Et l’aventure dans tout ca?

Chers lecteurs!!

Tout d’abord mille excuses pour ce long manque de nouvelles! Ce n’est pas faute d’avoir tenté d’écrire plusieurs fois mais pour vous raconter quoi et comment, réellement je ne le savais pas… 🙂 Après tout, il avait été entendu entre nous qu’à travers notre voyage nous avions pour mission de vous apporter un peu de rêve, alors vous raconter ce qui était  juste notre quotidien et nos réflexions ne me semblait pas intéressant. Mais bon en même temps il avait aussi été dit au début de la tenue de notre blog que j’essaierai d’être la plus juste possible tant dans nos émotions que dans nos ressentis alors…

Nous vous avions laissé à notre retour en France puis à l’annonce de vente de Cataja… Depuis, les semaines et les mois ont passés et même si nous espérions y voir plus clair ce n’est pas forcément le cas encore… Alors quoi me direz-vous?

Bon tout d’abord, nous sommes établis cette saison sur la Martinique à l’Anse Mitan juste à côté des Trois Ilets.

Nous n’avons pas vraiment choisi par conviction d’être là puisque notre coeur est à St Barth mais Irma est passée par là souvenez vous… Ce cyclone hors norme qui a laissé derrière lui tant de douleur et de dégâts sur certaines îles et dans les coeurs de ceux l’ayant vécu de prêt ou de loin, d’une façon ou d’une autre… À son passage, nous étions en France entrain de regarder à chaque instant la météo, son évolution et à prier pour que cela ne passe pas sur Cataja resté à Sainte Lucie… Nous avons été entendu, Irma est passée plus haut, mais a bel et bien touché notre rocher magique et les amis y étant… La tristesse était donc dans nos coeurs et nous ne savions à ce moment là pas encore que tout allait être chamboulé pour nous… Antoine pensait que les choses allaient s’arranger sous un mois, après tout ce n’est pas le premier ouragan majeur que les îles du Nord connaissent. Ils seront remis d’ici le temps qu’on arrive… Puis José et Maria sont passés et là je pense que cela en était fini du rêve… Toutes les jolies îles que nous avions visité auparavant ont été durement impacté et aujourd’hui encore gardent les stigmates de dame nature… Dans nos esprits tout était flou, nous nous sommes sentis si mal de savoir nos amis là-bas et nous ici à l’abri… Ça n’aurait biensûr rien changé et pour rien au monde nous n’aurions aimé vivre cet ouragan mais le sentiment de culpabilité et d’abandon de notre île qui nous a tant donné était là …

A notre retour sur Sainte Lucie, nous avons retrouvé Cataja en pleine forme, nullement marqué par les divers scénarios de houle. Après maintes préparations cycloniques du bateau, nous sommes devenus des pros et en deux jours nous étions prêts, sur l’eau et en direction de la Martinique! 🙂

Le plan de départ c’était de rester un moment dans le coin, d’inscrire les enfants dans les établissements du village pour reprendre les cours au plus vite pendant que ceux de St Barth étaient de toute façon encore fermés et voir ce que la vente de Cataja pouvait donner ici… Nous avons dit aux garçons que nous voulions nous laisser à tous quelques semaines pour voir comment les choses évoluaient là-haut et comment en attendant nous allions nous habituer ici au cas où… De toute façon avec le travail à distance d’Antoine nous ne pouvons pas être dans un endroit sans un bon réseau téléphonique et internet… Mais l’installation a été ennuyeuse, érintante et psychologiquement difficile. D’abord le premier mouillage où nous étions à l’Anse à l’âne était un enfer. Jamais de grosse houle mais une mini nous prenant sur le côté toutes les journées et toutes les nuits, si bien que nerveusement très vite nous étions à cran et avec le sentiment de ne pas être bien chez nous! L’inscription des enfants ensuite fut un sketch! Malgré les 2 semaines connues par les établissements de l’arrivée des garçons, aucun des papiers d’inscription n’avait été fait et bien-sûr c était à nous de savoir comment faire… Au lieu d’établir ces formulaires directement dans l’établissement nous avons dû nous rendre au rectorat de l’autre côté de l’île pour nous entendre dire que les enfants étaient déjà inscrits et qu’ils ne savaient pas pourquoi nous venions ici… Pour Pacôme c’est face à une porte de prison que nous nous sommes retrouvés en la personne chargée de la gestion scolaire… Il y avait beau avoir une soi-disant cellule de crise pour accueillir les enfants de St Barth en Martinique, il nous a quand même fallu nous arranger pour avoir un justificatif de domicile à la marina des Trois Îlets! Sans ce sésame pas d’école possible… 😦 Il faut normalement justifier de 2 mois dans le coin pour avoir le justificatif!! Facile et logique  non?! C’est le sourire d’Antoine et non mes crocs qui a finalement permis d’avoir le précieux papier! Yessss!! Ils sont donc tous bien scolarisés!! …

Mais pour la cantine nous avons dû parcourir à nouveau des km et patienter derrière une vingtaine de parents en colère qui attendaient leur retour d’argent car leurs enfants s’étaient vu recevoir la moitié des portions du midi sur plusieurs jours et certains n’avaient même pas mangés suite à des grèves du service de cantine justement… Non mais au secours, on est où là??!!! On veut paaaaaartir!!! Nous avons été pendant des jours d’administrations en administrations, rien n’a été facile, qui plus est avec le flegme antillais qui est on ne peut plus présent ici! Nous avons dû trouver une voiture pour pouvoir nous rendre aux écoles, là aussi ce fut un parcours du combattant… 😦

Depuis et à la suite de toutes ces expériences fabuleuses, nous avons changé de mouillage pour nous mettre dans la baie juste à côté avec nos amis Gregal qui eux aussi sont installés ici et le moral est meilleur! 🙂

Les semaines ont passées et avec elle les chances de remonter à St Barth… Il faut nous rendre à l’évidence, au moment où je vous écris, le réseau n’est toujours pas extraordinaire et pourrait empêcher Antoine de travailler… Les boutiques ne sont que partiellement réouvertes, ce qui laisse présager quelques difficultés à retrouver un emploi, les enfants sont maintenant en place dans leurs établissements et nous n’avons aucune envie de tout refaire pour les quelques mois de saison qu’il reste… Nous avons avec le temps pris nos marques… Nous pratiquons tous une activité sportive et apprécions de découvrir l’île lors de nos randonnées du week-end… Malo reste toutefois réellement le seul à préférer être ici qu’à saint Barth… et Elian qui était épanoui sur notre caillou a ici bien du mal à se faire une place…

Vous me direz, bon ok vous restez en Martinique et cela semble vous convenir d’une certaine façon mais alors c’est quoi ce post de vente de Cataja que vous aviez publié ?!

Pour avoir la réponse à cela il faut remonter encore un peu dans le temps… Après notre séjour à Puerto Rico, nous avons eu quelques longues navigations et pas dans le sens le plus sympa et le plus facile de l’arc antillais! Elles n’ont pas forcément été désagréables, certaines étaient même très belles mais d’autres ont été fatiguantes… Et c’est là, comme ça, en naviguant vers la Guadeloupe, alors qu’un bon gros grain venait de passer que j’ai été prise en otage… Otage d’une peur irrationnelle mais omniprésente dans mon ventre, ma tête, mon corps… Je n’ai pas compris d’où elle venait et pourquoi elle se présentait à moi maintenant, après 4 ans et demi sur l’eau et sous cette forme… Ce n’est pas possible que cela m’arrive… Nous arrive… Etait-elle là enfoui quelque part auparavant, n’ai-je pas entendu ses avertissements?! Je ne sais pas mais ce que je sais c’est que c’est d’un coup que gérer les grains, la force du vent, la houle et les multiples allers et venues dans le même coin des Antilles m’a pesé sur le moral… Je scrutte maintenant l’horizon avec angoisse et très vite des tensions se font ressentir… Si ça m’est tombé dessus sans prévenir, Antoine est lui aussi chamboulé… L’incompréhension le submerge, la colère, la tristesse aussi… Le soleil est là mais nos esprits sont ailleurs… Les jours passent et le même ressenti reste présent en moi… Que va-t-il advenir de notre rêve? De notre vie? Peut-être est-ce juste une lassitude de sillonner les mêmes lieux, de ne plus découvrir de nouveaux paradis… L’aventure a changé de forme après tout et il nous manque cet état d’excitation que nous aimons tant… Peut-être est-ce ma quarantaine qui approche 😉 … Peut être est-ce inconsciemment une préparation psychologique sachant que Malo rentre en seconde l’an prochain et commence à réclamer une vie « normale » avec des copains à terre, une petite amie et plus d’autonomie… Peut-être est-ce parce que je sais que l’on sait au fond de nous que tôt ou tard nous allons devoir devenir les « bons parents responsables et soucieux de la scolarité de leurs enfants » plutôt que ceux ayant une telle soif de découverte du monde qu’ils aimeraient pouvoir passer outre ces obligations et ne vivre que de voyages avec toute la tribu… Si seulement leur avenir ne reposait pas sur nos mains, et si seulement il était prouvé que nous aurons d’autres vies pour vivre tous nos rêves!… ça mettrait moins de pression! 🙂 Nous aimons tous la vie sur l’eau c’est une certitude… Nous aimons être bercé par ces flots, nous aimons les levers et couchers de soleil qui nous sont offerts, nous aimons la proximité avec la nature, nous aimons le respect que nos enfants ont appris à avoir pour notre planète, la prise de conscience de la beauté de ce qui nous entoure… Nous aimons le vol des oiseaux au-dessus de nos têtes, la liberté que cette vie nous apporte, l’air dans nos cheveux, les odeurs marines, ce sentiment de vivre en dehors du temps… Nous aimons être loin de l’agitation terrienne, voir nos enfants rire et jouer au pied de Cataja qui veille sur nous, nous aimons toucher notre bateau, lui parler, le remercier, vivre en harmonie avec lui… Nous ne comptons plus les rencontres magiques avec les tortues, dauphins et poissons…

Nous aimons ce décalage, nous aimons le changement de priorités que cette aventure nous apporte chaque jour, nous aimons le temps privilégié que nous passons en famille… La liste pourrait être sans fin tant malgré ces nouveaux paramètres, la vie sur Cataja est belle… 🙂

Nous avons tourné les choses dans tous les sens, nous avons tenté de trouver mille solutions mais à moins de gagner au loto ou de trouver un généreux, très généreux donateur, nous ne voyons pas comment continuer l’aventure telle que nous l’aimons et comme nous l’avons connu en début de voyage, c’est à dire sans travailler!… Nous avons pensé nous installer en Amérique du Sud pour quelques temps histoire de continuer à vivre sur Cataja tout en naviguant moins pour moi et en continuant à parcourir le monde mais la scolarité des enfants en école internationale y est hors de prix pour nous… Antoine aimerait passer côté Pacifique mais je ne suis pas prête pour le moment à de telles distances… Nous avons évoqué le CNED pour continuer le périple vers de nouveaux horizons quitte à ce que je rejoigne Antoine en avion sur certaines naves mais si il y a une chose dont on est sûr, c’est que nous ne voulons plus avoir ces relations de parents très peu pédagogues avec nos enfants! 😉 D’autant qu’il n’y aurait qu’Antoine qui travaillerait et que je m’occuperai des trois niveaux scolaires! Bonjour la dépression!!! 🙂

Voilà… Voilà comment la vente de Cataja et un retour en métropole lorsqu’il aura trouvé preneur se profile… Si cette décision n’est pas sans difficulté à accepter pour chacun d’entre nous et suscite de nombreuses craintes, nous nous disons que cela permettra de se recentrer et de préparer un nouveau projet! Nous ne savons pas encore nous même où nous allons pouvoir nous établir le jour où Cataja sera vendu… Nous ne souhaitons pas retourner vers notre ancien chez nous, ça c’est certain, nous aurions trop l’impression de ne pas avoir vécu notre aventure… Nous réfléchissons à un endroit proche de la nature et loin de l’agitation, un endroit où nos enfants pourraient continuer à vivre sereinement. De toute évidence, Antoine pourra continuer à exercer son activité sur le même fuseau horaire que ses clients, cela devrait être bénéfique pour nous et pour une future nouvelle caisse de voyage! Les enfants vont pouvoir se stabiliser un peu, redécouvrir la vie de jeunes terriens, retrouver leurs cousins et grands parents…

Après presque  5 ans en mer, peut-être que la découverte de la montagne quelque part nous gagnera 🙂 Reste à voir combien de temps prendra la vente de notre destrier… mais … nous ne sommes pas pressés non plus!

2017-12-09-14-05-41

2 réflexions sur “Et l’aventure dans tout ca?

  1. Après 2 ans 1/2 sur Vent d’Ailleurs, tes ressentis et ta façon de les exprimer me parlent toujours autant et m’aident encore et toujours à tenter d’y voir plus clair dans les miens…. merci Eurielle d’être toujours si sincère, je suis certaine que vous allez réussir à vous construire un nouveau rêve en famille. Je me réjouis de pouvoir enfin vous rencontrer pour de vrai les Cataja, et évoquer toutes ces questions ensemble du côté de Sainte Anne la semaine prochaine !! En attendant, bonnes vacances !

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  2. Bonjour cher tribu…
    Nous nous présentons laurence(la maman) leo(13 ans) et cedric(le papa) nous habitons dans le sud de la france (aude) .
    Nous suivons vos aventures régulièrement…. et nous vous remercions de nous faire partager une part de votre vie…
    Pour notre tribu ,la vie est un peu différente et si nous vous contactons c’est pour retrouver notre vie d’avant (il y a dix ans déja)
    Nous avons vécu en GUADELOUPE et à la REUNION pendant une dizaine d’années notre fils est même né à la REUNION… Nous avons de nombreux voyage dans les zones tropicales jusqu’en polynesie. Nous avons attrapé le virus des iles et des dom tom vous imaginez tres bien de quoi je veux parler…
    Aujourd’hui nous nous sentons plus à notre place en Métropole et nous voudrions rentrée chez nous (soit aux antilles ,soit à la REUNION).Mais depuis dix ans les choses ont surement changé…
    Donc si vous avez un peu de temps à nous consacré ,vous serez-t-il possible de nous donner quelques conseils…
    cordialement
    laurence,leo et cedric
    gsm 0778310079
    email cedriclapoutge@hotmail.com

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