A la demande, bilan technique et financier de la saison 1…

Après avoir dressé les bilans de l’année 1 d’Antoine et moi, nous avons reçu de nombreux messages de lecteurs nous demandant la possibilité de faire un bilan technique et financier en plus… Nous avons donc planché sur vos demandes… 🙂
Tout d’abord, comme nous l’avions déjà dit, nous avons acheté notre bateau un peu comme nous aurions acheté une paire de chaussures neuves… Parce que nous le trouvions « joli », qu’il avait de la place et qu’il semblait répondre à nos demandes… Nous avons donc eu, on peut le dire, beaucoup de chance aux vues de la « légèreté » dont nous avons fait preuve à l’achat! Nous étions pourtant conscients qu’il fallait être regardant car il ne s’agissait pas d’acheter un bateau pour quelques semaines par an, mais bien d’un bateau capable de traverser les océans… (Merci Christophe!!) Mais que fallait-il avoir ou savoir exactement, nous n’en savions rien! Après un an de voyage et dans l’hypothèse où un jour nous changerions de bateau, nous savons à présent exactement ce que nous voudrions et ce qu’il nous faudrait… Reprenons point par point…

Concernant le bilan financier, il nous est difficile d’en faire un précis. Déjà parce qu’à la base nous sommes mauvais gestionnaires et que cela ne s’est pas arrangé en mer 🙂 Mais surtout car il y a une multitude de choses qui entre en ligne de compte pour le calcul…
Replantons tout d’abord le décor… Pour partir et nous permettre ce voyage nous avons décidé de tout vendre : maison, voitures, meubles et objets perso. Nous n’avons gardé que quelques cartons de photos et de jeux d’enfants chez nos parents. Toute notre vie est à présent à bord. A partir de là cela signifie que nous n’avons plus de pied à terre, plus de loyer de maison à payer, plus de taxe d’habitation, plus de taxe foncière, plus d’assurance habitation ou automobile, plus de facture d’électricité ou de chauffage, plus de nounou ni de jardinier, plus de téléphonie fixe ni même de cotisation au club de sport… Waouh déjà ça fait un certain nombre de boulets en moins!
Partant de là, tentons à présent d’établir une liste de toutes ces petites choses en rapport ou non avec le bateau auxquelles il faut penser et qui peuvent rendre le total parfois salé…
L’une des premières commence par le choix du bateau dont la taille et le niveau d’entretien engendreront des coûts de maintenance, de réparations, d’assurance et de place de port différents tout au long du voyage…
Une des secondes choses est le rythme de vie de chacun, qui comme à terre, fluctue d’une famille à l’autre… Là où nous préférons les mouillages aux marinas, une location de voiture sur certaines îles aux transports en communs, et où nous limitons le nombre de restaurants, d’autres en font toutes les semaines…
Ensuite viennent également les aptitudes de Monsieur ou de Madame d’ailleurs à réparer soi-même ce qui casse…
Pour commencer disons qu’actuellement pour un catamaran d’une dizaine d’années il faut compter sur un budget démarrant à 140000 euros pour un bateau de 38/40 pieds et entre 200 et 300000 euros pour un bateau de 44/48 pieds… Je ne parle pas de l’équipement nécessaire souvent en plus…
L’équipement justement… Avant le départ nous avons entendu très souvent « Alors, votre bateau est-il prêt au départ? »… Qu’est-ce que ça veut dire ça? Prêt à quoi? Comment? Nous n’en savions rien… Et si nous avions attendu qu’il le soit nous ne serions jamais partis! Avant tout un bateau ce sont des voiles, un gréement et des moteurs qui fonctionnent. Sur ces trois postes interdits de lésiner, d’où une révision complète avant le départ. Le reste c’est du confort.
Donc avec du recul, voici un petit tour d’horizon de nos indispensables et impressions…

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Être autonome en énergie et en eau!!! Pour la première nous avons changé notre parc batterie à l’achat pour le remplacer par 7 batteries marines de 105A. Nous produisons notre électricité grâce à 4 panneaux solaires 90A/h et nous pouvons tenir ainsi plusieurs jours sans allumer les moteurs au mouillage. En support, en cas de mauvais temps ou pour lancer une machine à laver nous disposons d’un groupe électrogène 3,8Kw. Celui-ci est un sérieux plus dont nous ne nous passerions pas. Nous n’avons qu’un petit convertisseur 12v/220v 600w, nos machines à laver par exemple passent donc par l’allumage du groupe, ainsi que nos soirées raclette au Siné Saloum ou en transat! Magique 🙂
La machine à laver, indispensable avec 3 enfants! Encore une fois, nous sommes autonomes de ce côté-là et ne dépensons pas des fortunes en laverie… Si l’on a la place, je pense que ce n’est pas un luxe! Côté coût, la nôtre est un modèle trouvé en supermarché à 250 euros, loin des milliers d’euros pour une machine spécial bateau…
Le dessalinisateur, une révolution!! Nous n’avons commencé à nous en servir qu’une fois du côté Caraïbes, car partout avant il y avait assez d’endroit de remplissage possible (comptez de 0 à 20 euros en moyenne pour 700 litres d’eau dont nous disposons). A présent, nous produisons notre eau au rythme de 50 l/heure tous les deux ou trois jours. Nous faisons attention à chaque litre utilisé mais nous n’avons plus le stress d’en manquer! Pour des raisons de santé nous ne buvons toutefois pas cette eau déminéralisée et préférons toujours acheter des bidons. Et pour des raisons économiques, en faisant votre eau vous-même, vous n’allez pas au port et restez loin des innombrables tentations de la vie terrestre!! 🙂
Côté motorisation, notre Bahia est équipé de 2x 36 cv Yanmar. Nous pouvons compter sur eux et c’est au quart de tour qu’ils démarrent! Notre réservoir contient 400 litres de gasoil, une certaine autonomie donc, en un an nous n’avons fait que 5 pleins, en sachant que nos deux premiers mois de voyage ont manqué de vent!
Côté voile, nous avons une grand-voile, un génois, un spinnaker ainsi qu’un gennaker (neuf qui nous attend à notre retour en septembre en remplacement de l’ancien s’étant  littéralement déchiré par deux fois malgré réparation). Toutes nous semblent très utiles, même si nous nous servons peu du spi (pour raison de complexité de mise en place et stress dans les surventes) et nous apportent la sécurité de nous déplacer rapidement notamment en cas de mauvaise météo.
La rapidité, est une notion que nous n’avions même pas envisagé à l’achat du bateau. Nous savions qu’il avait de bonne performance mais n’étions pas conscient de l’utilité de pouvoir aller « vite ». A présent, nous recherchons cette vitesse d’une par plaisir mais surtout car à un nœud près, vous pouvez gagner des heures précieuses voire des journées sur une traversée… Et comme toutes les navigations ne sont pas agréables, il est appréciable de pouvoir rejoindre son mouillage au plus vite pour pouvoir s’y reposer!

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C’est ainsi que Cataja peut facilement faire des moyennes entre 7 et 9 nœuds, avec de bonnes surprises à 12 nœuds en vent arrière sous spi. Entre 3 et 4 nœuds nous rajoutons souvent le moteur. Contrairement à la réputation des catamarans, notre Bahia 46 remonte plutôt bien au pré, au grand étonnement de nos amis monocoquistes 🙂
Côté appareil de navigation, nous continuons à naviguer à l’aide de nos iPad, au nombre de deux, au cas où l’un d’eux tomberait en panne. Ils ont été acheté neuf et d’occasion pour un montant total de 800 euros avant le départ. Nous utilisons les cartes Navionics disponibles en application pour Android au prix de 49 euros la carte. Celles-ci sont précises et claires. Pour couvrir le monde nous en avons eu pour 250 euros en tout. Autant dire rien du tout comparé aux cartes de notre système de navigation Ray marine dont nous ne nous servons quasi jamais. Là c’est plus de 200 euros la carte!
Côté déplacement, une bonne annexe suffisamment motorisée est conseillée! N’oublions pas que c’est notre seul mode de déplacement! Le paddle c’est un peu chaud à 5 quand même ! 🙂 Et nous sommes bien contents de notre Caribe et de son moteur Yamaha Enduro 15 cv, enviés par les autres bateaux! Grâce à ce dernier nous pouvons transporter tous nos avitaillements et nous déplacer rapidement tous les cinq quand d’autres peinent à déjauger et se traînent une fois chargés. En cas de grain, la rapidité est très, très appréciée pour vite aller se mette à l’abri! 🙂
Point très important à bord, le rangement!! Bon nombre de bateaux de nouvelle génération, aussi magnifiques soient-ils ne disposent que de peu de place pour ranger ses affaires! En voyage, avec enfants et en ramenant un petit souvenir de temps à autre il est nécessaire d’avoir de l’espace et des placards dignes de ce nom! Cataja est pourvu d’un nombre de rangements incroyables, sous l’intégralité des lits de chaque cabine, sous les assises et dossiers du carré intérieur, sous toute la surface du plancher du cockpit extérieur et dans les coursives. A cela s’ajoute les deux pointes avant, l’une servant au rangement des jeux aquatiques, planches et autres choses encombrantes et l’autre servant de salle de jeux et de cabane aux enfants. Il faut bien s’imaginer que toutes nos affaires sont à bord suite à la vente de notre maison, y compris nos affaires de ski (très utiles par 40 degrés à l’ombre 🙂 ) et nous avons encore de la place. A ce sujet, nous rêvions tous deux sur des bateaux de type Lagoon 450 ou Salina 48 que nous trouvions et trouvons toujours superbes dans l’aménagement intérieur, tel des lofts lumineux et spacieux. Mais aujourd’hui notre choix ne se porterait plus sur ces bateaux pour des raisons de manque de rangement évident, pour la solidité des éléments moindres que sur l’ancienne génération et pour la quasi impossibilité de ranger sa grand-voile tant la baume est haute et aux prises du vent (Lagoon 450)…
Côté sérénité d’esprit, une bonne ancre est indispensable et vitale même! La nôtre est une Cobra de 35 kg avec 70 mètres de chaîne de 12. C’est ce qui nous permet d’avoir au final peu d’histoire de dérapage à vous raconter! 🙂
Côté confort à bord, nous disposons de plusieurs mois d’autonomie en termes de gaz grâce à nos deux bouteilles de 13 kg, comme à la maison! Leur consommation dépend du nombre de pains faits au four… Attention les embouts de gaz ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, toutefois il est fréquent de pouvoir trouver des endroits où il est possible de recharger ses bouteilles.
Nous regrettons d’avoir depuis le départ une partie de notre frigo en panne, c’est donc notre congélateur qui fait office de frigo mais qui du coup ne nous permet plus de congeler. Et en fonction des pays, de l’avitaillement possible ou des coûts de la nourriture, du surgelés seraient appréciables et moins onéreux! Je ne vous parle pas du fantasme qu’un cornet « extrême » chocolat/pistache représente!!

Place aux dépenses annexes… En vrac…
Pour le carénage du bateau avec sortie il en coûte en moyenne 2400 euros dans les Antilles. Pour nous en 2013 ça aura été 5000 euros pour retrouver les primaires, sablages et antifouling… On s’est fait avoir c’est sûr!! C’était à Port Napoléon dans le sud de la France. En Bretagne les devis pour la même chose était aux alentours de 2000 euros… Nous n’avions pas eu le choix pour raison météo et timing, no comment!!
Sachez qu’une place de port nous coûte de 35 à 70 euros la nuit en moyenne, l’équivalent en général d’1,5 x plus qu’une place de monocoque… L’eau, l’électricité et le wifi sont souvent en plus… Par contre pour les mouillages sur bouée, les tarifs sont équivalents aux monocoques 🙂
Pour descendre à terre en étant « serein » il est préférable d’investir dans un cadenas suffisamment grand (câble de 6 mètres pour nous) pour y intégrer la nourrice à essence lors de l’attachement au ponton! Les tentatives de vols sont une réalité en fonction des endroits et encore plus à Saint Martin… Dans certains pays comme le Cap vert prévoyez aussi de quoi payer pour « surveillance d’annexe », quel joli terme pour masquer un business lucratif pour ces hommes… Car chaque descente à terre devient coûteuse… Mais c’est ça ou le risque de se voir dépouiller d’équipement de son annexe… Testé et désapprouvé par un bateau copain !
A chaque arrivée dans un pays une fois sorti de l’Union Européenne, nous devons nous voilier, nous acquitter d’éventuels frais lors de la déclaration d’entrée ou de sortie du territoire. Heureusement ces frais sont souvent minimes (1 à 5 euros en zone française pour l’utilisation de feuilles ou de matériel électronique et entre 15 et 100 euros ailleurs) mais certains endroits comme Antigua ne se privent pas de faire payer des frais pour simple mouillage à chaque passager dont les enfants, et là, vous imaginez bien que ça calme un peu…
Quelques pays comme le Sénégal nécessitent un visa. Pour nous 5, il nous en a coûté 270 euros à régler au bureau situé à l’aéroport.
Important aussi en fonction des pays visités, les vaccins… Pour notre part nous les avions faits avant le départ en France, et lorsqu’il s’agit de vaccins demandés et non obligatoires, ces derniers ne sont pas remboursés… Nous en avons donc eu pour 500 euros pour 5. A savoir toutefois, que c’est à côté de Gibraltar, en partie espagnole que nous avons réalisé nos vaccins de la fièvre jaune, ayant décidé en dernière minute de nous rendre au Sénégal, et c’est là que nous aurions tout fait si nous avions connu le fonctionnement! Il a suffi de nous rendre dans un centre de vaccination dans la zone du port commercial, de demander nos vaccins et de nous acquitter de 18 euros par personne! Nous n’avions qu’un seul vaccin à faire mais cela aurait été le même prix pour plus! En effet vous ne payez pas pour le nombre de vaccins mais pour une taxe à l’état… CQFD! Et qui dit voyage en pays d’Afrique ou d’Amérique du sud dit aussi traitement contre le paludisme conseillé… Obligatoire même pour nous, avec trois enfants nous ne souhaitions pas prendre le risque, comptez donc en moyenne 40/45 euros la boîte de Malarone enfant (2 jours et demi de traitement) et 10 euros la Doxycycline adulte (4 jours environ de traitement en fonction du poids). Une petite fortune quand on sait que nous sommes resté un mois au Sénégal…
Pour partir « tranquille » côté santé, il existe deux possibilités car la sécu passée 90 jours hors de France ne vous couvre plus et d’ailleurs sorti de l’Europe tout se complique de toute façon. Soit vous pouvez adhérer à la CFE (caisse des français à l’étranger) à laquelle vous payer une mensualité pour maintenir vos droits à la sécu (cela aurait été 1700 euros l’année pour 5 auxquels nous aurions dû rajouter une mutuelle pour se faire rembourser le total et non pas que le pourcentage de la sécu) soit vous pouvez souscrire à une assurance santé monde au 1er euro. Nous avons opté pour cette solution, celle-ci nous prend en charge partout dans le monde avec assistance médicale, rapatriement et avance de frais hospitaliers sans franchise ou montant minimum. Nous devons prévenir avant toutes consultations pour acceptation de celles-ci. Par chance nous n’avons eu à nous en servir que deux fois, une pour Pacôme et une pour moi, 350 euros en clinique à Ibiza,  remboursés. Pour 5 l’assurance nous a coûté 2675 euros l’année (j’ai trouvé mon cher pour cette saison 2). Attention toutefois, trouver cette couverture à un prix correct n’est pas chose facile, j’ai dû contacter une bonne quinzaine d’acteurs de ce marché, car c’est à croire que lorsque l’on part en voyage nous sommes forcément richissime et encore plus avec des enfants! Les assureurs jouent sur la corde sensible et vont jusqu’à demander 11000 euros l’année!! Oui, oui!! J’ai ri quand on ne me l’a annoncé au téléphone et me suis presque étouffée! Mais que voulez-vous beaucoup de ces formules s’adressent aussi à des expatriés, donc à l’employeur qui paye alors allons-y gaiement!
Lorsque l’on parle d’assurance, nous ne pouvons pas omettre de parler de celle du bateau qui vous vous en doutez est un gros poste du budget! En partant nous étions assurés chez Helvetia via un courtier rencontré sur un salon nautique, l’offre était de loin la plus avantageuse pour nous et c’est ainsi que nous étions couverts jusqu’au Cap Vert en tous risques pour la somme de 1800 euros l’année. Il était prévu que nous prévenions à notre arrivée aux Canaries pour passer en zone transat puis Antilles, le prix devait passer à 2600 euros l’année mais cela restait toujours le moins cher trouvé. C’était sans compter sur le fait que notre assurance nous lâche à 10 jours du départ des Canaries pour le Sénégal sous prétexte selon notre courtier que la société a changé ses couvertures!! Hein ? Ok mais on fait quoi nous? « Je peux vous laisser les coordonnées d’un cabinet qui propose d’autres contrats » euh bien oui nous voulons bien…. « Bonjour monsieur l’assureur quel serait votre tarif? Et bla-bla-bla… « Je peux vous proposer un contrat à 5400 euros » !!! C’est une blague? Jamais nous n’avons budgétisé ceci, on parle du double du prix prévu!! Nous apprendrons ensuite qu’il était certainement question d’une licence retirée à notre courtier pour raison de trop de sinistres déclarés qui serait à l’origine de notre exclusion…). Toute cette petite histoire nous aura donc forcé à trouver un assureur à partir des Canaries avec un internet plus que faible et avec le fait non des moindres que si vous n’avez pas été assuré au préalable en Europe, les compagnies d’assurance ne veulent pas vous prendre en charge pour une transat! C’est donc auprès d’une assurance anglo-saxonne RSA que nous avons trouvé « refuge » au prix de 4600 euros l’année sans avoir besoin de refaire faire une expertise du bateau… Gloups… C’est à peu près ce qu’on a fait! (Si  certains lecteurs connaissent des bons plans assurance monde qu’ils se manifestent! 🙂 )
Pour pouvoir vous écrire sur le blog, avoir internet et un peu de crédit d’appel, nous avons opté pour prendre une carte 3g dans chaque pays. Nous avons gardé le forfait mensuel  sans engagement d’Antoine en France à 24 euros en parallèle pour pouvoir avoir toujours un téléphone au cas où. En moyenne les cartes internet nous ont coûtés entre 10 et 25 euros, mais la durée de celles-ci ont beaucoup variées en fonction des pays! A croire que le giga ne s’écoule pas pareil d’un opérateur à un autre! Ainsi en Espagne nous approchions les 100 euros mensuels en recharge plus communication, au Sénégal 10 euros le mois avec un Skype de folie au milieu du Siné Saloum et aux Antilles entre 40 et 60 euros mensuel… Nous sommes en éternelle recherche de zone wifi gratuite!:) Nous disposons également d’un téléphone Iridium pour nos traversées, pour lequel nous avons acheté au départ une carte à 200 minutes valable 1 an. Pour cette année il va donc falloir trouver une offre intéressante pour ne pas en avoir pour 500 euros !
Pour visiter l’intérieur des terres, nous louons régulièrement des voitures qui nous ont coûté de 25 à 60 euros la journée en fonction des endroits.
Côté CNED, l’inscription et l’année complète sont gratuites lorsque vous avez obtenu l’accord du Directeur de l’Académie. Si vous inscrivez vos enfants en année libre ou sans accord, il en coûte en moyenne 700 euros par enfant par an à partir du CP.
A savoir également, nous qui pensions dépenser moins côté Antilles que côté Baléares ou Canaries, nous avons eu tout faux! L’avitaillement culinaire nous coûte 40% de plus qu’en France ou que du côté Méditerranée et dans des magasins type Leader Price !! Waouh le rêve ! Tout achat de pièces pour le bateau coûte lui aussi plus cher de 30% en moyenne… La palme du moins cher revient sans aucun doute aux Canaries et la palme du plus cher aux Îles Vierges Britanniques! Mais toujours est-il, que nous avons dépensé beaucoup plus que prévu sans avoir fait d’extra particuliers 😦

Bon, c’est bien beau tout ça mais une année de voyage ça coûte combien alors? 
Pour nous, tout compris en incluant frais du bateau, frais d’assurance et frais de vie, il faut compter entre 30 et 40 000 euros sans compter l’achat du bateau… Nous vous invitons toutefois à faire le calcul de ce que vous coûte une année à terre avec tous vos frais en comparaison…
A côté de ça nous avons rencontré des équipages partis avec des budgets moindres mais cela va aussi souvent avec des bateaux plus petits et/ou des familles moins nombreuses… A bon entendeur…
Nous espérons que les prochaines destinations seront moins onéreuses… Affaire à suivre…

Nous vous laissons et retournons à nos paysages des Grenadines en attendant ce fameux retour en France pour nos vacances… 🙂

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Hasta la vista Majorque!!

Voilà, nous avons fait le tour de Majorque !! 20 jours à découvrir cette île, si sauvage d’un côté et touristique de l’autre. Nos coups de cœur, pour cette étape, aurons été sans aucun doute Cala de la Calobra et son torrent de Paraeis, une crique de Portals Nous pour son calme et son eau translucide, ainsi que, pour son côté carte postale, Platja des Trenc. MA-GNI-FI-QUE !! Nous avions hésité à poursuivre notre route sans passer par l’est de l’île, puis nous étions finalement ravisés. Nous y avons découverts les criques de la Cala d’or, très belles, offrant une large palette de bleus ! Toutefois en cette période de l’année, les plages sont bondées de monde, la mer remplie d’autres bateaux, et cela enlève un certain charme à tous ces paysages. Hors saison, ces endroits doivent être des petits paradis terrestres !

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Nous avons passé notre dernière journée à l’île de la Cabrera, réserve naturelle sublime, avec sa balade pour nous dégourdir les gambettes et visiter le petit château. Mais Majorque aura aussi et surtout été témoin des progrès de nos loulous, fulgurants ! Notre Malo du haut de ces presque 10 ans (dans moins d’un mois s’il vous plaît), saute de rochers de 6 à 8 mètres et plonge de presque autant, il ne perd pas non plus une occasion d’aller en palme/masque/tuba vérifier avec Antoine l’ancre même par 8 mètres de fond. Elian du haut de ses 6 ans et demi, prend de plus en plus d’assurance et prend plaisir à s’adonner au paddle, aux sauts et à l’apnée pour découvrir les poissons. Quant à notre petit Pacôme, lui qui il y a encore 15 jours n’osait pas descendre du bateau autrement que par l’échelle pour se baigner, prend maintenant plaisir à pousser ses frères à l’eau du haut de la coque et à sauter avec eux grâce à ses brassards ! Il commence à découvrir le monde sous-marin à l’aide de son petit masque. « Poissons sont mes copains » C’est un vrai plaisir de les voir s’épanouir ainsi 🙂  « Moi, je trouve que la vie, elle est belle là maman, dixit Elian »

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Bon allez, hop, il est temps à présent d’entamer notre traversée pour Ibiza ! Yes !! Pour nous l’occasion de découvrir de nouveaux horizons et peut être celle de se faire une petite sortie en amoureux et pour les garçons, de nouvelles occasions de trouver des endroits d’où sauter ! Une légère déception quand même pour nos deux grands de savoir que non, ils ne rencontreront pas John John, que c’est « juste » un acteur mes chéris, il n’est pas réel ! 🙂  (hihi ceux qui ont vu People comprendront)

Entre 15 et 18 heures de navigation nous attendent, les conditions météo annoncées sont bonnes, 10 nœuds de vent arrière et petite houle.

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Je vous écris au moment même où c’est mon tour de quart, il est 3h28 précisément, mon doudou m’a réveillée il y a 1 heure après avoir partagé son temps de quart entre le réglage des voiles, la surveillance alentours et les deux derniers volets d’Harry Potter !

Pendant ce temps j’étais censée dormir moi ! Mais alors que les conditions sont plutôt bonnes, je n’ai pas fermé l’œil de la « demi » nuit 😉 Je repense à mes deux dernières (qui sont aussi mes premières) nav de nuit où j’avais pourtant dormi paisiblement, je devrais « être rodée » ! 🙂 Oui mais à ces moments-là, la mer était d’huile, immaculée !

Antoine m’avait parlé des bruits du bateau la nuit, entendus pendant le convoyage de Cataja, mais il m’était difficile de m’en rendre compte. Bien sûr il y a nos nuits quotidiennes avec leurs lots de sons nocturnes, plus ou moins gênants, mais jamais encore je n’avais eu ces sensations-là.

La grand-voile est en place, elle ne cesse de claquer et de faire cogner la baume à chaque vague arrivant sur le bateau. Le parquet grince sans cesse, les meubles également. J’entends les remous de l’eau sous la coque, et leur puissance, me rappelant que nous sommes tout petit comparé à l’immensité de cette mer ! Elle pourrait ne faire qu’une bouchée de nous si elle le voulait ! La houle de travers fait émettre des sons de détonation au niveau des coques, des bruits si forts que vous vous demandez à chaque fois si c’est juste la vague qui est responsable ou si nous avons heurté quelque chose !

Nous nous faisons balloter au gré du vent, et la nuit ne fait qu’amplifier tous ces sons, qui en journée seraient à peine remarqués ! Décidément la nuit est étrange, à la fois un instant je la crains, avec toutes ces peurs qui m’habitent et qui je crois habitent la plupart d’entre nous, et à la fois dès lors que vous vous levez et allez regarder dehors ce qui se passe, cela apaise.

Il y a à nouveau un ciel étoilé, nous sommes allongés Antoine et moi sur le trampoline à nous laisser bercer et à contempler les étoiles, la voie lactée si belle. Le ciel n’a plus de lune à cette heure-ci, il fait chaud, le bateau file sur les flots, et le spectacle commence… En l’air un feu d’artifice d’étoiles filantes nous est offert, certaines sont minuscules à peine remarquables, d’autres laissent leurs traces plusieurs secondes.

Nous ne savons plus quels vœux faire 🙂 Et en mer, toujours ces méduses fluorescentes qui vont et viennent sous nos coques. Certainement plus jolies de loin que de près !!

Nous sommes à présent à 5 heures encore d’Ibiza, le ciel s’est assombri, les étoiles commencent à s’éclipser pour laisser place au soleil qui bientôt se montrera et j’aperçois au loin les premières lueurs de la ville 😉

9h30, nous sommes au petit déjeuner, épuisés par notre nuit, les garçons, eux, se lèvent tranquillement. On annonce notre arrivée prochaine à Ibiza aux garçons, Pacôme comprendra : « Malo, on va manger des pizzas ! » 🙂

Tout est calme, nous arrivons enfin, reste à vérifier si le mouillage choisi nous conviendra, nous devrions être tranquille… Enfin, ça, c’était en théorie ! Car au moment où je fini cet article, je me suis remise de nos émotions de la veille lors de notre arrivée, plutôt épique, et dont nous nous souviendrons un moment !

Revenons quelques heures en arrière… Nous arrivons à notre destination, la houle va de 50 cm à 1 mètre, nous décidons de nous mettre proche du port, pour pouvoir faire un détour en ville lorsque nous serons reposés. Cala Talamanca, ne nous parait pas très jolie mais cela devrait aller le temps de dormir, mais la houle omniprésente nous pousse à nous mettre plus proche d’un coin rocheux pour être un peu moins secoué… Sur place une carcasse d’un (ce qui a dû être) yacht nous interpelle, il y a un rocher quelques mètres avant, on se dit que le propriétaire n’avait pas dû le voir… Malo me fait part du fait qu’il ne pense pas que ce soit une bonne idée de se mettre là… Pour ma part, je n’aime pas particulièrement les alentours, l’eau sombre et les nuages n’aidant pas à voir au fond. Le fond justement, 10 mètres, cela ne devrait pas poser souci, mais je n’ai pas une grande confiance en notre guindeau (moteur permettant de monter et descendre l’ancre), Antoine décide que l’on se posera ici. La manœuvre commence, Antoine à l’ancre, moi à la barre, la houle, 4 bateaux autour à regarder, Antoine lâche l’ancre et commence à laisser descendre la chaîne. Croyez-le ou non, à cet instant précis, je me dis que décidément je n’aime pas cet endroit, que nous allons perdre l’ancre… Une intuition … J’essaie de le dire à Antoine, qui lui-même n’entend pas et se débat avec l’ancre qui au lieu d’être descendue comme à son habitude est restée coincée dans la patte d’oie (cordage arrimé sur les deux pointes avant qui permet d’assurer la sureté de l’ancrage). De mon côté je n’ai pas compris qu’il essaye justement de remonter l’ancre pour résoudre ce problème, je pense qu’il continue à la faire descendre, alors qu’il est entrain de débloquer ce qui posait souci. Soudain, l’ancre déraille du guindeau, entrainant la chaîne dans une descente infernale, que plus rien n’arrête ! En bout de course, elle éclate le taquet qui en maintenait le bout, le tout dans un bruit assourdissant… La chaîne et l’ancre se retrouvent 10 mètres plus bas.

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Super ! Même pas envie de pleurer !! Nous venons de perdre, ce que nous pourrions apparenter au frein à main d’une voiture, sans lequel plus rien n’est possible pour nous, sans lequel nous ne pouvons plus nous mettre là où cela nous chante, et sans lequel nous ne pourrions plus nous mettre à l’arrêt en sécurité… tout va bien ! 😦 Nous réfléchissons, regardons les alentours, ce fameux rocher ayant déjà eu la coque de ce yacht, me paraît de plus en plus dangereux à présent ! Nous décidons de demander de l’aide justement à un yacht posté à côté pour pouvoir s’attacher à lui, le temps qu’Antoine retrouve et descende en apnée chercher l’ancre… Annexe en marche, cordage, gaffe, pare battage, il prend le nécessaire pour pouvoir accrocher et maintenir en surface la chaîne au pare battage, et ensuite pouvoir la rapprocher du bateau. L’opération s’avère délicate, Malo aide à tenir la chaîne, il faut en remonter une partie suffisamment longue pour se rapprocher au maximum et rendre l’opération possible une fois Cataja détacher du yacht ! Vous imaginez bien qu’une chaîne de 50 mètres et une ancre destinée à un bateau de 9 tonnes, pèsent leur poids ! Je me mets à la barre, Antoine a la pression car il faut qu’il arrive à faire repasser le tout dans la baille à mouillage par en-dessous, et moi j’ai la pression, car accessoirement nous n’aimerions pas emplâtrer les autres bateaux (ça ferait désordre !) et nous approcher trop près de ces rochers. « Vers bâbord, vers tribord, en arrière », autant de consignes d’Antoine passé sous le bateau avec son attirail pour finaliser le tout ! Super, j’ai mon homme dans l’eau, sous le bateau, les moteurs sont allumés, la houle, j’imagine le pire et tente de rester concentrée sur mon objectif. L’aide de l’autre propriétaire nous aura été utile pour soulever la chaîne et tout remettre en place… 1h30 plus tard… Après une nuit pour ainsi dire blanche, une pression d’enfer, une sacrée frayeur, nous en avons fini et décidons de partir vers un autre mouillage… Moins poisseux !!

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Antoine dit toujours que les plans galères, font partis de l’aventure, que c’est plus « drôle comme ça »… Je me dis qu’on ne doit pas toujours avoir le même sens de l’humour alors 🙂 … Bon je n’ai l’ai pas vu beaucoup rire hier quand même 🙂 … Mais tout est bien qui finit bien !

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Nous finirons la journée installés tranquillement à Playa d’en Bossa, à la terrasse d’un restaurant bien mérité !

Notre album Majorque est complet, nous vous invitons à découvrir toutes les photos via le lien :

https://picasaweb.google.com/100004681080187634470/MajorqueJuilletAout2013?authuser=0&feat=directlink

J-1 mois… et HOP!!!

CA y est!!! Le vrai compte à rebours a commencé, et pas uniquement celui que nous avons programmé sur notre iPhone, au taquet!! 🙂

Nous sommes à moins d’un mois du départ! Le vrai, le seul, l’unique, celui attendu depuis si longtemps!!

Oh sérieux? Ils le font vraiment alors?!! Et oui 😉 Enfin, c’est à nous, et pour de vrai de vrai!! hihi 😉

Voilà plusieurs semaines que nous sommes résidant à quai à La Grande Motte, que nous n’avons plus d’adresse qui nous soit propre, que nous ne recevons plus directement notre courrier, que nous sommes dorénavant SDF et de fait, que nous ne rentrons plus dans les cases prévues par la société française… Nous sommes encore pour quelques semaines toujours liés à notre vie de terrien mais notre esprit lui, vagabonde déjà sur les flots 🙂 Oh, que c’est bon!!

Et dire qu’il y a 2 mois nous appréhendions d’emménager à bord! Mine de rien et malgré ce désir qui nous habite depuis tant de temps, il n’était pas évident de nous plaire dans nos nouveaux 45 m², ni que les enfants apprécient leur nouveau toit, et par-dessus tout nous ne voulions pas d’une certaine façon risquer de « déflorer » le sujet avant même d’avoir quitté la France! Si nous avions su à quel point la vie à bord allait nous plaire, combien de nouveaux petits plaisirs simples comme contempler de magnifiques couchers de soleil et apprécier le calme le soir venu allait nous réjouir, nous aurions essayé de gratter quelques semaines ou mois de plus auprès de notre directeur de port! Qu’il se rassure, malgré un emplacement idéal et la sympathie générale qui règne autour du quai, nous partirons avant la mi-juillet;)

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Depuis ces dernières semaines, nous avons ouverts nos « chakras ».

Cela nous réussit plutôt pas mal aux uns et aux autres, ça fait du bien et ça se voit! 😉

Les enfants tout d’abord qui craignaient de ne trouver personne avec qui jouer, ont en moins de 2 jours rencontré deux autres petites filles voyageuses du même âge sur le même ponton. C’est à croire qu’ils se connaissent depuis toujours tant nous les entendons rire encore et encore! Ils passent leurs soirées à vadrouiller entre Cataja, le quai, le bateau des filles, et devant les bateaux voisins à discuter avec une aisance déconcertante!

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Pacôme lui, ne cesse de vouloir être à bord, rend mes trajets infernaux dès lors que je me déplace en voiture tant il me tanne pour retourner au bateau! 🙂 Il est toujours fier de montrer sa chambre à toutes les personnes qui viennent découvrir notre nouveau chez nous, et ne manque pas une occasion d’aller sauter sur le « poline ». Toujours souriant, un vrai petit soleil! 😉

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Mon doudou travaille toujours et ce jusqu’à fin juin. Il lui tarde de passer au rythme de vacances… prolongées! Yep! 🙂 Il continue d’apprendre à bricoler sur toutes les petites réparations restant à effectuer avant le départ. Je le vois prendre plaisir à chaque problème résolu, et là où pour certains cela ne serait ni plus ni moins qu’un bricolage de plus, c’est pour nous de vraies petites victoires! (N’oublions pas que l’on part de rien, zéro, nada, aucune connaissance en matière de bricolage!:) )

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Quant à moi… Comment je me sens? Est-ce que je réalise? Est-ce que ce n’est pas trop dur?… Et bien, si proche du départ, je me sens étonnement bien! Soyez zen! 😉 Je suis moins angoissée que je n’ai pu l’être auparavant à l’idée de tout lâcher et de partir. Je ne suis pas sûre de ne pas avoir le « départ blues » d’ici quelques temps mais pour le moment je profite de cette sensation de bien-être et de sérénité actuels!

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Deux raisons doivent toutefois contribuées à cet état 🙂

La première : Quelques articles sur notre projet dans la presse spécialisée et toc, toc, toc sur notre coque! 😉 … Des personnes, des familles ayant des envies similaires sont venues à notre rencontre ou nous ont écrit. Toutes nous ont apporté des mots, une nouvelle force et de l’énergie positive!! Comme nous l’avons fait précédemment, elles prennent leur « dose » de rêve en lisant notre blog ou en nous contactant directement, et nous prenons plaisir à partager et échanger avec eux 🙂 Il est agréable de ne pas être pris pour des fous inconscients! Nous ne sommes pas encore partis, mais déjà ce projet nous amène à faire de belles rencontres condensées et riches! 😉

La deuxième : Il est quand même bon de se sentir soutenu par les siens! Lorsque vous vous lancez dans un tel projet, aussi fou soit-il pour certains ou n’ayant rien d’exceptionnel pour d’autres, il est essentiel d’avoir la confiance, les encouragements, les gestes de ceux qui vous sont chers, et ce n’est pas toujours simple! Et oui… Nous avons tous nos propres peurs avec lesquelles il faut composer! Et la famille n’est pas en reste de ce côté là! 😉 Heureusement Antoine et moi nous sommes découverts un esprit de persuasion du tonnerre!! hihi Au final on aura même « convaincu » quelques membres pas gagné d’avance! C’est ça qui fait du bien!! 😉

Il nous a d’ailleurs été offert un livre, en clin d’œil à notre histoire, et je n’en suis actuellement qu’au début mais il est écrit en première page et nous tenions à vous en faire part, cela mérite réflexion…

« La vie est un risque. Si tu n’as pas risqué, tu n’as pas vécu. C’est ce qui donne… un goût de champagne. »

Sœur Emmanuelle

Voilà, pour le petit bilan si proche du départ! PO-SI-TIF!!!

Il nous reste et en bref… à profiter de nos derniers instants dans la région, nous prendre la tête avec la paperasse d’avant départ, vendre nos derniers effets personnels qui ne nous serons plus d’utilité à bord, acheter un barbecue (indispensable), faire le plein d’apéro 🙂 , vérifier l’armement de sécurité, nous gaver encore de gaufres au sucre les quelques soirs où la chaleur voudra bien être de la partie, commander à nouveau un fraisier dégusté à l’anniversaire de Pacôme (une tuerie atomique que nous ne pourrons plus re-manger), aller au cinéma en « namoureux » pour voir un film en français, faire les pleins de chocolat pour les soirs de nostalgies et de belvita miel choco indispensables au petit déj, acheter un short de bain à Antoine (un peu de tenue quand même!), acheter encore quelques bouquins nécessaires aux traversées que nous entreprendrons, noter les adresses pour envoyer quelques cartes postales de temps à autre, ranger au fond du fond des placards les cartables des enfants dès lors que l’école sera finie, vérifier que notre téléphone est bien désimlocker pour rester joignable, faire les pleins d’eau et de gasoil (aie ça va faire mal au porte monnaie!) … euh, je crois que c’est bon… ah non j’oubliais un truc super important!!! 🙂 … fêter d’ici quelques jours notre pot de départ avec toutes les personnes et ami(e)s ayant compté pour nous durant ces dernières années ou fraîchement rencontrées, que nous aurions bien aimé connaitre plus tôt! Sachez que nous vous accueillerons volontiers ici ou là à bord de Cataja!! Nous tenions aussi à vous dire merci à tous pour les moments passés avec vous (c’est pas dit que nous serons en état de vous le dire samedi soir alors… 😉 )

Allez, next!… 😉

Welcome on board!! :)

Ça y est!! 1er bilan : enfin, après des semaines et des semaines de préparation, de vente de maison, de choix de bateau, d’achat de celui-ci, de convoyage, de vente d’effets personnels, de jouets de nos garçons et de vêtements, de tout ce matériel accumulé et rassurant pour la plupart d’entre nous, de tri dans notre vie, pour ne garder que l’essentiel, de rangements, d’astiquage de Cataja, d’allers et venues entre la maison et le bateau, d’achat de nécessaire pour Cataja, nous y sommes!! Pile dans les temps… A bord de notre bateau, de notre nouvelle maison pour au moins la prochaine année à venir, et plus si affinités!:) Welcome!!

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C’est donc le 26 avril 2013, que nous avons emménagé dans notre nouveau chez nous, aux Saintes Marie de la Mer, lieu d’accueil de Cataja, jusqu’au 1er mai… C’est en pleines vacances scolaires, que nous avons pris possession des lieux:) Non, sans une certaine appréhension… Comment allons-nous gérer le changement? Comment allons-nous accepter la différence de surface s’offrant à nous? Où allons-nous mettre toutes nos affaires restantes? (Nous envisageons un nouveau tri au vue de tout ce que nous avons déposé à bord, mais nous rendrons compte par la suite des possibilités de rangements de Cataja!… Heureusement!) Mais surtout comment les enfants vont prendre ce changement radical, et se sentir dans leur « nouvelle chambre »?? Vont-ils prendre leurs marques rapidement, et ne pas regretter leur maison?

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Nous avons je crois, emménagé à la pire période de l’année! Et en 10 ans que nous avons passé dans la région, nous n’avions jamais connu cela! Fin avril… Nous nous attendions à avoir du soleil et de la chaleur, nous nous imaginions déjà visiter les Saintes et nous balader à dos de cheval au beau milieu de cette magnifique Camargue… Queneni! Nous voilà cloitrer 4 jours durant, dans notre bateau, sous une pluie battante, interminable, une température avoisinant les 5 degrés la nuit, de l’orage, des moustiques à foison et un déplacement professionnel d’Antoine, nous laissant les enfants et moi livrés à nous même! Nous avions rêvé mieux comme installation… Mais nous nous en sommes sortis!! 🙂 Personne n’a pêté les plombs, ce qui en soit était déjà pas mal!

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Et c’est le 1er mai, que nous avons profité enfin d’une accalmie pour parcourir les 3 heures nous séparant de notre nouveau port d’attache La Grande Motte! Vérifications, amarres, rangements… Tout est en place, Piéric, Stéphanie et leurs loulous qui seront de la partie sont là, les enfants continuent tranquillement à jouer dans leur cabine… C’est bon, on peut y aller!

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La sortie du chenal du petit Rhône, est, on peut le dire, mouvementée!! Les courants contraires forment des vagues déferlantes et nous secouent bien comme il faut… Le bateau tremble, tape, est arrêté net par les vagues… Même pas peur! Mer ridée ou belle qu’ils disaient à Météo France! Mon œil oui… C’est seulement 1 heure après que nous navigueront tranquillement, sous le soleil jusqu’à notre arrivée 🙂 Nous apprécions les premiers rayons sur notre peau, sommes réunis autour du trampoline, discutons, contemplons, observons nos enfants vivre cet instant, nous perdons dans nos pensées… L’aventure a commencé… doucement… et apprécions cette navigation entourés d’amis, qu’il nous sera bien difficile de quitter 😉

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Les jours passent, et nous prenons plaisir à découvrir La Grande Motte autrement, apprécions les moments passés à bord (ouf les garçons et nous-mêmes apprécions l’aspect cosy de notre bateau et de dormir dans nos « cabanes »), les apéros qui commencent  les papotages avec nos voisins de quai, les balades à la plage à deux pas de la « maison », les gaufres savoureuses de chez Mignon, les repas dans le cockpit extérieur et savourons nos desserts sur le « poline » (entendez trampoline dit par Pacôme) 🙂 Un avant-goût de vacances…

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Nous n’en oublions pour autant pas les divers rangements qu’ils nous restent à faire, les nettoyages en tout genre, la mise en place du filet de sécurité, la création d’une passerelle « maison » (un petit tour à Brico Dépôt, une échelle, du contreplaqué, des boulons, de l’antidérapant et hop, le tout pour la modique somme de 70 euros, on est loin des 700 euros en moyenne dans tout uship qui se respecte!) par mon Doudou lui-même (pas peu fier!! 🙂 ), les premières pannes à gérer : pompe à eau qui ne fonctionne plus malgré un plein d’eau fait comme il faut (nous apprenons du coup qu’il nous faudra couper la pompe à eau durant les prochaines naves sous risque de la faire tourner dans le vide (merci à Seb pour sa précieuse aide), WC bouché comme on l’appréhendait, et après une fouille en bonne éduforme, Antoine découvrira le coupable : un missile Playmobil ayant bien failli faire tout exploser! Frigo ne réfrigérant plus, nous apprenant que d’être branché à quai ne suffit pas à tout faire tourner, verdict sans appel, nous devons remplacer nos batteries! Mais prenons les choses du bon côté : il vaut mieux que tout cela nous arrive ici plutôt qu’en plein milieu de l’océan! 😉

Nous réalisons qu’il reste approximativement, 2 mois avant LE grand départ!

A cette idée, tout comme dans notre quotidien (je pense pouvoir parler au nom d’Antoine également) nous ressentons un tas d’émotions tellement différentes… Un instant c’est de la joie, du bonheur, de l’excitation, de l’adrénaline à l’idée d’enfin vivre ce rêve qui nous habite depuis tant d’années, une fierté de se dire que quoi qu’il advienne nous aurons fait ce qu’il faut pour y arriver, et pour ma part, c’est aussi l’imagination de devenir une Indiana Jones des temps modernes à bord de mon bateau, bravant avec courage vents et marées et me découvrant une âme d’aventurière jusque-là ignorée… 🙂 (si si, j’espère bien la découvrir 🙂 ), un instant c’est de la peur, une impression d’être au bord d’un précipice, de ne plus pouvoir reculer et d’avoir peur de faire le grand saut (vous savez comme cette peur du vide que vous avez peut-être déjà ressenti au bord d’une falaise ou dans un manège, le cœur battant et l’estomac noué…), la réalisation que nous allons laisser nos familles et amis, pour une durée inconnue, et vous ressentez encore plus fort ce lien qui vous unit à eux , l’envie de leur dire combien vous les aimez, combien ils vont vous manquer, combien pour nous aussi et même si c’est notre choix, cela va être dur de les laisser, et combien nous devons être forts pour eux, pour nous… Il parait que « choisir c’est renoncer« , nous avons eu connaissance de cette citation il y a quelques mois, dans un autre contexte et n’en n’avions pas pris pleine mesure, aujourd’hui nous comprenons mieux … Pourquoi ne peut-on simplement pas tout avoir? 😉

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Partir est le plus dur… On nous avait prévenu, après ce n’est que du bonheur paraît-il…

Il nous tarde donc de voguer vers Notre aventure et d’écrire Notre histoire… 😉

Enfin… le convoyage!! vu par Antoine de l’intérieur…

Rétrospective d’un petit journal de bord tenu par mon doudou durant le convoyage…

Enfin le convoyage. Point de départ : Lorient, destination : Martigues.

1700 mile, soit 3100 km.

La météo annonce le vent du nord que nous attendions mais une houle de 4 à 5 mètres nous attend sur le parcours.

¨Les protagonistes ¨:

Moi-même : Antoine, heureux nouveau propriétaire de Cataja! 🙂

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Christophe : Ancien propriétaire du bateau qui a gentiment proposé de m’accompagner sur ce convoyage. C’est son galop d’adieu avant de prendre son futur bateau. Il est skipper professionnel. C’est un grand gaillard qui inspire la confiance et qui la mérite largement. C’est un bon vivant, il aime le beurre salé, le ti punch et l’eau salée. Ça a été un vrai plaisir de partager ces moments avec lui 🙂

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Florian alias le gamin : Jeune cinéaste de talent (System D prod 🙂 ) qui a accepté de venir s’enfermer sur un bateau avec moi alors qu’il n’a aucune expérience de la voile. C’est beau les amis 🙂 Il aime regarder des films, se coucher tard, se lever tard, les jeux de dé où il faut mentir et la terre ferme 🙂

Marc : Jeune retraité, ami de Christophe qui a accepté sur un coup de tête de nous accompagner. Et je l’en remercie. Marc ne sait pas mentir 🙂 dégage une certaine sérénité et accompagne volontiers Christophe dans la mise au point de ti punch délicieux.

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Jeudi 10 janvier 14h30 :

Christophe nous récupère à l’aéroport et nous emmène au bateau pour poser nos affaires. Des artisans s’affairent dessus. Le voilier, est en train de changer les aubants, le mécano fait la révision des moteurs et un autre finalise la mise en place du dessalinisateur. Notre bateau est transformé en une véritable fourmilière et je jongle de l’un à l’autre en tentant tant bien que mal de retenir leurs conseils avisés! Une fois les artisans partis, nous remettons le bateau en ordre, installons nos affaires et repartons pour faire les courses d’avitaillement. Ce n’est pas une mince affaire de prévoir 15 jours de repas pour 4 lascars qui ne se connaissent pas et qui ont des goûts différents. Le soir nous allons dîner dans le centre de Lorient et revenons nous coucher tôt au bateau exténué par une journée bien remplie.

Vendredi 11 janvier :

Rebelote! Courses, règlements des factures, préparation du bateau et récupération de Marc, notre quatrième équipier qui nous rejoint en fin d’après-midi. Après une énième prise de la météo, nous décidons finalement de partir dès samedi après-midi, malgré des vents contraires annoncés et une houle de 7 mètres! Je n’ai jamais pris la mer avec des conditions pareilles et ma Doudou manque de s’étouffer quand je lui annonce notre decision… Normalement ces mauvaises conditions ne devraient à priori pas persister, et la météo devrait devenir plus favorable dès dimanche pour nous permettre de traverser le terrible golfe de Gascogne… Je l’espère en tout cas fortement!

Samedi 12 janvier :

Après une nuit un peu froide qui ne m’a pas permis de recharger pleinement mes batteries, nous levons l’ancre à 11:50. La sortie du port de Lorient, se fait sous un ciel maussade. Quand on atteint l’île de Groie, la houle atlantique nous cueille de plein fouet avec de grosses lames de 6 à 7 mètres de haut qui heureusement ne déferlent pas. On monte, on descend, on monte, on descend et ainsi de suite. Le vent froid se fait bien sentir et nous rappelle que nous naviguons au près pour cette première partie du périple. Quand le soir arrive, je commence à sentir que mon corps ne comprend pas trop ce qui lui arrive. Et quand la nuit tombe, je n’arrive plus à garder mes repas dans mon estomac 😦 Le mal de mer me prend comme jamais. Je resterai les 48 prochaines heures cloué à ma couchette sans pourvoir bouger plus loin que les toilettes ou le premier seau venu! Je sais d’après mes nombreuses lectures sur le sujet que ce mal ne dure rarement plus de 2 ou 3 jours. Mais quand on est dedans, 2 ou 3 jours à rendre tout et plus encore, c’est très très long! L’équipage ne me verra donc pas très souvent pendant ces 2 premiers jours, et toujours accompagné de mon meilleur ami le seau.

Dimanche 13 janvier :

Nous avançons bien 🙂 Pendant mes rares apparitions, je me renseigne sur l’avancée et la météo. Tout va pour le mieux, je peux donc retourner me coucher! Et dans ma bannette… je me demande ce que je fais là 😦

Lundi 14 janvier :

Mon estomac semble avoir rendu tout ce qu’il avait à rendre et mes apparitions sur le pont deviennent de plus en plus longues. Nous sommes maintenant au milieu du golfe de Gascogne à plusieurs centaines de kilomètres des terres les plus proches. Je profite de mes premières apparitions de dauphins. Le sourire me revient petit à petit et je pense au plaisir que mes petits bonhommes auraient eu à partager ce moment magique 🙂 Chaque jour grâce à la magie de l’iridium, je reçois des nouvelles de ma doudou et des enfants. Et j’en donne quand mon estomac le permet.

Mardi 15 janvier :

Nous approchons des terres d’Espagne et du cap Finistère. Le plus dur du golfe de Gascogne est derrière nous. La houle est redescendue dans des proportions beaucoup plus acceptables et le vent nous pousse gentiment dans le bon sens. Enfin des navigations comme je les espérais. On se paye même le luxe de jouer au dé a un jeu que Florian nous enseigne, appelé Le Maya, rebaptisé pour l’occasion en Cataja. Cela sera notre jeu officiel pour les quelques jours à venir. J’ai bien emmené des livres pour occuper les journées de navigation, mais je ne suis pas encore suffisamment amariné pour les ouvrir! J’écoute les conseils de Christophe et tente de mémoriser tout ce à quoi il faudra penser pour faire tourner cet engin car ceux qui me connaissent savent à quel point je suis doué pour le bricolage… C’est donc une qualité qu’il va réellement falloir que je développe. Je suis donc tout ouïe quand Christophe prodigue ses conseils et je bois ses paroles comme la parole divine.

Mercredi 16 janvier :

Nous longeons la côté portugaise et avançons plus vite que nos estimations initiales. Le bateau file entre 8 et 15,6 nœuds qui restera le record de notre traversée. Je suis très agréablement surpris par les qualités de bon marcheur de Cataja. Dans chaque situation de navigation que nous rencontrons, je me demande comment ma doudou réagirait. Est-ce que telle ou telle situation serait gérable en équipage familiale…

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Jeudi 17 janvier :

Nous arrivons près de Gibraltar que nous passerons dans la nuit. Gibraltar constitue une zone de navigation sensible par lequel tout le trafic entre la méditerranée et l’atlantique transit. Et dans la masse des bateaux, nous ne faisons pas partie des plus gros. De véritables villes sur l’eau croisent notre route à plus de 20 nœuds quand nous n’en faisons que 7 ou 8. On espère vivement qu’il y a quelqu’un à leur vigie!

Nous approchons du goulot d’étranglement de Gibraltar à bonne vitesse de nuit. Ce n’est pas mon quart et je suis en train de somnoler dans ma cabine quand tout à coup, je sens le bateau faire de drôles de manœuvres, que l’on vire de bord de manière intempestive. Les voiles font résonner leurs claquements sourds jusque dans les coques. J’enfile ma tenue de quart, une paire de bottes et suis sur le pont. Tout le monde s’y affaire d’ailleurs. J’interroge Florian du regard qui winch le bout du génois. Il me dit que le génois est coupé en deux. Je deviens blême, sors la tête pour me rendre compte de la situation. Ouf! Je me rends compte que ce que Florian voulait dire, c’était que le génois s’était mis en soutien-gorge. La partie du haut s’est enroulé dans un sens et la partie du bas dans l’autre. Christophe est à la manœuvre et essaye de faire en sorte que le vent s’engouffre dans la voile dans le bon sens pour la démêler. Tout ça au milieu du rail des cargos, de nuit avec un vent et une mer qui forcie. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?… Nos manœuvres ne semblent pas porter leur fruit et je vois déjà le moment où nous devrons nous débarrasser de notre beau génois 😦 Nous décidons une manœuvre de la dernière chance. Je m’harnache au pied du mat et je descends la grande voile intégralement sous des trombes d’eau générées par les vagues que l’on reçoit de face. Florian vient me donner un coup de main. Moins bien équipé, il se fait doucher copieusement! Eurêka! La stratégie est payante. Le génois reprend sa configuration normal et nous reprenons notre route dans le détroit de Gibraltar où nous sommes littéralement aspiré par la méditerranée qui nous gratifie d’un fort courant positif. Nous gagnons 3 nœuds sur notre vitesse surface grâce au courant de la marée montante 🙂 Nous sommes au milieu du détroit. À bâbord les lumières de Gibraltar et de l’Europe. À tribord les lumières de Tanger et de l’Afrique. Ça fait quand même quelque chose de se retrouver pile entre 2 continents. Dommage qu’il fasse nuit. Ou c’est peut être mieux ainsi… le sujet n’aura pas été défloré avant de le refaire en famille 🙂

Vendredi 18 janvier :

De l’autre côté du détroit, le vent renforcé par l’effet venturi nous pousse encore plus fort dans la bonne direction. La nuit est douce, je prends mon quart. La nuit est sombre et la lune éclaire faiblement d’un timide croissant naissant. Je regarde la masse sombre et liquide qui nous entoure et me laisse aller à mes rêveries. Quand tout à coup je vois des traînées de planctons fluorescents qui fusent vers notre bateau comme si une torpille venait à notre rencontre. Je regarde de plus prêt intrigué et réalise que des dauphins nous accompagnent 🙂 Je joue à les éclairer avec ma lampe frontale, j’ai l’impression qu’ils prennent goût à ce jeu, ils m’accompagneront pendant toute l’heure de mon quart. Ce seront les derniers dauphins que nous verrons du périple. La méditerranée n’étant pas été aussi généreuse en rencontre de ce genre que ne l’aura été l’atlantique.

La journée, la météo devient de moins en moins maniable. Le vent est fort et une houle inhabituellement forte en méditerranée nous oblige à trouver un abri à Almeria en Espagne. Cette halte mettra un point d’arrêt à notre progression fulgurante. Nous nous imaginions déjà arriver en moins de 10 jours alors que nous en avions prévu 15, mais la météo en aura décidé autrement.

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Samedi 19 janvier:

La météo ne nous permet toujours pas de reprendre la mer et quand on voit ce qui nous attend plus au nord on se dit qu’il va falloir jongler avec les fenêtres météo. Aujourd’hui Christophe en profite pour me donner quelques conseils en mécanique et me montre les gestes qu’il faut avoir pour bien entretenir son moteur. Florian vadrouille en ville et profite des soldes espagnoles. Après consultation de la météo, nous avons une petite fenêtre météo entre un coup de vent qui vient du sud et un autre du nord, on devrait pouvoir partir demain pour tenter d’approcher le fameux cap Creus et la frontière française. L’incertitude de la météo nous dicte de rester le long des côtes pour éviter la houle qui fait rage au large.

Dimanche 20 janvier :

Après une nuit à tirer sur nos amarres par un vent de près de 40 nœuds dans le port, nous préparons le bateau pour le départ. Christophe et Marc qui dormaient côté quai ont une petite mine. Ils ont entendu les cordages grincer toute la nuit. Avant le départ nous faisons un rapide tour du bateau et constatons qu’une poulie est endommagée. En voulant la changer, nous constatons que le bout en métal de la baume sur lequel est accrochée la grand-voile est littéralement déchiré sur prêt de 15 centimètres. Cela a dû arriver pendant un empannage intempestif avant notre arrivée à Almeria. Nous renforçons tout cela avec un bout de rabe et décidons de prendre le premier ris dans la grand-voile pour ne pas forcer sur la réparation. Nous appareillons enfin. En milieu d’après-midi. La météo en méditerranée est décidément très curieuse. Nous naviguons au moteur car le vent est aux abonnés absents. La mer est belle, il fait beau, Christophe fait la sieste et Marc, Florian et moi nous adonnons à nos occupations dans le carré. L’anémomètre continue de nous annoncer un triste 5 nœud de vent. Tout à coup je lève la tête de mon iPad, jette un œil distrait à l’anémo et le voit qui monte, 10, 15, 20 puis 25 nœuds de vent en l’espace d’une minute. Branle-bas de combat, tout le monde sur le pont pour adapter les voiles à ce brusque changement de vent. Il restera soutenu toute la nuit.

Lundi 21 janvier et mardi 22 janvier :

Nous continuons notre progression, le vent reste soutenu dans les 20 à 25 nœuds, la houle est croisée et nous filons, grands voile sous un ris et génois dehors, à près de 10 nœuds. Quand une fois de plus l’homme invisible qui joue avec le ventilo géant qui nous propulse décide de nous faire une blague… après une forte secousse sur une vague plus grosse que les autres que nous pénétrons à pleine vitesse, il pousse le bouton off… le vent passe de 20 à 6 nœuds en 30 secondes sans qu’aucun signe extérieur ne vienne annoncer ce changement brusque!

Mercredi 23 janvier :

Nous nous réunissons autour de l’iPad pour la grand-messe de la météo afin de voir ce qu’Eole nous réserve pour la journée. En fin de journée une barre de flèches rouges indiquant des vents à près de 50 nœuds nous barre la route sur la carte météo. Nous prenons donc la décision d’aller nous abriter à Blanes un peu au nord de Barcelone.

Après une petite sortie avec Florian, nous revenons au bateau pour nous reposer un peu. Le matin, Christophe me présente l’annexe et m’apprend ses petits secrets et comment gérer ses petits caprices. Une fois à l’eau et démarrée, je pars l’essayer et me régale de voir que les petits 15cv, marchent très très bien.

La preuve en image 🙂

http://youtu.be/SwHJNggYOCE

Avant notre départ nous allons manger au restaurant des pêcheurs qui nous sert des moules et des saumons délicieux. Nous voilà repu. Le plein de gasoil, le règlement de la nuit à la capitainerie et il est temps de partir.

La première partie de la navigation se passe sans encombre, au moteur à cause du vent qui se cache derrière les montagnes. Devant nous le cap Creus que nous passerons cette nuit et derrière le cap… La France!! 🙂 La réputation du cap Creus nous fait réduire les voiles d’avance pour éviter les mauvaises surprises. Bien nous en a pris. Plus nous approchons plus le vent et la mer forcissent. Le vent que nous avons dans le nez, dépasse maintenant les 30 nœuds. Les vagues de 2 mètres de face, sont cassantes et le bateau s’adonne aux montagnes russes. Malgré les moteurs et les voiles, nous peinons à dépasser les 3 nœuds dans des conditions éprouvantes pour le bateau et pour l’équipage. Le stresse monte. Après la casse subit lors de notre dernier coup de vent, je crains pour Cataja. Je suis seul à la barre. Je ne veux pas la quitter. Je sais que cette nuit je ne dormirai pas beaucoup. Christophe est parti se coucher, et franchement j’aurais bien aimé sa présence de professionnel rassurante à ce moment-là. Vers 23h, Marc me rejoint et sa présence sereine me fait un bien fou. Je regarde l’anémomètre s’affoler à chaque claque que les rafales nous infligent. 35, 36, 37 nœuds. Je sens Cataja grincer sous les coups de boutoirs des vagues et le vent qui hurle dans la mature. Chaque mètre se mérite. Nous voyons le phare du cap Creus. J’appréhende les vents derrière le cap Creus. Vont-ils débouler avec forces des Pyrénées?

Jeudi 24 janvier :

Il est 3 heures du matin. Je prends mon quart. Le cap Creus est derrière nous et nous naviguons dans les eaux françaises. Florian qui vient de me réveiller me dit qu’on essaye de nous contacter à la Vhf. Tout ensuqué je réponds tant bien que mal au monsieur des douanes qui nous demande qui on est, d’où on vient, où on va etc… Après l’interrogation surprise, je prends la relève de Florian, qui ne réapparaîtra pas avant midi. Il part se coucher gagné par le mal de mer. Le stress des conditions difficiles rencontrées me tiendra éveillé et je ne retournerai pas me coucher. Nous jouons avec la météo. Le vent s’est calmé en matinée mais il est annoncé un retour en tempête pour l’après-midi. La question est : jusqu’à quel port peut-on pousser sans prendre le risque de nous retrouver bloqué dans la tempête? Nous faisons un premier choix pour Port Leucate. Puis, gagné par l’optimisme nous pointons plus au nord vers le Cap d’Agde. Ce sera au final la Grande Motte prêt de la maison que nous atteindrons vers 14h. À l’arrivée ma doudou attend sur le quai avec la maman de Florian. Mon cœur bat la chamade. Je n’ai pas vu ma chérie pendant 14 jours. Et je ne me suis pas rasé non plus pendant 14 jours. Va-t- elle accepter de m’embrasser?… Je me reconcentre pour effectuer ma dernière manœuvre d’appontage que j’exécute avec brio devant le regard plein d’admiration de ma doudou. C’est bon d’être arrivé. La fin du convoyage se fera dans une semaine pour finaliser le périple jusqu’à Martigues.

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Notre état d’esprit à quelques jours du convoyage et les préparatifs…

Nous voici à une semaine du départ d’Antoine pour Lorient, 2 heures d’avion à partir de Montpellier, mission convoyage de Cataja jusqu’à Martigues en compagnie de Christophe, ancien propriétaire et skipper de notre nouveau bateau et Florian un ami bienveillant porté volontaire pour naviguer contre vents et marées avec Antoine!

Le départ est fixé au 12 janvier 2013, à plus ou moins quelques jours en fonction de la météo, Antoine arrivera le 10, afin de pouvoir faire l’avitaillement nécessaire à ces jours en mer et de s’amariner pour éviter tout vomitos intempestifs… même si nous nous doutons bien que cela va arriver au vue de la météo…

Car oui, ce convoyage ne s’annonce pour le moment pas comme une douce traversée tranquille… Cocculine, Nausicalm, sparadrap sur nombril, autant de trucs et astuces pour éviter d’être trop malade!

Pour rappel, il s’agit de traverser le Golfe de Gascogne, longer le Portugal, traverser le détroit de Gibraltar, longer l’Espagne, pour arriver finalement à Martigues, après environ 12 jours et 1700 mille soit 3100 km environ!

Nous avons à présent téléchargé une application sur Ipad nous permettant de suivre la météo à 8 jours, pour entre autre nous rassurer… surtout moi! Enfin tenter, car je dois bien l’avouer, je ne partage pas l’enthousiasme d’Antoine! Lui, voit ce convoyage comme une occasion unique de connaître Cataja sous toutes les coutures et dans des conditions difficiles en compagnie de l’ancien propriétaire,en toute sécurité, une très belle opportunité de se former et  connaître les limites de notre cata.

Moi, bien que mon côté rationnel me dise qu’Antoine a raison, je vois cela comme 15 jours sans mon homme, sans pouvoir vraiment le contacter et me rassurer… Nous avons bien acheté un téléphone Iridium d’occasion, mais au vue du prix des cartes de communication, il est évident que je ne pourrais blablater tous les jours avec mon doudou (oui j’ai oublié de vous préciser que nos surnoms à tous les deux sont Doudou:)

Nous avons tout de même convenu qu’il m’enverrait chaque jour à la même heure un sms pour me signaler leur position et m’indiquer que tout va bien.

A suivre…