A découvrir actuellement, l’article sur Cataja dans le dernier Multicoques Mag numéro 167 d’octobre/novembre 2014, 6 pages… Waouh!!
CROISIÈRE
Les « Cataja », déjà un an sur l’eau et un premier bilan
Allez, nous l’attendions depuis des jours, nous partons enfin en direction de Bequia. Quelques heures de navigation nous attendent, la météo annoncée semble calme, quelques grains alentours mais peu de houle, une belle journée pour une reprise !
Nous longeons la côte de Sainte Lucie et apprécions le calme des eaux. On sait qu’en général cela ne dure pas à l’approche des canaux et sommes opérationnels en cas de changement de temps…
La navigation se passe à merveille, Cataja fend l’eau, nous discutons avec les garçons, ils jouent dans le cockpit, et nous nous octroyons même des douches au seau d’eau sur la jupe arrière, nous rappelant des souvenirs de transat ou de traversées passées. Qu’il est bon de nous retrouver là en famille, avec pour compagnon le soleil…
Nous avançons sous 10 à 15 nœuds de vent et testons notre nouveau gennaker !!
L’occasion est idéale et nous sommes contents de notre vitesse, 8 nœuds sans difficulté… Le passage du canal se fait pour une fois tranquillement ! Les garçons regardent un film à l’intérieur, Antoine et moi apprécions le calme et le paysage… Et c’est là que Cataja a décidé une nouvelle fois de nous montrer qu’il n’a pas été content d’être laissé seul si longtemps… En une fraction de seconde, la soudure retenant la poulie de notre gennaker a littéralement explosé, laissant derrière elle notre voile sans retenue, maintenue simplement par une drisse… Les réflexes sont toujours là, Antoine bondit pour tenter de rattraper le gennaker avant que celui-ci ne risque de passer sous le bateau. Il y a d’un coup trop de vent pour y parvenir, il nous faut essayer d’enrouler la voile, mais sans enrouleur cela devient difficile voire impossible. Antoine tire de toutes ses forces sur les cordages et tente de retenir la voile pendant que je maintiens en arrière une autre des cordes. Elles sont folles, elles volent à droite, à gauche, nous devons veiller chacun à ne pas nous prendre un pied dedans ou à ne pas se faire arracher la tête tout simplement ! Il y a 20 nœuds, le grain arrive, il faut faire vite, nous mettons le bateau face au vent pour le ralentir et tenter de moins le subir mais nous prenons la houle en plus. Le vent rabat le gennaker vers moi, les attaches et cordages s’approchent de plus en plus dangereusement. Antoine a les mains meurtries, des ampoules explosées tant il tire. De mon côté je déploie aussi toute mon énergie mais mes doigts deviennent comme crispés de douleur, je n’ai plus de force ni dans mes bras ni dans mes mains… il faut tenir !! Cataja file droit, heureusement le vent se maintient et les garçons sont toujours devant leur film. Malo a bien vu que quelque chose n’allait pas mais n’a pas jugé bon de venir nous rejoindre, et heureusement…
Après une lutte acharnée, un travail d’équipe et une trentaine de minutes nous sommes venus à bout de notre manoeuvre, pas peu fiers d’avoir réussi mais épuisés. Nous avons tout de même appris qu’il nous faut acheter des gants ! Jusque-là ils ne nous avaient pas semblés indispensables, nous avons compris leur fonction à présent ! Cela aurait évité entre autres à Antoine d’avoir les mains en sang…
Le gennaker est rangé tant bien que mal dans son sac, nous continuons notre route sous génois, les grains sont au loin, le ciel dégagé, la mer belle… Comme si rien ne s’était passé… Décidemment Cataja n’aime pas le gennaker !! (voir articles des traversées Maroc/Canaries/Sénégal)
Après 9 heures de navigation active et quelques peurs nous sommes arrivés à Bequia sans nouvelle encombre… Ouf on peut respirer et se reposer ! Et Finalement comme nous l’a dit une de nos lectrices, nous sommes de « maudits chanceux »… 🙂
Demain, c’est un nouveau départ vers Mayreau qui nous attend, puis ce sera Carriacou et Grenade, étape finale avant de reprendre des navigations plus longues et plus lointaines…
Jeudi 11 septembre, nous venons d’atterrir à Fort de France !! Yessss, sans casse ni crash, pas de tour à détruire ici ! Mais une chose est sûre, les vols n’étaient pas complets en ce jour, superstition oblige j’imagine ! Nous récupérons notre petit appartement pour la nuit, demain la navette nous attend pour 7 h tapante !!
Vendredi 12 septembre, après une nuit de sommeil quelque peu écourtée, décalage horaire oblige, les yeux comme des billes dès 5 heures du matin, nous faisons route vers le ponton de Sainte Luce où nous devons récupérer la navette qui nous amènera à Sainte Lucie. Nous avons réussi à trouver un plan à 130 euros pour tout le monde et d’ici 2 heures nous serons à bord de Cataja !! Oh oui… Il nous tarde !! 6h45, la voiture est rendue, les bagages prêts à être embarqués, les estomacs repus, nous attendons sagement… 7h10, d’autres passagers arrivent et nous commençons à nous dire que ça fait du monde pour les deux petits bateaux présents devant nous… Antoine va donc se renseigner, le verdict est sans appel… Nous ne sommes pas sur les listes de passagers du jour, un méli-mélo ayant pour résultat de nous laisser comme des truffes sur le ponton avec le regard désespéré des enfants… « Mais comment on va rentrer maman ? Alors on ne va pas sur Cataja aujourd’hui ? » Euh, si si, on va trouver une solution… Le gars tenu pour responsable étant sous notre main, nous lui demandons d’au moins nous déposer au Marin, pour avoir une chance de trouver un bateau pour rentrer !! Manque de bol, il est déjà 8h30, tous les bateaux sont déjà partis, le seul possible part de Fort de France à quelques 30 km, sans voiture et avec tous nos bagages pour la modique somme de 400 euros… Aoutch !! Les autres navettes ne sont pas avant lundi !! Je me rappelle alors d’un bateau faisant la traversée en privé et m’empresse de l’appeler… La dame quelque peu surprise de notre demande si rapide, après négociation nous dit banco pour 300 euros, c’est plus du double mais bon tant pis, nous voulons rentrer chez nous… « Je serai là pour 10h30, le temps de récupérer mon bateau aux Trois Ilets »… ok… Nous nous posons le long d’une cabane à l’ombre, il ne nous reste « que » deux heures à attendre par 40 degrés…
La dame en question passe nous trouver sur son passage pour nous demander nos passeports de façon à faire les papiers de sortie, elle sera là vers 11h15 finalement… ok… « Super » (c’est 45 minutes de plus déjà que l’heure prévue, mais que pouvait-on dire d’autre à notre seule chance de partir !)… 11h30, toujours personne à l’horizon, nous sommes sous un soleil de plomb avec nos 150 kilos de bagages, les garçons commencent à être brûlés sous les yeux tant ils se les frottent de fatigue et en raison de la chaleur écrasante… Nous appelons… « Je suis en rade au milieu de la baie, je ne sais pas ce qu’il y a, j’ai appelé le cross med j’attends du secours, je vous tiens au courant ! nous dit la dame»… ok… «Pas de problème nous ne bougeons pas » Déjà là l’envie d’hurler se profile en moi, elle a nos passeport et on ne sait pas comment les récupérer si jamais… arrrrgghhhhhh…
12h, «c’est bon je suis repartie, j’arrive »… Super ! 12h30, re appel « je suis retombée en panne, je vais voir le mécano… » Là, vous vous dites quand même que ce n’est pas votre jour, les larmes me montent aux yeux de désespoir, d’impuissance et de colère ! Ne te laisse pas déborder Eurielle, ressaisis-toi !! Mon doudou me réconforte, son optimisme est mis à mal mais il tient le coup 🙂 Pourquoi ne peut-on pas juste retrouver notre bateau ?… « Imagine maman si on tombe en panne au milieu des îles, on aurait l’air chouette » me glisse Malo… Il n’a pas tort, peut-être faut-il laisser tomber pour aujourd’hui… 13h15, l’appel de la dernière chance, elle arrive pour de bon cette fois… Ah yessss, après être proche de l’état de brochette au barbecue, nous nous dirigeons doucement et lourdement vers le ponton à gazole, lieu de rendez-vous… 14h00, elle est là !!! Yesssss, yessss, oui, oui, oui, on a été entendu !!! 🙂 Depuis 6h ce matin, nous allons enfin rentrer chez nous !!!… « Je dois prendre de l’essence et on y va nous dit-elle », pas de problème… C’était sans compter sur le message sur la porte – réouverture à 15h – … Pas de panique, il y a de l’essence à l’autre ponton, on va en prendre là-bas… Ponton à essence fermé ce jour, même l’automate ne marche pas…. Arrrgghhhhhh on est maudit, cette fois c’est sûr !!!! On ne va jamais y arriver… La dame commence à se demander si vraiment elle veut faire le chemin, elle craint de ne pas avoir assez d’essence pour son retour, d’arriver trop tard… Antoine en bon négociateur réussi à lui faire dire que « Oui on le peut »… Allez on croise les doigts et tout ce qu’on peut pour que la navigation se passe bien… J’ai un peu la boule au ventre, Pacôme exténué s’endort à mes pieds et sera bercé pendant les 50 minutes de traversée !
La mer est superbe, le soleil brille, l’air nous revigore et Rodney bay pointe le bout de son nez, ouiiiiiiii on est arrivé, enfin !! La malédiction est levée !!!! Nous remercions la dame et prenons notre voiture, plus qu’une demi-heure et nous serons chez nous ! Allez on se fait même une arrivée de jour, on n’ose plus y croire, on est des fous nous !! 🙂 Là encore, il a fallu que l’on tombe dans les bouchons et que l’on se trompe de route pour la première fois, retardant encore l’arrivée !! 18h00, soit 12 heures de voyage et d’attente plus tard au lieu des deux heures qui étaient prévues, nous sommes devant Cataja ! Il est là, sain et sauf et nous aussi 🙂
En montant à bord nous sommes frappés par sa couleur, il est noir de partout, sali par la poussière des travaux alentours et sent le renfermé, nous devons encore tout aérer et ranger nos bagages, mais nous sommes à la maison ! L’heure du coucher arrive enfin après cette journée de folie, et comme si ça ne suffisait pas, il nous faut enlever tous les draps, ces derniers sont moisis et pleins de poussières… Tout est dans cet état… Nous usons de nos dernières forces et installons par la même occasion nos moustiquaires… Demain, ça sera gros lavage mais ça sera un autre jour, allongés de tout notre long et tout notre poids dans notre lit, Antoine et moi savourons cet instant de bonheur et de repos bien mérité ! Bonne nuit…
Samedi 13 septembre, le jour se lève, allez c’est parti, motivés à bloc on attaque le rangement et nettoyage de Cataja… hiiii mais qu’est-ce que c’est que ça ?… Il y a de l’eau dans les placards d’Elian et de Pacôme, les vêtements sont moisis et humides, les réserves d’école sont trempées, les vaigrages imbibés d’eau… Oh non, il n’y a pas pas 10000 solutions, soit ce sont les fortes pluies soit ce sont nos réservoirs d’eau qui fuient ! Antoine se lance dans le démontage des placards pour trouver où est le problème, et bien entendu ce sont nos réservoirs qui sont pictés de trous laissant passer l’eau.
Sur le ponton nous faisons appel à Embat pour la réparation. Nous en profitons pour réviser nos moteurs et retaper notre échelle. Le tout doit être fait sous 2 jours, ok, top ! Ça nous va… Mais n’oublions pas que nous sommes aux Caraïbes… Les deux jours commencent à durer, la température dans le bateau est étouffante, il fait 40 degrés dehors comme dedans, les moustiques sont de la partie et il n’y a pas un brin de vent. Nous avions d’ailleurs choisi cet endroit pour cette raison, sa réputation de trou à cyclone ! En bateau nous sommes habitués à avoir de l’air circulant à bord au mouillage, à quai c’est toujours plus délicat mais alors là c’est le summum de l’irrespirable. Nous n’avons plus d’eau à bord, nos réservoirs ayant été enlevés, la vaisselle se fait sur le quai, les douches au jet, on se faits dévorés par les mosquitos et craignons d’attraper le chickungunya qui sévit dans le coin, les garçons ne peuvent pas travailler leur CNED tant nous étouffons, le bateau est à nouveau sale de partout avec le passage des intervenants à bord, nous avons un jetlag dans la tête, ça fait beaucoup pour un retour !!! Nous voyons rouge, nous n’en pouvons plus de ce bazar et de cette ambiance, des heures de nettoyages pour rien, pour tout recommencer à zéro. Notre moral est au plus bas… Stop, y en a marre, nous faisons le choix de nous prendre deux nuits d’hôtel à côté ! Ce n’est pas raisonnable et nous ne bénéficions que de la chambre, l’établissement étant en rénovation, la piscine nous nargue et nous ne pouvons y mettre un orteil mais la chambre est spacieuse, climatisée et nous sommes protégé de toutes les bêbêtes !! Les garçons retrouvent leur sourire, ils ont une chambre juste pour eux avec un big lit, l’eau coule à flot et nous retrouvons enfin un peu de calme 🙂
Jeudi 18 septembre, après 2 jours de retard, nos travaux sont finis, nous désespérions mais ça y est on a tout bon !! Un dernier coup de polish à Cataja pour le faire briller, un dernier rinçage, derniers rangements, nous quittons la marina pour le mouillage juste à quelques mètres… Miracle, il y a de l’air et l’on peut se baigner !! Ouf, on revit !! Nous retrouvons les sensations de la vie à bord, nous reprenons nos marques, nous nous réhabituons au mouvement du bateau, nous avons l’impression de revivre notre première fois 🙂 Heu-reux !!
Nous aurons durant ces quelques jours, hormis notre furieuse envie de mettre les voiles vers de nouveaux horizons, découvert l’autre visage de Sainte Lucie. Nous avions gardé en souvenir l’antipathie de la population, l’agressivité des gens, la nonchalance ambiante, sentiments partagés par d’autres voyageurs. Et puis il y a eu les travaux à réaliser et la compétence incontestée de trois hommes, Dwane, Mbate et Romuel travaillant sur des bateaux à poste à la marina de Marigot Bay. C’est la raison pour laquelle nous avons fait faire nos réparations ici. Il est difficile de trouver des gens compétents et à des prix cohérents. Nous n’avons pas été déçus ici et nous tenions à le signaler. Le personnel de la marina a également été au petit soin et très professionnel.
Allez, fini l’épisode Sainte Lucie, nous sommes le 20 septembre, ce matin nous faisons cap vers Bequia aux Grenadines… Que l’aventure recommence !!
J-7 jours avant le grand départ en vacances en métropole… Nous sommes depuis plusieurs jours autour de l’île de Saint Vincent. Nous avions tout d’abord hésité à nous y arrêter car la mauvaise réputation de celle-ci ne nous donnait que moyennement envie d’y poser les pieds et l’interdiction aux bateaux de location de s’y arrêter ne nous rassurait pas davantage… Et puis plutôt que d’entendre parler de ses actes de piraterie nous avons commencé à en entendre du bien par un bateau copain y aillant séjourné. Nous nous sommes donc approchés d’un peu plus près de cette île et avons été littéralement envoûté par sa beauté et ses couleurs verdoyantes! Vue de la mer ce sont des terres sauvages et luxuriantes que nous avons découvert.
Nous avons fini par nous arrêter au sud de celle-ci à Young Island, et avons été ébloui du haut du fort de Duvernette par la couleur des eaux et la beauté des lieux.
Nous avons poursuivi notre route en direction de Wallilabou. Nous avons suivi les traces de Jack Sparrow et vu le fameux rocher des pendus de Pirates des Caraïbes, puis nous avons poussé plus loin et avons découvert une baie aux mille charmes et parsemée de ces arbres aux fleurs rouges, les flamboyants!
Les habitants sont chaleureux, aimables et heureux d’avoir du monde s’arrêtant sur leur île si riche et si belle. Mais le départ pour la France approchant nous avons décidé avec nos amis Grégal de prendre la mer aujourd’hui pour rejoindre Sainte Lucie et la marina de Marigot Bay où Cataja séjournera. Tout est paré pour partir en nave, je m’apprête à préparer un repas pour n’avoir qu’à réchauffer ce midi quand Malo m’appelle à la VHF pour m’informer qu’Antoine a été piqué et qu’ils ne savent pas quoi faire !… Je bondis sur ma VHF, et interroge, puis sors du cockpit pour parler de vive voix à mon homme qui se trouve à quelques mètres sur le bateau de Grégal… Ils se sont levés à l’aurore pour relever le filet de Jean Lo et ont eu de bonnes prises, dont quelques fameux poissons lions ou rascasses volantes !
Suite à une mauvaise manipulation d’Alex, un ami local qui les accompagnait, Antoine s’est retrouvé avec un de ces poissons sur la main et a été piqué par deux fois à l’index… Il rince à grande eau sa main, mais je sens que ni lui ni moi ne faisons les fiers… Elian qui se lève à ce moment-là, entend que quelque chose ne va pas, et me voit chercher frénétiquement des informations sur internet, me demandant ce qui se passe… Papa s’est fait piqué… Par quoi ? … Un poisson lion… et là je vois mon Elian serrer fort son doudou, devenir pâlichon et me demander si papa va mourir alors ?… Je crois défaillir et tente de garder mon calme… Mais non mon chéri… Mais comment tu peux le savoir ? ajoute-t-il … Je tente de rester souriante mais la vérité est que je n’en mène pas large… Il sait pourquoi nous sommes inquiets ! Depuis notre arrivée aux Antilles et la connaissance de ces superbes poissons sous l’eau, nous leur répétons de ne surtout pas toucher ni même s’approcher de ces créatures, leur venin étant un poison pouvant être mortel en cas de piqûre, tout simplement ! D’où notre inquiétude …
Mon doudou revient à bord, je n’ai aucune envie d’être séparée de lui… Il reprend son rituel de main plongée dans une casserole d’eau très chaude, plus de 50 degrés, pour éviter la propagation du venin. Info trouvée sur internet ! Entre temps je trouve enfin le numéro du CCMM (Centre de consultation médicale maritime) de Toulouse que nous appelons pour la première fois. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un service joignable 7j/7 24h/24 pour toute urgence ou besoin médical pour les bateaux battants pavillons français sur toutes les mers du globe au +33 5 34 39 33 33 par téléphone ou par VHF, iridium, inmarsat, fax et mail.
Le médecin après un rapide diagnostic et questions nécessaires nous conseillera la même chose que celle entreprise auparavant avec en plus le fait d’approcher une cigarette de la plaie pour la chaleur émanée (vite vite fume Carole !!). Il nous faut aussi veiller à ce que la main ne gonfle pas sinon quoi il faudrait le rappeler… Sous 24h tout devrait être réglé… Quelque peu rassurés nous surveillons la dite main, repos pour Antoine et antidouleurs… Il ne reste qu’à attendre, nous prendrons la mer demain finalement… Plus de peur que de mal passé le délai… Nous soufflons à nouveau… Nous savons à présent comment réagir et quels sont les effets de ces piqûres et il est clair que nous redoublerons de vigilance lors d’une prochaine prise de ces poissons… Le poisson coupable a été jugé, la sentence a été sans appel : au barbecue! Hmmm délicieux! Qui a dit que la vengeance était un plat qui se mange froid??? Chaud c’est tout aussi bon!
Mardi, ça y est nous quittons la superbe île de Saint Vincent et son mouillage de Wallilabou pour rejoindre Sainte Lucie… La navigation est mouvementée et en particulier à l’arrivée dans le canal. Les vents montent à 35 nœuds, la houle est formée, c’est sportif !! Heureusement que nous avons attendu qu’Antoine soit en meilleure forme ! Après 9 heures de traversée nous posons l’ancre à Marigot Bay. D’ici quelques jours nous commencerons la préparation de Cataja en cas d’éventuels cyclones pendant notre absence.
Nettoyage de fond en comble du bateau, rangements divers, « saussissaunage » de grand-voile, dépose du génois et des écoutes, mise en place des amarres, amarrage de l’annexe, et tour d’horizon du pont pour être sûr d’avoir enlevé ce qui risquerait de casser en cas de fort vent… Ce n’est pas de tout repos ! A cela, se mêle un mélange d’excitation de rentrer et de crainte de laisser notre bateau sans surveillance. Certes la marina et ses employés sont là pour gérer en cas de besoin mais ce n’est tout de même pas pareil que lorsque nous laissions simplement notre maison inhabitée…
Lundi 28 juillet 2014, nous laissons Cataja pour rejoindre Grégal et entamer notre traversée vers la Martinique. J’ai la gorge nouée et le ventre serré. Antoine n’est pas franchement mieux… C’est fou de se dire que nous sommes dans cet état pour un bateau ! Et pourtant, nous avons l’impression de laisser un membre de la famille… Ce n’est pas comme laissé sa maison, cela n’a rien à voir ! J’ai parfois crains en quittant notre maison lorsque nous partions en vacances, mais au pire je m’imaginais un cambriolage et me disais qu’il n’y avait pas de raison que ça arrive… Là, j’ai beau me dire qu’il n’y a pas de raison qu’un cyclone passe par là, nous en sommes à la deuxième dépression tropicale en 15 jours ! Si c’est ainsi toutes les semaines, nous n’avons pas fini de nous en faire !!
Allez hop, nous voici à présent en Martinique, tout s’est bien passé pour cette première nave en famille sur un monocoque. Même pas vomi et même somnolé tant nous étions bercé ! La gîte c’est nouveau pour nous, ainsi que la fluidité et le passage dans les vagues comparé à un catamaran… Pour autant, nous ne passerons pas du côté « obscur », nous resterons du côté clair, celui du catamaran ! hihi 🙂
J-1, nous récupérons les clés du logement loué à Rivière Pilote pour la nuit avant de prendre l’avion demain ! A peine entrés dans la location, les garçons sont comme des fous ! Ils courent, cherchent leur chambre, sautent sur les lits… Ils ont des étoiles dans les yeux !
« Waouh c’est grand (80 m2 environ…) et on a un lit chacun dans une vraie chambre… Oh regarde papa y a même des toilettes… Dis maman comment on tire la chasse ? Y a pas de pompe… » Euh mon chéri c’est une chasse d’eau normale, tu tires dessus… Quelques essentiels un peu oubliés manifestement ! 🙂 Nous sommes ravis et attendons avec impatience notre vol…
Mardi 29 juillet, embarquement immédiat en porte 6… Mes petits hommes trépignent d’impatience à l’idée de monter dans l’avion et de traverser l’atlantique en famille mais avec plus de facilité et de rapidité cette fois ! Et re-waouh… « Maman je peux choisir mes films et mes jeux !! Dis maman, le plateau repas il est juste pour moi ? Je ne dois pas partager ? »… Vous l’aurez compris, il y a eu comme un air de renouveau à peine le voyage commencé 🙂
8h40 en ce mercredi 30 juillet, nous voici posé sur le sol parisien, lors du débarquement de l’avion nous traversons la première classe et entendons Malo expliquer très sérieusement à Elian, que « nous sommes dans la zone pour les handicapés » (en réaction aux fauteuils xxl) ! Elle est pas mal celle-là ! A présent passage au contrôle de la PAF (Police aux frontières), rien que le nom m’éclate, mais gardons notre sérieux 🙂 … Récupération des bagages et de la voiture… Enfin, après une petite frayeur lorsque l’on nous annonce qu’il n’y a pas de voiture réservée à notre nom… Après vérification, le monsieur m’annonce que j’avais réservé pour hier… oups… ok, prenons en une autre… hiiiii un peu plus et nous nous étouffons, 3000 euros pour le mois et demi, c’est juste le double du budget initial… mon erreur risque de nous coûter cher ! Nous décidons de faire le tour de tous les loueurs et finissons par trouver notre bonheur au même prix ou presque de ce qui était prévu ! Ouf sauvée, mon doudou ne va pas me zigouiller !
Ça y est, nous sommes installés et attachés dans notre nouvelle voiture, quelques 5000 km seront parcourus pendant ce mois et demi en métropole. Antoine retrouve le plaisir d’être au volant d’une voiture neuve et ressemble à un enfant avec son nouveau jouet, nous quittons l’aéroport en route vers la Rochelle pour y retrouver nos anciens bateaux copains Scarlett pour une journée et une nuit !
C’est très étrange à présent, nous sommes sur la route, je regarde le paysage défiler et je réalise que ça y est, après des mois d’attente nous sommes enfin en France, « chez nous »… Contrairement à Antoine rentré plusieurs fois en métropole, je n’y suis pas revenue depuis le 5 juillet 2013, soit un an et quelques semaines. J’ai à présent la sensation d’être à la fois chez moi dans mon pays et à la fois d’être dans un autre monde! Ou peut-être est-ce moi qui arrive d’une autre planète. Tout va si vite ici. Je me prends de plein fouet toutes ces voitures, tout ce stress engendré, toute cette civilisation… Les gens croisés à l’aéroport, en voiture ou dans la rue ont l’air de savoir où ils vont mais ne semblent pas avoir le temps de se poser, de réfléchir, de regarder… J’ai l’impression de voir des automates… Certes aux Antilles la façon d’aborder la vie « sans se presser » est horripilante un bon nombre de fois, mais c’est à se demander qui a raison au final ? J’ai l’impression de ne plus appartenir vraiment à cette vie de terrien, mais je n’appartiens pas complètement non plus à celle en mer vécue en ce moment. La vie à terre a continué et elle continuera de la même façon que nous revenions ou non. J’ai l’impression que nous oublierions bien vite cette parenthèse en revenant… Je ne veux pas oublier… Ça fait peur de se sentir en marge de la société… J’ai l’impression d’être happé par une vie qui n’est plus la mienne et qui pourtant je le sais reprendrais vite le dessus sur celle choisie actuellement. J’aime finalement être SDF à notre façon, j’aime me dire qu’à quelque part nous refusons un peu de ce formatage nécessaire (ou non) à la vie en société… Je sens la fatigue arriver, nous conduisons Antoine et moi chacun notre tour par demi-heure (!!) pour ne pas nous laisser gagner par le décalage horaire… Ça permet finalement de ne pas trop réfléchir et de vivre le moment présent, ce n’est peut-être pas si mal !
Nous avons tant bien que mal retrouvé pour un temps trop court mais que plus apprécié nos amis rentrés de voyage il y a 15 jours à peine. Leur avenir n’est pas défini encore, ils s’interrogent toujours sur la suite à donner… Une seule certitude, ils ont eu aussi ressenti ce stress de la vie terrestre et vont devoir s’adapter à nouveau à leur nouvelle vie! Bonne continuation les amis!!
Est venu à présent le temps des retrouvailles en famille… Celle d’Antoine tout d’abord… Entre 10 et 20 personnes au quotidien sur plusieurs jours, des cris d’enfants, de joies, des rires, des discutions animées et autant de bons moments passés ensemble. Nous ne nous sommes pas vu depuis 1 ou 2 ans et hop tout redevient normal. Peu de questions sur le voyage sont posées finalement, c’est à se demander si nous sommes partis et cela est quelque peu perturbant. Nous avions évoqué avec Antoine et d’autres amies de bateaux copains, l’éventualité de ne pas avoir envie de reprendre la vie en mer après avoir re-goûté à celle à terre et retrouvé notre entourage, pour le moment je suis rassurée, mon bateau me manque, déjà, ainsi que le cocon qu’il représente pour notre tribu…
Après nos 15 jours passés à Bordeaux, c’est à mon tour de retrouver ma famille!! Et de retrouver ma petite maman!! La voilà qui a bien changé de discours concernant notre voyage 1 an après notre départ 🙂 Notre arrivée en France et la prise en main de notre véhicule de location l’aura amené à nous dire avec inquiétude, que finalement elle préfère nous savoir en mer avec l’océan pour nous que sur les routes avec tous ces fous du volant!! « Faites attention sur les routes les enfants » (je t’aime moumoune!! 🙂 hihi) Et c’est bien la première fois que nous arrivons à passer autant de temps en Alsace! Pas un jour sans avoir quelque chose ou quelqu’un à voir… Le temps file à toute vitesse… J’ai pu retrouver mes amis « d’adolescence » et Antoine faire leur connaissance… Des retrouvailles émouvantes et des heures de papotage à nous raconter nos vies… Venez vite nous rejoindre à bord les amis!! Nous réalisons par la même occasion que toutes ces discussions sont un excellent moyen pour nous de prendre du recul et de voir les choses de l’extérieur… A bord il est difficile d’être objectif et nous nous laissons vivre… Nous n’avions par exemple pas réalisé le temps passé aux Antilles et du même coup l’éloignement d’un des sens même de notre aventure : la découverte de nouveaux lieux et de nouvelles personnes. Rythme caribéen, rencontre de bateaux copains, météo, autant de raisons de rester dans les mêmes endroits… Certes il y a pire que d’être aux Antilles et cela pourrait sembler ne représenter que du temps. Mais comme tout le monde le sait, le temps c’est de l’argent… Et c’est ainsi qu’à notre sens nous en avons un peu trop passé dans le coin…
Les « vacances » en famille touchent à leur fin et le moment est venu de rentrer chez nous… Impatients et excités de retrouver notre bateau, c’est tout de même le cœur serré que nous faisons nos aurevoirs. Il est difficile de ne pas avoir de date pour nos prochaines retrouvailles…
Alors vite partons pour avancer et découvrir de nouvelles contrées… Il nous tarde d’entamer avec vous la saison 2 de l’odyssée de Cataja…