que Benoît irait vérifier ), service de bidonnage d’eau et de gasoil (alors là ils ont fumé, ils vous vendent 200 litres d’eau pour 20 euros !! Il vaut mieux aller voir à terre directement, acheter à quelqu’un l’eau et bidonner soi-même)… Attention donc à ne pas tout accepter !
Timacle, en sera revenu de l’entente superficielle avec Pedro, qui ne ratera pas une occasion de vous « avoir » et de ne pas respecter ses engagements, de notre côté nous sommes plutôt satisfaits des services de Nazou (mais nous déplorons tout de même le vol de chaussures dans l’annexe malgré sa présence…) présent sur la plage et s’occupant de notre annexe ou de nous trouver un véhicule pour nous rendre aux courses ou à Praia.
Vendredi 13 décembre, 6h du matin, Marc et Christiane sont arrivés à destination, ils attendent sur la plage qu’Antoine viennent les chercher. Leur voyage aura été plutôt épique et ils sont bien contents d’être arrivés !
Seule ombre au tableau, ils n’ont réceptionné qu’un bagage au lieu des trois !! Qui a dit que le vendredi 13 portait malheur ?? Christiane se retrouve donc sans affaire, et je me retrouve sans toutes les surprises et achats faits par ma petite maman ou la famille pour Noël… Les bagages sont censés arrivés sous deux jours… Censés car à l’heure où je vous écris ces mots, à notre grand désespoir, et après nous être faits les 150 km aller/retour en montagne, les valises ne sont pas arrivées… On repassera donc pour le sérieux de Royal Air Maroc ! Des familles entières se retrouvent sans aucun bagage !! Et personne de la compagnie ne semble s’en soucier le moins du monde ! Nous avons donc Christiane et moi, le moral en berne, nous ne pouvons qu’attendre… Le temps passe, nous sommes bloqués également par la météo, car un méchant coup de vent à 40 nœuds est annoncé sur le Cap Vert, nous ne pourrons partir qu’après… Si j’appréhende toujours autant la transat, il nous tarde à tous d’être de l’autre côté !
Mardi 17 décembre, une page se tourne, nos amis Timacle viennent de larguer les amarres pour faire route vers le Brésil… Nous nous disons aurevoirs… Nous les saluons et les regardons s’éloigner… C’est un sentiment étrange… Voilà 2 mois et demi que nous naviguions ensemble, ça fait un petit pincement au cœur… Quelques larmes aussi se dessinent sur nos visages. Nos routes se recroiseront peut être et nous aurons alors pleins de nouvelles choses à nous raconter, qui sait ?…
Mercredi18 décembre, yesssss!! Malgré un déluge sans nom, une pluie battante et un vent forcissant, Marc et Christiane ont pu récupérer les bagages à l’aéroport, après un trajet épique dans un aluguer fou et blindé de monde!! 19 personnes dans une voiture faite pour 10 personnes pour un trajet d’1h30, qui dit mieux??! A leur retour, le soulagement se lit sur nos visages à tous, Christiane va enfin pouvoir s’habiller 🙂 et je peux enfin découvrir mes petites affaires! … C’est un beau jour de pluie finalement! 🙂 Nous en profitons pour nous faire des parties de cartes endiablées, ou un joyeux chahut règne à bord entre les rires, les vacheries, la joie des gagnants et la déception des perdants! Les garçons et nous même sommes heureux d’avoir nos nouveaux équipiers à bord 🙂
Allez, la météo semble se calmer, nous prévoyons de nous arrêter à l’île de Fogo pour un dernier arrêt avant notre départ en transat samedi!! Plus de retour possible, cette fois c’est la bonne! Rendez vous dans quelques semaines à tous de l’autre côté sous les cocotiers! 🙂 hihi
Album Cap Vert
Destination dépaysement total… le Sénégal!
Nous vous avions laissé à notre arrivée et au repos des guerriers bien mérité !! Nous avons ensuite pris possession des lieux et découvert le CVD (club de voile de Dakar). Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un lieu d’accueil des voyageurs au long cours en arrivée d’Europe ou en partance pour la transatlantique, petite enclave franco /sénégalaise appelant au calme et à la sérénité sous l’ombre bénite des arbres !
Très vite nous nous y sentons et nous y mettons à l’aise, et profitons de l’opportunité d’avoir internet pour appeler nos proches 🙂 Skype marche ici !! Waouh ça c’est fou quand on sait que ça ne marchait pas en Espagne! Les garçons font connaissance de Zéphir et Looli, petites filles franco/américaines prêtes à partir en Guinée et s’amusent comme des fous… bon pour le lavage en rentrant! 🙂
Nous faisons connaissance avec Mama nougat chez qui nous ferons des réserves folles de nougat, une tuerie atomique ! Mama légumes pour nous régaler des dernières mangues de la saison et Mama Tissu chez qui il est bien difficile de ne pas succomber à une frénésie d’achat au vue des tissus colorés proposés !
Suite à la mise en place d’un visa en juillet 2013, nous devons nous rendre à l’aéroport, seul lieu pour la prise d’empreinte et nous acquitter gentiment des 270 euros demandés pour nous 5 ! Viennent ensuite les autres formalités nécessaires aux douanes et à la police.
Une matinée complète aura été nécessaire car évidemment rien n’est au même endroit et Dakar est un enfer en terme d’embouteillage ! Et nous aurons eu un beau bouquet final, un sketch à elle toute seule, elle, c’est la jeune douanière pour qui le moindre effort semblait déjà de trop ! A peine rentrés dans son bureau nous avons décelé cette « envie folle de travailler » ! Mais au moment où elle nous a demandé les photocopies de nos passeports et des papiers du bateau, que nous n’avions pas, c’était le pompon ! « Ben vous savez vous servir de la photocopieuse ? », euh non… Faisant appel à toute sa force, elle se lève de sa chaise pour l’ultime allumage et la démonstration de la photocopieuse, avant de se… rasseoir ! « C’est bon vous avez compris ? », euh oui… Et voilà comment mon doudou se retrouve à faire toutes les photocopies ! Énorme !! Mourir de rire, ça doit être possible !! J’ai dû me retenir tant la situation était cocasse ! Mais où était la caméra ? Non sérieux ? Et je ne vous parle pas de l’ennui que semblait lui causer notre Pacôme fatigué par cette matinée éreintante qui chouinait et bougeait de tous les côtés ! « Mais qu’est-ce qu’il a, il est fatigué hein ? » euh oui c’est long… Sous-entendu si vous pouviez accélérer pour l’écriture des quelques malheureux mots que vous devez écrire avant de pouvoir continuer à vous reposer ! Un grand moment !! Allez, ça y est on est en règle !! 🙂
Nous gravitons pendant quelques jours autour du club de voile et en profitons pour nous rendre sur l’île de Gorée, visite incontournable semble-t-il en étant ici. Nous entendons que celle-ci est très touristique, pas forcément avec beaucoup d’intérêt…
Bien nous en a pris de vouloir voir par nous même! Nous y sommes allés avec le bateaux reliant la ville à l’île, et y avons tout d’abord rencontré Mustapha, jeune homme de 28 ans plein d’humour et avec un sourire grand comme ça 🙂 avec qui nous nous lions amitié, il travaille à Gorée au Saint Germain. Il sera un peu plus tard notre invité pour goûter des crêpes lors d’une soirée entre voyageurs et nous aurons fait plus amples connaissances avec ce drôle de garçon qui sait qu’il se me mariera en décembre 2015, c’est précis, mais ne sait pas encore avec qui?! 🙂 Voici la première rencontre qui nous aura touché…
Mais revenons en à notre arrivée sur l’île, nous avons choisi avec nos amis Timacle de prendre un guide. Un monsieur fantastique passionné et passionnant nous permettant de poser toutes questions et ce quelque soit le caractère de celles-ci! Très ouvert, il commence à nous expliquer ce qu’était l’île de Gorée… Nous dialoguons à l’ombre d’un arbre, et là dès ma première question… « Combien d’esclaves y-a-t-il eu ici?… Environ 15 millions ont transité juste sur cette île! » Il y a comme quelque chose qui vous secoue de l’intérieur!… Nous continuons à nous balader sur cette terre qui fut autrefois témoin de tant d’horreurs! Plus rien n’est visible aujourd’hui, les murs des maisons sont colorés, chatoyant, les gens gentils, le ciel bleu, les arbres en fleur, les artisans présentant leurs œuvres et même le boucher exposant sur une simple bâche au sol ses morceaux de viande de mouton! Ces derniers étant découpés, à la disposition des acheteurs mais aussi et surtout à toutes les mouches se partageant des morceaux! … Plus rien si ce n’est la maison des esclaves qu’il est possible de visiter avec les explications du conservateur (à 15h chaque jour gratuitement). Même elle, est dotée d’une jolie couleur ocre! Les cellules par contre sont restées d’origine…
Je crois que même pour les personnes les moins sensibles, ce qui n’est pas notre cas, il n’est pas possible de rester indifférent à cette visite. Visiter ces murs est une chose, écouter l’histoire de ces ancêtres et la façon dont ils étaient traités en est une autre. Tout prend une dimension différente. Comment réagir quand vous entendez que chacuns de ces esclaves étaient séparés des siens, démunis de son nom de famille, attribués d’un numéro comme seul identifiant, mis quasi à nu, enchaîné aux mains et aux pieds et maintenu assis contre ces murs froids et humides? Comment était-il possible que ces enfants, ces femmes, ces hommes aient été échangés juste pour des babioles, de l’alcool ou des armes? Les jeunes filles livrées au bon vouloir des négriers ou accouplées tels des animaux avec les plus beaux « spécimens » esclaves hommes pour ajoutés de la valeur aux nouveaux nés, comme nous le ferions pour des bêtes de concours? Et que dire de ces esclaves jetés telle de la viande aux requins si ils avaient le malheur d’être malades? Vous vous prenez une claque!! Une grosse, une de celle qui vous prend aux tripes! Une de celle dont vous n’êtes pas fier, dont vous avez honte! Oh bien sûr ce n’est pas nous qui avons fait tout ça, mais ce sont bien nos ancêtres. Ça fait réfléchir quant au fait qu’il n’y a vraiment pas pire pour l’humain que l’humain lui même. On se dit qu’on a de la « chance » de vivre à notre époque, et là encore on réfléchit et on repense qu’il n’y a pas si longtemps et pas très loin de chez nous d’autres horreurs étaient commises, ou bien même que d’autres le vivent en ce moment même dans d’autres pays moins chanceux! Je me demande aussi, quelle sera demain la raison pour laquelle nous pourrions être amené à subir de telles atrocités? Ça fait froid dans le dos et on mesure pleinement combien nous croisons les doigts pour que nous et nos enfants n’ayons pas un jour à connaître ceci…
Vous l’aurez compris, nous avons été profondément touchés par cette « visite », d’autant plus que les origines d’Antoine remonte à une esclave noire nommée Adèle et ayant été libérée un jour de Janvier à la Réunion, d’où le nom de Janning. Forcément ça raisonne en nous…
Nous avons par la suite eu l’occasion de nous rendre en ville, à Dakar… quelle drôle de ville! Ça grouille, grouille de monde, de personnes vous vendant toutes sortes de choses jusqu’à dans votre taxi. Nous découvrons une ville pleine de poussière, aux rues jonchées de déchets, aux marchands à même le sol. Nous voyons de près ces grands buildings que nous avions vu par la mer à notre arrivée et qui nous avaient laissé pensé que Dakar était une ville moderne… De près, nous réalisons qu’il n’en ai rien, pas de grands magasins, pas de grandes enseignes… C’est très surprenant, et très fatiguant aussi d’être dans cette ville, avec cette chaleur étouffante et ce bruit en permanence… Qu’il est bon de rentrer sur Cataja et d’être au calme!:)
Vendredi 15 novembre, le jour est venu de nous rendre dans le Siné Saloum! 🙂 Une journée est nécessaire, et il est vivement conseillé d’arriver de jour! Sur les dernières heures de navigation, nous ne sommes plus en mer mais dans un labyrinthe infernal! Il y a des dizaines et des dizaines de filets posés de façon totalement anarchique sans aucune concordance! Des murs entiers de filets! Il est clair que les poissons n’ont aucune chance et nous croisons les doigts pour ne pas rester empêtré dans l’un d’eux! Heureusement que nous n’avions pas de houle et une bonne visibilité pour finir par rejoindre le chenal d’entrée du fleuve 🙂
Celui ci est bien balisé et nous arrivons tranquillement sur Djifère, petit village de pêcheurs pour y passer la nuit 🙂 Curiosité oblige 🙂 Nous partons dès le lendemain en visite de ce nouvel endroit, mais avant cela nous avons une poubelle à déposer à terre et aimerions savoir où la mettre?… Un jeune sénégalais parlant mal le français et nous pas mieux le wolof nous rejoins et nous lui demandons où nous pouvons la poser?… Là-bas, là-bas… Ok, nous nous dirigeons vers le fameux là-bas, persuadé de trouver une fosse ou quelque chose de similaire… Ne trouvant pas, nous profitons de croiser des habitants pour leur poser la question. Mohamed s’empresse de nous aider 🙂 Par ici, nous dit-il… Il prend la poubelle des mains d’Antoine et se dirige vers l’océan! Il va purement et simplement la jeter le plus loin possible en nous disant que ça va partir! Nous n’en croyons pas nos yeux, nous restons sur place, interloqués… Que voulez vous dire? Nous essayons de lui faire entendre qu’il doit y avoir un autre moyen mais nous ne nous comprenons pas, malgré la langue commune … Nous devons nous résigner à leurs habitudes de vie… Nous éviterons à présent de vider nos déchets dans n’importe quel village!
Nous sommes très vite rejoins par des enfants venus nous offrir des coquillages et nous faisant des sourires magiques! Malo trouve en Lamine un maître en matière de lance pierre et des habitants se joignent à nous vous nous faire découvrir leur chez eux et leur métier. Nous découvrons des plages remplies d’étals de poissons de toutes sortes, de toutes tailles, vendus ainsi ou entrain de sécher. Des mouches encore et encore présentes partout et une odeur entêtante nous accompagne durant toute notre balade. Les rues sont pauvres, nous devinons l’intérieur de ce qui sert de maison, quatre briques posées formant de minuscules pièces avec des nattes au sol servant de lit. Pas de fioriture, pas de décoration, pas de séparation et un seul robinet d’eau pour tout le village!! Comment font-ils? Il nous semble que nous n’avons plus grand chose à bord de notre catamaran par rapport à notre ancienne vie, et pourtant le décalage est déjà énorme entre notre vie et la leur! Nous voyons des bébés et des bambins pas plus hauts que trois pommes à même le sol, à jouer avec les cailloux et les saletés se trouvant à leur pied. Ces conditions d’hygiène me semble folles. Comment eux nous voient-ils, je me le demande!
Nous continuons notre périple en direction de Mar Lodj, petit paradis sur terre selon les locaux 🙂 Nous arrivons à marée basse et peinons à avancer, nous restons envaser 1 ou 2 fois, quand nos amis Timacle se pose un certain nombre de fois!! Il faut dire que nous n’avons qu’1m30 de tirant d’eau quand eux en ont 1.90m! Forcément, ça limite la navigation. Ce n’est pas grave nous décidons de mouiller à quelques minutes en annexe du village au beau milieu de la mangrove et de son calme! C’est magnifique cette étendue d’eau! Nous entendons les oiseaux, sentons l’air pur, observons la faune et apprécions la propreté du fleuve. Le coucher de soleil y est superbe, quel bonheur d’être ici! Antoine et Benoit en profite même pour se faire des sessions de wake!
Nous ne tardons pas à faire connaissance de Alain et Bénédicte, couple de retraités vivant ici plusieurs mois dans l’année, dans une charmante maison toute ronde 🙂 Nous acceptons volontiers leur invitation à passer chez eux et partageons quelques heures ensemble à parler de leur vie entre la France et le Sénégal et de notre périple à nous! 🙂
Mar Lodj s’avère être complètement différent de Djifère. Ici, tout est vert et les rues sont relativement propres. Il est agréable de déambuler sur ces chemins de terre. Nous en profitons pour acheter de délicieux beignets de poissons à la dame du chemin principal mais essayons d’esquiver les vendeuses qui nous attendent à leur marché artisanal. Je dis esquiver car elles sont plutôt insistantes et pas forcément des plus délicates. Nous découvrirons par la suite que les produits proposés sont entre deux et quatre fois plus chers qu’à Foundioune!
Alain et Bénédicte nous avait parlé de l’école privée à qui il arrive d’accueillir les enfants des voiliers de passage. Ni une ni deux, nous pensons que ça pourrait être une expérience enrichissante pour les garçons et allons faire la connaissance du directeur de l’école. Rendez-vous est prit, demain les loulous passeront leur journée ici 🙂 Vite, il va falloir trouver des sacs pour mettre leurs affaires!! 🙂
Le grand jour est arrivé, levé à 6h30 pour décoller à 7h30 en annexe jusqu’au village, l’école commence à 8h, il n’est pas question d’arriver en retard!!:) Hop, hop, hop et voilà Elian, Malo, Titouan, Clément dans les rangs, prêts à commencer! Quant à Pacôme, il passera sa première journée d’école maternelle avec Maelys, ici même!! Je suis plus stressée que lui, et me demande comment va se passer cette matinée?! 🙂 C’est Antoine qui s’est chargé de le déposer pour éviter les larmes de maman!! 🙂 13h, l’heure de récupérer les loulous!! Viiiite il me tarde de retrouver mon Pacôme! Et bien, mon petit bonhomme aura été un champion!! Pas un pleur, rien de toute la matinée! Nous le retrouvons tout sourire, heureux d’avoir fait ses dessins et d’avoir été avec les copains! Il n’a pas quitté son sac une seconde 🙂 Il nous parle des chansons faites par les enfants en classe et du goûter pris avec eux 🙂 Trop mignon!! Les grands eux, auront eu la joie de commencer par catéchisme et chant… et Elian aura pu constater qu’il existe (encore) des maîtres qui tapent sur les doigts avec la règle pour ceux qui n’écouteraient pas! 🙂 C’est pas mal finalement le Cned au bateau non? 🙂
Nous remarquons toutefois, et ce malgré la sympathie des enseignants rencontrés, que les « blancs » ont été pour la plupart du temps séparés des « noirs »… Nous avons notamment retrouvé Pacôme et Maelys, tous les deux, alors que les autres enfants étaient tous ensemble… idem lorsqu’ils ont faits du tourniquet, la maîtresse a fait descendre tous les petits pour ne laisser que les nôtres, il aura fallu demander à ce que tous les enfants soient ensemble pour qu’elle les autorise à s’amuser eux aussi… Nous n’avons pas su comment l’interpréter…
Allez, cap sur Foundioune!!:) Nous naviguons paisiblement sur le fleuve, et avons même la chance de voir des dauphins! Nous profitons d’une belle soirée pour nous balader en annexe dans un petit bolong, à la rame, et découvrons la mangrove et ses habitants de plus près! Des centaines de crabes et autres Bernard l’Hermite 🙂 Tout est calme, beau et de drôles de bruits d’oiseaux nous accompagnent! Un pur moment de bonheur en famille…
Jeudi 21 novembre, nous arrivons au mouillage de Foundioune et ne tardons pas à contacter l’hôpital pour leur déposer le colis en notre possession! Nous y rencontrons Pape et Balal , travaillant respectivement pour l’hôpital et chauffeur de l’ambulance. Ils sont très sympathiques et pour nous remercier d’avoir acheminer le matériel nous proposent de venir manger chez eux. Ce soir ça sera le grand soir! Notre premier repas sénégalais 🙂 Mais avant, nous partons visiter le centre. C’est beaucoup plus grand que Mar Lodj et encore une fois différent. Beaucoup de commerçants, d’artisans, et la rencontre de la population locale très sympa et « cool ». Nous faisons d’ailleurs grâce à Pape connaissance de Cheir, couturier du centre ville à la boutique Black and White et en profitons pour lui faire faire une moustiquaire extérieure, nous n’en pouvons plus de toutes ces bébêtes!! Fini le dîner accompagné de punaises ou de sauterelles ne se privant pas pour se régaler comme nous! 🙂
Le soir venu, nous nous rendons donc dans la famille de Pape pour y manger un plat typique d’ici. Nous sommes curieux de découvrir leur habitat, et à notre grande surprise (et soulagement de ma part je dois l’avouer, j’avais vraiment peur de me retrouver dans une « cahute » à manger par terre 🙂 ) nous visitons une grande parcelle de terrain où toute sa famille vit en ayant chacun leur petite maison. Chacune d’elle n’est composée que d’une ou deux pièces avec lit et télévision, et l’ensemble bénéficie d’un robinet commun. Nous remarquons que le niveau de vie ici semble plus aisé qu’à Djifère par exemple où il n’y avait que ce fameux robinet pour tout le village et certaines des habitations avaient à peine des toits! Nous faisons connaissance des frères, cousins, neveux de la famille, nous craquons sur la petite Yama, bébé de 6 mois, juste trop belle 🙂 Une grillade de poissons accompagnée d’une compote d’oignons au piment vert nous sont servis… Waouh la vache ça arrache!!
Les enfants ravis ont la permission de manger avec les mains dans ce plat commun, comme ils le font ici 🙂 De la main droite plus exactement, comme il est de coutume. Pape et sa famille ont d’ailleurs la délicate attention de nous « dépiauter » le poisson et de nous le déposer devant notre partie de plat. Chose pas évidente d’ailleurs à la seule lumière d’une torche calée entre têtes et épaules à tour de rôle! Nous passons la soirée à échanger sur leurs habitudes ou coutumes de vie et les nôtres. Nous rigolons ensemble de leur droit à la polygamie et de la « jalousie » des françaises dont ils ont entendu parler… euh comment dire, sans être particulièrement jalouse effectivement je suis plutôt hostile dirons nous à la liberté d’action de mon doudou à ce niveau là!! 🙂 Ici, elles n’ont de toute façon pas le choix et rien à dire, selon leurs dires. C’est intéressant. Nous nous taquinons les uns les autres, dans une joyeuse ambiance. Décidément les sénégalais nous surprennent par leur ouverture d’esprit, nous sentons qu’il y a une réelle liberté d’expression 🙂 Nous rentrons heureux de cette soirée d’intégration, et de ces rencontres. Enfin l’authenticité que nous recherchions 🙂 Pour la première fois depuis que nous sommes arrivés au Sénégal, nous ne nous sentons pas que comme des toubabs à qui l’on voudrait vendre quelque chose.
Nous passons quelques jours dans ce village, nous laissons vivre au rythme sénégalais, et apprécions les habitants. Ici, nous nous sentons bien tout simplement. En balade, les artisans nous invitent à découvrir leur boutique, mais il est possible de simplement discuter car nous ne pouvons malheureusement pas tout acheter. Nous leur expliquons notre situation, notre voyage, ils sont curieux de notre route, de cette possibilité de voir le monde. J’ai le sentiment que tout ça est tellement loin de ce qu’ils vivent. La plupart des personnes rencontrées n’ont pas ou peu quittés Foundioune, et n’ont jamais quittés le sol sénégalais, alors imaginer partir ainsi en bateau…
Les jours passent, Cheir est souvent sur le bateau, il prépare la moustiquaire directement à bord, nous partageons plusieurs repas sur Cataja et l’apprécions de plus en plus. Nous abordons toutes sortes de sujets, et échangeons nos impressions. Des liens se créent… Voilà la moustiquaire finie…Plus besoin de venir sur le bateau… Ni lui ni nous n’avons envie de nous quitter semble-t-il… Cheir nous invite donc à déjeuner chez lui. Nous y rencontrons sa femme Rhadi et ses enfants Rhadim et Mama. Deuxième repas typique en vue 🙂 Bon que voulez vous mes habitudes d’occidentales vivant dans son monde aseptisé me font craindre le pire au vue de leur petite « maison » et de toute cette poussière et saleté ambiantes. Un petit banc pour nous asseoir, Rhadi nous pose gentiment par terre un matelas en mousse usé recouvert d’un plaid où enfants et moutons se chamaillent la place!
Cheir me propose de regarder comment se prépare le Tiéboudienne, plat national. Bizarrement ce n’est pas Rhadi qui prépare à manger mais une autre femme vivant sur la même parcelle, nous y apprenons qu’ici c’est ainsi, c’est à tour de rôle que chacune prépare à manger pour les autres familles. J’observe donc la préparation du poisson (qui auparavant est probablement resté à l’air ambiant avec mouches et autres insectes posés dessus), des légumes et du riz. Le tout sent plutôt bon et mijote dans une marmite.
Ce qui m’inquiète c’est la couleur de l’eau dans la bassine qui a servi à nettoyer tous ces ingrédients… l’eau y est presque noire… Je ne sais quoi penser non plus des poules qui se disputent les grains de riz à même le plat dans lequel nous allons manger… Bon ok, nous voulions du typique, et bien je suis servie! Je vais manger ce plat, même pas peur pour mon ventre!! Le plat est prêt, gel antibactérien en main, je suis armée et aucune bactérie éventuelle ne passera par les enfants ou moi!! 🙂 Et bien, contre toute attente, moi qui suis toujours difficile en matière de nourriture, et ce n’est pas Antoine qui dira l’inverse, j’ai pris sur moi, mis ma « maniaquerie » de côté et ouvert grand la bouche… Et c’était absolument délicieux!! Juste délicieux!! Probablement un des meilleurs repas mangé! Les enfants, Antoine et moi sommes fan de ce plat! Goûtez si vous en avez l’occasion, du tiboudienne! 🙂
Après être rassasié les enfants se sont mis à jouer tous ensemble, une ribambelle d’enfants voisins passant leur journée chez Cheir et les nôtres, qu’il était bon de voir ce partage et d’entendre ces rires:)
Nous quittons bientôt Foundioune et tenions devant tant de gentillesse de leur part à offrir plus, plus que ces moments à Cheir et Rhadi. Nous sentons qu’il y a vraiment « quelque chose » avec eux… Antoine me fait une proposition que je ne peux refuser, nous les invitons à passer 2 jours à bord avec nous, juste le temps de descendre un peu le fleuve et nous les laisserons à Ndangane… C’est avec grand plaisir qu’ils acceptent, le moment du départ approche, quelques dernières courses faites au marché et hop nous levons l’ancre!:)
Rhadi est ravie, tout sourire, elle m’avoue n’avoir jamais quitté Foundioune même pour les villages voisins, les enfants sont impressionnés, Cheir heureux. Quelques ploufs, des tresses, du surf tracté, un peu de bronzette, un Tiéboudienne à domicile et un feu de camp sur la plage avec poissons grillés (poissons achetés en « drive » aux pêcheurs passant avec leur pirogue!)sont au programme, juste de quoi garder de bons souvenirs 🙂
Mercredi 27 novembre au soir, il est temps pour nous d’avancer un peu plus pour se préparer à traverser vers le Cap Vert ce samedi. Nous devons les quitter, les aurevoirs sont difficiles, nous sommes tous très émus, tristes de devoir nous dire aurevoirs, ils m’offrent un sac à main sur lequel je lorgnais à la boutique, et me touche en plein cœur! Des larmes coulent ou se retiennent de couler, les regards se croisent… Antoine et moi avons très envie de les serrer dans nos bras, alors que jusqu’à présent ce sont toujours des mains qui se sont serrer. Nous n’avons pas vu non plus d’embrassade dans les rues. Est ce que ça se fait ici, ce geste ne sera-t-il pas mal interprété? Et puis zut!! L’instant d’après, vous vous laissez emporter par cet élan et au diable les interprétations! Et il semble finalement qu’eux aussi en ai eu envie 🙂 Nous ne savons pas ce que la vie nous réserve mais nous sommes tous conscients qu’il est peu probable que nous nous retrouvions. Est ce ce qui rend cette rencontre encore plus forte et belle?
En tout cas nous garderons en mémoire de ce pays que c’est ici au Sénégal, dans ce beau Siné Saloum que nous aurons trouvé l’authenticité et l’humanité que nous recherchions, celles qui font réfléchir et qui font du bien au cœur! Comme ils disent ici, « nous n’avons pas l’argent mais nous avons le cœur… »
Les enfants eux, et je ne sais pour combien de temps ce sera dans leur mémoire, auront à leur niveau pris conscience que tous ne sont pas égaux et n’ont pas forcément les mêmes privilèges. Que lorsque eux nous tannent pour avoir les derniers jeux à la mode, les enfants d’ici s’amusent de bouts de bois ou de courroies de vélo accrochées à une corde. Que lorsque eux dorment paisiblement dans un lit propre et chaud, d’autres dorment à même le sol et ce même pendant la période « d’hivernage » comme ils disent ici, avec le sourire car l’hiver nage ». Et que pendant qu’eux se plaignent d’avoir à faire le Cned, d’autres sont entrain de ramasser le riz dans les champs d’à côté par 40 degrés…
L’avenir nous dira à quel point ce que nous avons trouvé ici modifiera de notre façon d’agir ou de penser. Mais déjà c’est un autre regard sur le monde que nous avons eu l’occasion d’avoir. Un de ceux que nous aimerions avoir plus souvent et nous avons plus que jamais envie de découvrir nos prochaines destinations!
L’aventure continue, Cap Vert nous voilà!
Jerejef à tous pour vos sourires et votre gentillesse! Legui legui!