Un retour épique…

Jeudi  11 septembre, nous venons d’atterrir à Fort de France !! Yessss, sans casse ni crash, pas de tour à détruire ici ! Mais une chose est sûre, les vols n’étaient pas complets en ce jour, superstition oblige j’imagine ! Nous récupérons notre petit appartement pour la nuit, demain la navette nous attend pour 7 h tapante !!

Vendredi 12 septembre, après une nuit de sommeil quelque peu écourtée, décalage horaire oblige, les yeux comme des billes dès 5 heures du matin, nous faisons route vers le ponton de Sainte Luce où nous devons récupérer la navette qui nous amènera à Sainte Lucie. Nous avons réussi à trouver un plan à 130 euros pour tout le monde et d’ici 2 heures nous serons à bord de Cataja !! Oh oui… Il nous tarde !! 6h45, la voiture est rendue, les bagages prêts à être embarqués, les estomacs repus, nous attendons sagement… 7h10, d’autres passagers arrivent et nous commençons à nous dire que ça fait du monde pour  les deux petits bateaux présents devant nous… Antoine va donc se renseigner, le verdict est sans appel… Nous ne sommes pas sur les listes de passagers du jour, un méli-mélo ayant pour résultat de nous laisser comme des truffes sur le ponton avec le regard désespéré des enfants… « Mais comment on va rentrer  maman ? Alors on ne va pas sur Cataja aujourd’hui ? » Euh, si si, on va trouver une solution… Le gars tenu pour responsable étant sous notre main, nous lui demandons d’au moins nous déposer au Marin, pour avoir une chance de trouver un bateau pour rentrer !! Manque de bol, il est déjà 8h30, tous les bateaux sont déjà partis, le seul possible part de Fort de France à quelques 30 km, sans voiture et avec tous nos bagages pour la modique somme de 400 euros… Aoutch !! Les autres navettes ne sont pas avant lundi !!  Je me rappelle alors d’un bateau faisant la traversée en privé et m’empresse de l’appeler… La dame quelque peu surprise de notre demande si rapide, après négociation nous dit banco pour 300 euros, c’est plus du double mais bon tant pis, nous voulons rentrer chez nous… « Je serai là pour 10h30, le temps de récupérer mon bateau aux Trois Ilets »… ok… Nous nous posons le long d’une cabane à l’ombre, il ne nous reste « que » deux heures à attendre par 40 degrés…

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La dame en question passe nous trouver sur son passage pour nous demander nos passeports de façon à faire les papiers de sortie, elle sera là vers 11h15 finalement… ok… « Super » (c’est 45 minutes de plus déjà que l’heure prévue, mais que pouvait-on dire d’autre à notre seule chance de partir !)… 11h30, toujours personne à l’horizon, nous sommes sous un soleil de plomb avec nos 150 kilos de bagages, les garçons commencent à être brûlés sous les yeux tant ils se les frottent  de fatigue et en raison de la chaleur écrasante… Nous appelons…  « Je suis en rade au milieu de la baie, je ne sais pas ce qu’il y a, j’ai appelé le cross med j’attends du secours, je vous tiens au courant ! nous dit la dame»… ok… «Pas de problème nous ne bougeons pas » Déjà là l’envie d’hurler se profile en moi, elle a nos passeport et on ne sait pas comment les récupérer si jamais… arrrrgghhhhhh…

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12h, «c’est bon je suis repartie, j’arrive »… Super ! 12h30, re appel « je suis retombée en panne, je vais voir le mécano… » Là, vous vous dites quand même que ce n’est pas votre jour, les larmes me montent aux yeux de désespoir, d’impuissance et de colère ! Ne te laisse pas déborder Eurielle, ressaisis-toi !! Mon doudou me réconforte, son optimisme est mis à mal mais il tient le coup 🙂 Pourquoi ne peut-on pas juste retrouver notre bateau ?…  « Imagine maman si on tombe en panne au milieu des îles, on aurait l’air chouette » me glisse Malo… Il n’a pas tort, peut-être faut-il laisser tomber pour aujourd’hui… 13h15, l’appel de la dernière chance, elle arrive pour de bon cette fois… Ah yessss, après être proche de l’état de brochette au barbecue, nous nous dirigeons doucement et lourdement vers le ponton à gazole, lieu de rendez-vous… 14h00, elle est là !!! Yesssss, yessss, oui, oui, oui, on a été entendu !!! 🙂 Depuis 6h ce matin, nous allons enfin rentrer chez nous !!!… « Je dois prendre de l’essence et on y va nous dit-elle »,  pas de problème… C’était sans compter sur le message sur la porte – réouverture à 15h – … Pas de panique, il y a de l’essence à l’autre ponton, on va en prendre là-bas… Ponton à essence fermé ce jour, même l’automate ne marche pas…. Arrrgghhhhhh on est maudit, cette fois c’est sûr !!!! On ne va jamais y arriver… La dame commence à se demander si vraiment elle veut faire le chemin, elle craint de ne pas avoir assez d’essence pour son retour, d’arriver trop tard… Antoine en bon négociateur réussi à lui faire dire que « Oui on le peut »… Allez on croise les doigts et tout ce qu’on peut pour que la navigation se passe bien… J’ai un  peu la boule au ventre, Pacôme exténué s’endort à mes pieds et sera bercé pendant les 50 minutes de traversée !

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La mer est superbe, le soleil brille, l’air nous revigore et Rodney bay pointe le bout de son nez, ouiiiiiiii on est arrivé, enfin !! La malédiction est levée !!!! Nous remercions la dame et prenons notre voiture, plus qu’une demi-heure et nous serons chez nous ! Allez on se fait même une arrivée de jour, on n’ose plus y croire, on est des fous nous !! 🙂 Là encore, il a fallu que l’on tombe dans les bouchons et que l’on se trompe de route pour la première fois, retardant encore l’arrivée !! 18h00, soit 12 heures de voyage et d’attente plus tard au lieu des deux heures  qui étaient prévues, nous sommes devant Cataja ! Il est là, sain et sauf et nous aussi 🙂

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En montant à bord nous sommes frappés par sa couleur, il est noir de partout, sali par la poussière des travaux alentours et sent le renfermé, nous devons encore tout aérer et ranger nos bagages, mais nous sommes à la maison ! L’heure du coucher arrive enfin après cette journée de folie, et comme si ça ne suffisait pas, il nous faut enlever tous les draps, ces derniers sont moisis et pleins de poussières… Tout est dans cet état… Nous usons de nos dernières forces et installons par la même occasion nos moustiquaires… Demain, ça sera gros lavage mais ça sera un autre jour, allongés de tout notre long et tout notre poids dans notre lit, Antoine et moi savourons cet instant de bonheur et de repos bien mérité ! Bonne nuit…

Samedi 13 septembre, le jour se lève, allez c’est parti, motivés à bloc on attaque le rangement et nettoyage de Cataja… hiiii mais qu’est-ce que c’est que ça ?… Il y a de l’eau dans les placards d’Elian et de Pacôme, les vêtements sont moisis et humides, les réserves d’école sont trempées, les vaigrages imbibés d’eau… Oh non, il n’y a pas pas 10000 solutions, soit ce sont les fortes pluies soit ce sont nos réservoirs d’eau qui fuient ! Antoine se lance dans le démontage des placards pour trouver où est le problème, et bien entendu ce sont nos réservoirs qui sont pictés de trous laissant passer l’eau.

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Sur le ponton nous faisons appel à Embat pour la réparation. Nous en profitons pour réviser nos moteurs et retaper notre échelle. Le tout doit être fait sous 2 jours, ok, top ! Ça nous va… Mais n’oublions pas que nous sommes aux Caraïbes… Les deux jours commencent à durer, la température dans le bateau est étouffante, il fait 40 degrés dehors comme dedans, les moustiques sont de la partie et il n’y a pas un brin de vent. Nous avions d’ailleurs choisi cet endroit pour cette raison, sa réputation de trou à cyclone ! En bateau nous sommes habitués à avoir de l’air circulant à bord au mouillage, à quai c’est toujours plus délicat mais alors là c’est  le summum de l’irrespirable. Nous n’avons plus d’eau à bord, nos réservoirs ayant été enlevés,  la vaisselle se fait sur le quai, les douches au jet, on se faits dévorés par les mosquitos et craignons d’attraper le chickungunya qui sévit dans le coin, les garçons ne peuvent pas travailler leur CNED tant nous étouffons, le bateau est à nouveau sale de partout avec le passage des intervenants à bord, nous avons un jetlag dans la tête, ça fait beaucoup pour un retour !!! Nous voyons rouge, nous n’en pouvons plus de ce bazar et de cette ambiance, des heures de nettoyages pour rien, pour tout recommencer à zéro. Notre moral est au plus bas… Stop, y en a marre, nous faisons le choix de nous prendre deux nuits d’hôtel à côté ! Ce n’est pas raisonnable et nous ne bénéficions que de la chambre, l’établissement étant en rénovation, la piscine nous nargue et nous ne pouvons y mettre un orteil mais la chambre est spacieuse, climatisée et nous sommes protégé de toutes les bêbêtes !! Les garçons retrouvent leur sourire, ils ont une chambre juste pour eux avec un big lit, l’eau coule à flot et nous retrouvons enfin un peu de calme 🙂

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Jeudi 18 septembre, après 2 jours de retard, nos travaux sont finis, nous désespérions mais ça y est on a tout bon !! Un dernier coup de polish à Cataja pour le faire briller, un dernier rinçage, derniers rangements, nous quittons la marina pour le mouillage juste à quelques mètres… Miracle, il y a de l’air et l’on peut se baigner !! Ouf, on revit !! Nous retrouvons les sensations de la vie à bord, nous reprenons nos marques, nous nous réhabituons au mouvement du bateau, nous avons l’impression de revivre notre première fois 🙂 Heu-reux !!

Nous aurons durant ces quelques jours, hormis notre furieuse envie de mettre les voiles vers de nouveaux horizons, découvert l’autre visage de Sainte Lucie. Nous avions gardé en souvenir l’antipathie de la population, l’agressivité des gens, la nonchalance ambiante, sentiments partagés par d’autres voyageurs. Et puis il y a eu les travaux à réaliser et la compétence incontestée de trois hommes, Dwane, Mbate et Romuel travaillant sur des bateaux à poste à la marina de Marigot Bay. C’est la raison pour laquelle nous avons fait faire nos réparations ici. Il est difficile de trouver des gens compétents et à des prix cohérents. Nous n’avons pas été déçus ici et nous tenions à le signaler. Le personnel de la marina a également été au petit soin et très professionnel.

Allez, fini l’épisode Sainte Lucie, nous sommes le 20 septembre, ce matin nous faisons cap vers Bequia aux Grenadines… Que l’aventure recommence !!

Album Sainte Lucie – Janvier 2014

Retrouvez les photos de notre passage à Sainte Lucie en cliquant sur la photo ci-dessous 🙂

Nous avons eu un bel aperçu de ce petit bijou d’île, nous avons bien l’intention d’y revenir, d’autres photos suivront donc… 
Il s’agit de ne pas tout découvrir tout de suite:)

Notre transat, ça a donné ça…

Non, jamais ! Sûrement pas ! Même pas en rêve ! On fera convoyer Cataja de l’autre côté ! Puis, bon ok, je te le concède ça coûte une fortune, mais on prendra un skipper avec nous ! Puis, re, je dois reconnaître que ce n’est pas donné non plus pour notre budget limité, on a qu’à faire l’ARC (course ralliant les Canaries à Sainte Lucie plutôt sécurisée car équipe médicale et météo)… Mouai finalement se retrouver à 300 bateaux en même temps c’est pas le moins dangereux si tout le monde met ses voiles au même moment! 🙂 Ok, mais on prendra des équipiers alors, avaient été mes derniers mots… Ça, c’était mes dires il y a encore quelques mois ! Avant que mon doudou n’arrive à force d’esprit de persuasion et de patience à me convaincre de traverser l’atlantique. Je dois avouer qu’après nos 5 mois et demi « d’entrainement » et la rencontre de bateaux copains qui ont commencé à « presque » me donner envie, je me disais pourquoi pas… Selon les dires de certains, de blogs ou de lectures en presse spécialisée la transat est plutôt évoquée comme un tapis roulant permettant de rejoindre « plutôt tranquille » les Antilles… Car une fois les alizés (vents favorables) établis, au mieux ça se passe sous le soleil, par 15 nœuds de vent avec mer plate, ou au pire avec une large houle (toujours tranquille), mais dans tous les cas, nous allions nous régaler ! Pêche à gogo, farniente, bronzette, baignade océanique, rencontre de toutes sortes d’animaux marins… Bref le rêve, toujours dixit les copains et autres sources citées précédemment ! Y aurait-il eu du complot dans l’air? 🙂
J’avais donc fini, malgré mes craintes de femme et de maman, par penser que finalement ça serait l’occasion idéale de profiter de nous cinq. Juste nous, au milieu de nulle part. Je m’imaginai alors pouvoir me retrouver également en tête à tête avec moi-même dans un trip mystico-nature… Nous nous imaginions faire du yoga à l’avant du bateau 🙂 (on s’y serait mis), respirer profondément, avoir tous nos sens en éveil, jouer avec les garçons sur le trampoline, et profiter pleinement en famille… Nous avions acheté de quoi occuper les garçons, du scoubidou, au bracelet brésilien, en passant par les gommettes et la pâte à modeler… Tout un programme, pour des beaux jours…
Nous imaginions les rencontres avec les dauphins, baleines, et pensions que nous ne saurions plus quoi faire des poissons pêchés…
Mais ça, c’était avant ! Comme une promesse électorale… No comment donc!
La réalité, notre réalité, celle dont on n’avait omis de nous parler, est peut être un petit peu différente…
Cette transat aura été une expérience unique pour nous tous, un challenge réussi! Nous sommes fiers de l’avoir fait c’est certain. Et pour ma part braver un certain nombre de peurs aura été un second challenge!
Nous vous proposons d’embarquer avec nous, le temps d’un retour jour après jour sur celle que l’on appelle LA transat de Cataja, 21 décembre 2013 au 3 janvier 2014 ! Welcome!

20 décembre 2013 J-1 avant le départ, dernier petit resto avec Marc et Christiane et dernier visionnage informatique à la recherche d’images de notre destination! De l’eau turquoise, un sable blanc, voilà qui va nous permettre de nourrir notre imaginaire et de nous motiver pour la transat!

21 décembre 2013 Nous y voilà, tous les avitaillements sont terminés, le tour du bateau est fait, les hublots fermés (leçon apprise en pratique), le dernier appel de « rassurage familial » est passé  « n’ayez crainte sous 2/3 semaines max nous serons de l’autre côté ». Il est 9h, H-30 minutes avant l’ultime levage d’ancre ! Bip Bip Bip… déjà 3 sms sur l’iridium nous souhaitant bon vent et tout le meilleur ! C’est génial, nous avons la sensation d’être accompagné, comme porté ! L’impression aussi que nos « lecteurs » jouent le jeu. Nous recevons ces attentions en plein cœur, et le ressentons comme un réel échange, quelque chose de rare et précieux ! Merci !
A l’heure actuelle, nous sommes tous excités par ce départ et avons tous hâte de partir pour vivre enfin chacun sa transat ! Celle qui quoiqu’il en soit restera à jamais gravée dans nos esprits.
Pour ce premier jour, et les effets des îles alentours doivent y être pour quelque chose, nous avons de 15 à 25 nœuds apparent (20 à 30 nœuds réels) de travers arrière avec une houle de 3 mètres et avançons entre 7 et 9 nœuds sous grand voile et génois. Autant dire que nous sommes direct dans le bain !

1ère nuit et 22 décembre 2013 Notre première nuit aura été blanche ! Pas moyen de fermer l’œil. Les quarts se succèdent, l’ordre est établi maintenant. Christiane démarre, suivi de Marc, Antoine puis moi pour clôturer la nuit. Nous prenons par sécurité 3 ris en début de nuit, le vent monte jusqu’à 30 nœuds, la houle forcit elle aussi. Cataja part en surf, il est lancé, plus rien ne l’arrête ! Nous fendons l’eau à 8 nœuds de moyenne. Les claquements, détonations, grincements se font de plus en plus fort. J’ai l’impression qu’à chaque instant, nous pourrions vaciller. Antoine et Marc sont confiant. En continuant à cette vitesse, il nous faudrait 11 jours pour arriver ! Waouh, ça, ça serait le rêve , car pour l’instant, nous ne voyons pas de différence entre une transat et une traversée lambda. Nous sommes au beau milieu d’une marmite géante, et ne prenons pas vraiment de plaisir… En parallèle, dans deux jours c’est Noël, les garçons sont impatients et tout fous ! Les questions de Pacôme et d’Elian fusent : Et comment le père Noël va nous trouver ? Et par où il va rentrer ? Le traîneau il va le mettre où ? On pourra lui parler ? Nous, adultes, croisons les doigts pour que la mer soit plus clémente ce jour là !

2ème nuit et 23 décembre 2013 Pas d’amélioration pour notre deuxième nuit, ni pour la journée, la mer est toujours aussi agitée et nous avons beau être à quatre pour nos quarts, on ne se repose pas beaucoup ! Nous filons toujours à 7/8 nœuds, ce qui donne quand même le moral. Aller vite pour arriver vite !! Mais où sont donc passés les « régalez vous, profitez bien, bonne baignade ! » A croire que comme dans le sketch de Florence Foresti sur la grossesse, où selon les dires tout est rose, qu’il y a un pacte secret entre « transatiens » à ne pas dévoiler aux novices ! Y en a qui on dû bien se marrer ! 🙂

3ème nuit et 24 décembre 2013 Waouh! Nous avons réussi à dormir un peu plus malgré la houle persistante! Les garçons se réveillent et découvrent avec émerveillement la table décorée pour le petit déj… Aujourd’hui c’est Noël à bord de Cataja! Nous avions commandé une mer plate et un poisson au père Noël, mais il doit être trop occupé ou nous n’avons pas été assez sage, car c’est toujours des creux de 3 mètres bien formés qui nous « bercent »! Allez, pas grave, on va tenter de faire abstraction… Hop hop hop, les garçons se douchent pour l’occasion et se parfument! hihi ben oui c’est pas tous les jours Noël, y a des fois faut prendre son courage à deux mains et aller se doucher à l’arrière du bateau… Un rinçage version montagne russe… impressionnant parfois!

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Le Père Noël ne nous a pour autant pas oublié complètement, il est passé ce midi car il savait que nous serions fatigués le soir! Les garçons sont comme des fous, car il nous a même contacté par Vhf canal 72! 🙂 Il a déposé ses cadeaux et les loulous ont passé l’après midi à jouer avec! Pour ce jour d’exception, nous mangeons à défaut d’avoir notre poisson, le foie gras prévu et acheté depuis belle lurette aux Canaries et un autre alsacien, spécialement ramené par Marc et Christiane!!
Nous recevons également quelques messages sur iridium!! Que ces pensées font chaud au cœur! Cela fait bizarre d’être en plein océan pour ce jour, seuls, au milieu de nulle part, mais c’est un moment agréable passé en famille et avec nos équipiers. C’est un beau Noël 🙂

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17h, la mer se forme encore de plus en plus, les vagues déferlent à présent et vont même jusque dans le cockpit extérieur pourtant bien protégé! Pour être plus tranquille côté sécurité nous décidons de prendre un ris de plus (réduire la grand voile), mais évidemment se mettre face au vent et à la houle dans ces conditions nous font prendre des paquets d’eau! Cataja plonge tête la première, et nous, nous accrochons! Ça aura aussi été l’occasion pour bons nombres de poissons volants d’être de la fête! 🙂 La météo annonce encore deux jours comme ça… Ça risque d’être long! Cataja surfe sur les vagues, ce qui par moment donne l’impression d’une voiture qui irait trop vite et déraperait sur un circuit glissant. Nos regards s’arrêtent parfois à l’arrière du bateau (chose rendant la houle encore plus impressionnante, ce n’est donc pas toujours une bonne idée! ), et regardons ces monstres d’eau dépassant Cataja… C’est à ne plus savoir où est la ligne d’horizon entre le ciel et la mer.

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Cette journée de Noël, outre le côté positif de la chose et le plaisir de voir les enfants jouer sereinement dans le carré, aura aussi été une journée de peur montant crescendo (pour moi en tout cas). Car contrairement à la Méditerranée où nous avions pu voir qu’en soirée tout se calmait, ici nous avons remarqué que le soir empire toujours! J’essaie donc de ne pas me laisser dépasser par ces peurs qui me tiraillent le ventre. Je crains que l’on ne se retourne, la mauvaise vague, j’ai peur que nous nous retrouvions à l’eau en catastrophe (comment ça marche un radeau de survie?), que le bateau casse sous ces détonations, même la table du carré intérieur pourtant vissée se soulève tant les vagues se font sentir… J’ai un imaginaire débordant en ce moment!! 😦 Cette soirée vire au cauchemar pour moi, à la merci de mes démons, je me sens prise au piège et à part attendre il n’y a rien à faire… Pour le moral des troupes et par rapport aux enfants il est important de ne pas montrer ces émotions, pour ne pas contaminer les autres, je le sais, j’essaie… Mais la fatigue et la peur ne font pas bon ménage… Je me répète en moi même qu’il ne faut rien montrer, ne rien montrer aux enfants surtout… Trop tard, les larmes me coulent et j’ai un mal fou à les contenir… Christiane est là pour me rassurer, me parler, m’apaiser… Marc, de par son expérience lui aussi me rassure, il n’y a rien de dangereux… C’est impressionnant c’est vrai mais ce n’est pas une situation dangereuse… Vite, occuper mon esprit à autre chose… C’est donc une fois de plus le nez dans un bouquin comme je le fais depuis ce début de transat qui me fera penser un peu à autre chose (3 romans en 4 jours ça en dit long!) et un « maman pleure parce qu’elle est fatiguée » qui justifiera mes larmes… Ils n’en demanderont heureusement pas plus!

25 décembre 2013 Deuxième nuit où mon doudou fait le boulanger et nous prépare le pain pour notre petit déjeuner! Petit plaisir pour grand bienfait à l’équipage!! Il en fera durant toute la traversée et c’est vraiment bon pour le moral! Car pour le reste, pas d’amélioration. Néanmoins aujourd’hui est un grand jour, c’est l’anniversaire de Cataja! Il y a un an jour pour jour que nous signions le compromis de vente, et que le plus beau cadeau jamais eu était fêté! 🙂 Et les dieux sont avec nous au moins côté pêche ce jour et nous offre une dorade! Enfin! La première depuis notre départ!! Nous l’aurons finalement eu notre poisson pour Noël. C’est une chance, car essayez un peu de pêcher à une vitesse de 8 nœuds avec les creux qu’il y a! Il y a deux jours nous avions bien eu des touches mais l’une d’elle ne nous avait laissé que les ouïes du poisson accrochées à notre leurre!! C’était… euh charmant… le pauvre poisson n’a pas dû s’en remettre!

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26 décembre 2013 Ce jour qui devait d’après la météo être le pire de la semaine aura finalement été un des plus calmes et nous apprécions enfin le soleil sur nos peaux! Nous pouvons même manger dehors et oser quelques sorties sur l’avant du bateau! Ah, si seulement ça pouvait rester comme ça… On y croit!! Nous décidons à présent de faire route directe, rangeons la grand voile (nous ne la sortirons plus du reste du voyage) ne mettons que le génois (voile avant) et faisons route direct au cap 266. Nous devrions aller un peu moins vite côté vitesse mais plus vite côté zigzag évités. Nous avançons tranquillou à 6 nœuds de moyenne et cette journée nous faisant pousser des ailes nous essayons notre spinacker (autre voile avant à utiliser par vent arrière) qui une fois en place nous fera gagner de 1 à 3 nœuds encore! Waouh, on trace, c’est une sensation extra d’avancer si vite, avec du confort en plus! La vitesse nous faisant passer plus vite sur les vagues, celles-ci nous feraient presque oublier leur présence! Quel plaisir d’enfin pouvoir jouer avec les enfants à quelques parties de cartes endiablées, de manger de bon appétit, de se doucher sous les doux rayons du soleil… Notre plus belle journée depuis le départ, un semblant de transat idéale!

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27 décembre 2013 Notre joie aura été de courte durée, la journée d’hier n’était qu’une exception… Nous voilà reparti pour un tour… Nous tentons de prendre les choses avec philosophie… Voyons, personne n’est malade, il y a du soleil tout de même, nous nous faisons une raclette version fromage cap verdien sur lit de pomme de terre aux oignons… On ne se laisse pas abattre! 🙂

28 décembre 2013 RAS, rien à signaler… C’est le cas de le dire… Pas d’amélioration météo, pas de soleil, arrivée de la pluie, houle de plus en plus croisée, pas de poisson, pas d’animaux marin en vue… RAS!! Les journées passent et se ressemblent, à notre grand désespoir! Nous trouvons cette traversée de plus en plus pauvre côté découverte et richesse personnelle que nous souhaitions en retirer. Nous nous attendions tant à faire des rencontres insolites, que la seule vue de poissons volants en devient déprimante… La seule bonne nouvelle du jour : Yessss nous avons déjà parcouru la moitié de la transat, et c’est bon ça!!!

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29 décembre 2013 La mer est pour le moment plus calme, malgré les grains présents au loin! Oh oui que c’est bon!! Hop, hop, hop on en profite pour faire un grand ménage ce matin! Il nous faut profiter de cette accalmie pour ranger un peu et y voir plus clair! Et summum, nous aérons même les cabines sans trop de risques de prendre l’eau!! Et oui car ça c’est toujours le plus délicat! Car croyez en mon expérience même quand vous pensez être protéger, la nuit par exemple au hasard, il peut arriver qu’une vague inopportune ne pénètre par le hublot intérieur plutôt bien protégé du carré extérieur (vous m’avez suivi?) et vous réveille en pleine nuit à 4h du matin par l’effet d’une sorte de seau sur la tête, c’est le cas de le dire… Oui ça m’est arrivé, et c’est pas drôle!! Sauf pour le dit conjoint mort de rire 🙂 Mais bon, revenons en à notre nettoyage donc… ça fait du bien à l’esprit!
Cette belle journée est propice aux discussions, à l’échange de nos impressions. nous ne savons plus ni les uns ni les autres quel jour nous sommes, nous perdons tout repère d’espace et de temps. Nos journées sont rythmées par le lever du soleil, les siestes et le coucher du soleil. Nous discutons avec Christiane et découvrons que nous entendons toutes les deux des voix durant la nuit, pendant nos quarts… Des voix qui nous appellent, qui semblent vouloir nous dirent des choses… Une impression aussi que quelqu’un d’autre que l’équipage de Cataja est à bord… Est-ce le début de la folie? Est-ce un phénomène normal en transat? (j’en appelle à des réponses de la part de ceux qui en auraient 🙂 Je précise que nous n’étions sous aucun effet de substance quelconque:) )
Nous recevons également plusieurs messages iridium, dont ceux d’un inconnu cette fois, qui aura pris le temps de nous écrire pour nous encourager, nous féliciter… Il n’a pas idée à ce moment là du réconfort qu’il nous envoie grâce à ces ondes magiques! Combien ça motive et combien ça donne encore plus envie de se surpasser! D’ailleurs nous tenons à signaler que nous avons eu plus de messages de nos lecteurs que de nos propres familles… hmmm, on dit ça on dit rien… 🙂
C’est une belle journée aujourd’hui, nous nous sentons tous bien, juste bien simplement!

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Oh, et puis, oh mais oui c’est ça, c’est un voilier que nous voyons tribord avant, à peine à quelques centaines de mètres! Un voilier!!! On n’est pas seul et un peu plus on lui rentrait dedans (l’habitude d’être seuls au monde sur cet océan!)! Il y a donc de la vie! 🙂 Nous tentons un contact par vhf, canal 16, canal 72, tout excité à l’idée de nous faire un copain dans cet environnement hostile… Mais pas de réponse… En tout cas pas celle attendue, il virera de bord et ne sera plus visible 2h après… Nous a t-il pris pour des pirates??!! 🙂

30 décembre 2013 9 jours de mer… Nous avançons depuis hier plus vite en journée que la nuit grâce au spi que nous mettons dès que possible. Des surfs à 14,5 nœuds!! Waouh on fonce, truc de fou!! 🙂 A ce rythme il nous faudrait moins de deux jours pour finir d’avaler les 600 nm qu’il nous reste à parcourir! Mais bon, reprenons nos esprits… Nous savons qu’il nous faudra encore 4 ou 5 jours avant l’arrivée en toute objectivité!
20h… zzzzzzzzzz, oh!!! Un poisson!! Le 2ème depuis notre départ,en voilà un qui tient la vitesse! Et il va nous permettre de fêter la nouvelle année avec un bon petit repas! hhmmm on va se régaler!

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31 décembre 2013 La houle est omniprésente, croisée, saccadée, Cataja se fait ballotter dans tous les sens, et nous avec! Ça bouge sans arrêt.Une fatigue générale de l’équipage se fait ressentir et ça devient difficile pour tout le monde,enfin les adultes en particulier. Car il est à noter que les enfants ont vraiment une capacité d’adaptation extraordinaire! Les loulous gèrent depuis le début cette transat haut la main, pas de malade, pas de crise et même des sourires chaque jour qui passe. Nous sommes vraiment fiers d’eux! Nous tentons tant bien que mal d’apprécier le met que Poséidon nous a offert la veille, pas facile avec l’estomac à l’envers! 🙂
Et c’est en soirée que nous l’avons vu… Nous l’avions aperçu hier déjà sans certitude mais maintenant c’est sûr, c’est un rorqual de 5/6 mètres de long qui vient faire le beau à côté de nous! Il semble se faire des surfs dans les vagues! Waouh!!! Ça, ça l’fait! Nous l’observons, l’appelons, sommes tout excités par cette rencontre tant attendue! Les garçons le prénomment et l’appellent « Pupuce » en clin d’œil à « L’âge de glace 4 , Sid et sa mémé (oui oui nous avons des références en matière cinématographique très pointues 🙂 », ils lui lancent même quelques restes alimentaires pour le nourrir.. 🙂 Un moment de détente en famille et une récompense qui fait du bien!

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Petit repas vite fait ce soir… Grosses pensées pour la famille et les amis… Nous espérions mieux pour cette soirée de nouvel an, nous devons l’avouer… Allez, ça sera partie remise à l’arrivée! Vite, vite au dodo pour passer à demain!

1er janvier 2014 Bonjour, bonne année! Nous découvrons les messages envoyés par les bateaux copains et quelques amis… Il nous tarde d’arriver et de nous reposer! Chacun y va de ces résolutions pour cette année, mais pour nous il va de soi que nous souhaitons la continuité de cette vie et un maximum de rencontres et de découvertes 🙂 Cette traversée est un mal pour un bien…Le seul moyen d’accéder au paradis…
Et il est temps d’y arriver, le moral général est de plus en plus bas, une certaine lassitude se fait ressentir. Il n’est pas évident de supporter encore ces mouvements perpétuels, ni ces bruits constants! Nous rêvons de calme et de sérénité…

2 janvier 2014 J-1!! Ça y est nous avons à présent une vision plus claire de notre arrivée et nous pouvons être « sûrs » que demain nous serons arrivés!! Les dernières heures sont comme lorsque nous sommes en voiture, proche d’une arrivée dont on ne connait pas le chemin, celle-ci semble alors sans fin… Nous sommes excités comme des puces et rêvons de ce mouillage tant attendu. Nous réglons en prévision nos montres sur l’heure de la Barbade, et prenons le nouveau rythme. Ce changement d’heure, -3h par rapport au Cap vert ou -5h par rapport à la France, a pour conséquence de nous fatiguer encore un peu plus… Mon doudou se sent faible, manque d’entrain, se repose et s’isole dès que possible… C’est rare de le voir ainsi, ça me fait drôle et je m’inquiète un peu… Nous sommes tous las aussi du peu de diversité culinaire qui s’offre à nous. Il est temps d’arriver! Un bon burger king lui et nous fera le plus grand bien!! 🙂 Mais avant ça, Poséidon ayant dû prendre conscience de l’état de mon doudou nous offre un dernier poisson, une belle dorade coryphène qui clôturera les repas passés en transat! 🙂

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3 janvier 2014 Milieu de nuit, ça y est nous voyons le halo de lumière de La Barbade, il nous reste encore quelques heures à naviguer avant de pouvoir voir et toucher terre!! Quel soulagement! Tout le monde a le cœur léger.Il nous reste quelques heures à naviguer avant la fin. 9h, ça y est nous voyons l’eau claire au loin!!

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10h30 heure locale, nous voilà posé au mouillage de Carlisle Bay à l’ouest de La Barbade… L’eau turquoise nous accueille… Yes, le paradis a un nom : La fin de la Transat!! 🙂 hihi ben quoi on peut se détendre maintenant et rire un peu!! 🙂 Le premier plouf se fait au milieu de tortues tout aussi curieuses que nous… Les étoiles de mer sont justes énormes..

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Mon ventre peut se dénouer! On se sent revivre et HEU-REUX! Un peu de musique, quelques déhanchés, un bon petit repas, du soleil… Vive la vie!!  et vive le Burger King qui nous attend!!

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Alors, en chiffre notre transat ça donne ça :
Départ le 21 décembre 2013 à 9h30, arrivée le 3 janvier 2014 à 10h30, soit avec changement d’heure compris, une traversée en 12 jours et 22 heures pile!
Au total 2130 nm exactement à une vitesse moyenne de 6,87 noeuds.
Nous devons avouer que deux choses ont motivé notre vitesse! La première, est un blog que nous avons découvert la veille de notre départ, d’une famille ayant traversé en multicoque Outremer (cata parmi les plus rapides du marché) en 13 jours!! Ce nombre qui nous semblait inatteignable, est devenu notre référence aux vues de nos premières moyennes journalières. Nous espérions bien finalement battre ce chiffre 🙂
La seconde et non des moindres, nos amis Grégal!! La plus importante même 🙂 Vous avez déjà entendu parler d’eux, nous avons voyagé ensemble en Espagne, au Maroc puis aux Canaries et ces derniers nous avait mis une raclée lors d’une « régate » entre bateaux copains… Vous vous rendez compte, un mono qui nous a mis une rouste… Ils ne le découvriront qu’en lisant cet article donc, mais nous avions pour espoir et petite satisfaction personnelle de faire mieux que leur 13 jours(également) de transat 🙂 C’est chose faite à deux heures prêt:) hihi
Selon nos calculs.. suivi de près vous pouvez nous croire, hihi, 148 800 vagues à monter et à descendre!
1 voilier croisé de jour, 1 voilier au loin de nuit visible difficilement aux jumelles et à travers la houle.
3 poissons pêchés et dégustés.
0 dauphin, 0 baleine, 0 tortue, 1 rorqual quand même, des centaines de poissons volants, 2 gros oiseaux de nom inconnu essayant de nous piquer notre leurre.
0 baignade transatlantique mais des douches en pied de jupe avec effet jacuzzi garanti par les vagues s’échouant sur la dite jupe!

Pas de casse, mais malgré notre réparation au Sénégal, prise d’eau toujours dans notre cale moteur bâbord. Vive l’écopage!

Fuite du groupe électrogène, fini donc les recharges de batteries de nos divers appareils électroniques par ce biais là.

Dessalinisateur hors service, mais nous aurons réussi à ne pas vider les 600 litres d’eau que nous avions.

Pour finir, retrouvez notre parcours fait au jour le jour, grâce à nos relevés de position. Un grand merci à notre ami Piéric!

https://maps.google.fr/maps/ms?msid=210427692407539830971.0004ee217192352a835fe&msa=0

Pour ceux qui nous rejoindraient, retrouvez également les photos de cette transat en cliquant sur le lien ci-dessous 🙂

http://youtu.be/225PINbiyNI

J-1 mois… et HOP!!!

CA y est!!! Le vrai compte à rebours a commencé, et pas uniquement celui que nous avons programmé sur notre iPhone, au taquet!! 🙂

Nous sommes à moins d’un mois du départ! Le vrai, le seul, l’unique, celui attendu depuis si longtemps!!

Oh sérieux? Ils le font vraiment alors?!! Et oui 😉 Enfin, c’est à nous, et pour de vrai de vrai!! hihi 😉

Voilà plusieurs semaines que nous sommes résidant à quai à La Grande Motte, que nous n’avons plus d’adresse qui nous soit propre, que nous ne recevons plus directement notre courrier, que nous sommes dorénavant SDF et de fait, que nous ne rentrons plus dans les cases prévues par la société française… Nous sommes encore pour quelques semaines toujours liés à notre vie de terrien mais notre esprit lui, vagabonde déjà sur les flots 🙂 Oh, que c’est bon!!

Et dire qu’il y a 2 mois nous appréhendions d’emménager à bord! Mine de rien et malgré ce désir qui nous habite depuis tant de temps, il n’était pas évident de nous plaire dans nos nouveaux 45 m², ni que les enfants apprécient leur nouveau toit, et par-dessus tout nous ne voulions pas d’une certaine façon risquer de « déflorer » le sujet avant même d’avoir quitté la France! Si nous avions su à quel point la vie à bord allait nous plaire, combien de nouveaux petits plaisirs simples comme contempler de magnifiques couchers de soleil et apprécier le calme le soir venu allait nous réjouir, nous aurions essayé de gratter quelques semaines ou mois de plus auprès de notre directeur de port! Qu’il se rassure, malgré un emplacement idéal et la sympathie générale qui règne autour du quai, nous partirons avant la mi-juillet;)

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Depuis ces dernières semaines, nous avons ouverts nos « chakras ».

Cela nous réussit plutôt pas mal aux uns et aux autres, ça fait du bien et ça se voit! 😉

Les enfants tout d’abord qui craignaient de ne trouver personne avec qui jouer, ont en moins de 2 jours rencontré deux autres petites filles voyageuses du même âge sur le même ponton. C’est à croire qu’ils se connaissent depuis toujours tant nous les entendons rire encore et encore! Ils passent leurs soirées à vadrouiller entre Cataja, le quai, le bateau des filles, et devant les bateaux voisins à discuter avec une aisance déconcertante!

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Pacôme lui, ne cesse de vouloir être à bord, rend mes trajets infernaux dès lors que je me déplace en voiture tant il me tanne pour retourner au bateau! 🙂 Il est toujours fier de montrer sa chambre à toutes les personnes qui viennent découvrir notre nouveau chez nous, et ne manque pas une occasion d’aller sauter sur le « poline ». Toujours souriant, un vrai petit soleil! 😉

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Mon doudou travaille toujours et ce jusqu’à fin juin. Il lui tarde de passer au rythme de vacances… prolongées! Yep! 🙂 Il continue d’apprendre à bricoler sur toutes les petites réparations restant à effectuer avant le départ. Je le vois prendre plaisir à chaque problème résolu, et là où pour certains cela ne serait ni plus ni moins qu’un bricolage de plus, c’est pour nous de vraies petites victoires! (N’oublions pas que l’on part de rien, zéro, nada, aucune connaissance en matière de bricolage!:) )

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Quant à moi… Comment je me sens? Est-ce que je réalise? Est-ce que ce n’est pas trop dur?… Et bien, si proche du départ, je me sens étonnement bien! Soyez zen! 😉 Je suis moins angoissée que je n’ai pu l’être auparavant à l’idée de tout lâcher et de partir. Je ne suis pas sûre de ne pas avoir le « départ blues » d’ici quelques temps mais pour le moment je profite de cette sensation de bien-être et de sérénité actuels!

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Deux raisons doivent toutefois contribuées à cet état 🙂

La première : Quelques articles sur notre projet dans la presse spécialisée et toc, toc, toc sur notre coque! 😉 … Des personnes, des familles ayant des envies similaires sont venues à notre rencontre ou nous ont écrit. Toutes nous ont apporté des mots, une nouvelle force et de l’énergie positive!! Comme nous l’avons fait précédemment, elles prennent leur « dose » de rêve en lisant notre blog ou en nous contactant directement, et nous prenons plaisir à partager et échanger avec eux 🙂 Il est agréable de ne pas être pris pour des fous inconscients! Nous ne sommes pas encore partis, mais déjà ce projet nous amène à faire de belles rencontres condensées et riches! 😉

La deuxième : Il est quand même bon de se sentir soutenu par les siens! Lorsque vous vous lancez dans un tel projet, aussi fou soit-il pour certains ou n’ayant rien d’exceptionnel pour d’autres, il est essentiel d’avoir la confiance, les encouragements, les gestes de ceux qui vous sont chers, et ce n’est pas toujours simple! Et oui… Nous avons tous nos propres peurs avec lesquelles il faut composer! Et la famille n’est pas en reste de ce côté là! 😉 Heureusement Antoine et moi nous sommes découverts un esprit de persuasion du tonnerre!! hihi Au final on aura même « convaincu » quelques membres pas gagné d’avance! C’est ça qui fait du bien!! 😉

Il nous a d’ailleurs été offert un livre, en clin d’œil à notre histoire, et je n’en suis actuellement qu’au début mais il est écrit en première page et nous tenions à vous en faire part, cela mérite réflexion…

« La vie est un risque. Si tu n’as pas risqué, tu n’as pas vécu. C’est ce qui donne… un goût de champagne. »

Sœur Emmanuelle

Voilà, pour le petit bilan si proche du départ! PO-SI-TIF!!!

Il nous reste et en bref… à profiter de nos derniers instants dans la région, nous prendre la tête avec la paperasse d’avant départ, vendre nos derniers effets personnels qui ne nous serons plus d’utilité à bord, acheter un barbecue (indispensable), faire le plein d’apéro 🙂 , vérifier l’armement de sécurité, nous gaver encore de gaufres au sucre les quelques soirs où la chaleur voudra bien être de la partie, commander à nouveau un fraisier dégusté à l’anniversaire de Pacôme (une tuerie atomique que nous ne pourrons plus re-manger), aller au cinéma en « namoureux » pour voir un film en français, faire les pleins de chocolat pour les soirs de nostalgies et de belvita miel choco indispensables au petit déj, acheter un short de bain à Antoine (un peu de tenue quand même!), acheter encore quelques bouquins nécessaires aux traversées que nous entreprendrons, noter les adresses pour envoyer quelques cartes postales de temps à autre, ranger au fond du fond des placards les cartables des enfants dès lors que l’école sera finie, vérifier que notre téléphone est bien désimlocker pour rester joignable, faire les pleins d’eau et de gasoil (aie ça va faire mal au porte monnaie!) … euh, je crois que c’est bon… ah non j’oubliais un truc super important!!! 🙂 … fêter d’ici quelques jours notre pot de départ avec toutes les personnes et ami(e)s ayant compté pour nous durant ces dernières années ou fraîchement rencontrées, que nous aurions bien aimé connaitre plus tôt! Sachez que nous vous accueillerons volontiers ici ou là à bord de Cataja!! Nous tenions aussi à vous dire merci à tous pour les moments passés avec vous (c’est pas dit que nous serons en état de vous le dire samedi soir alors… 😉 )

Allez, next!… 😉

Enfin… le convoyage!! vu par Antoine de l’intérieur…

Rétrospective d’un petit journal de bord tenu par mon doudou durant le convoyage…

Enfin le convoyage. Point de départ : Lorient, destination : Martigues.

1700 mile, soit 3100 km.

La météo annonce le vent du nord que nous attendions mais une houle de 4 à 5 mètres nous attend sur le parcours.

¨Les protagonistes ¨:

Moi-même : Antoine, heureux nouveau propriétaire de Cataja! 🙂

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Christophe : Ancien propriétaire du bateau qui a gentiment proposé de m’accompagner sur ce convoyage. C’est son galop d’adieu avant de prendre son futur bateau. Il est skipper professionnel. C’est un grand gaillard qui inspire la confiance et qui la mérite largement. C’est un bon vivant, il aime le beurre salé, le ti punch et l’eau salée. Ça a été un vrai plaisir de partager ces moments avec lui 🙂

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Florian alias le gamin : Jeune cinéaste de talent (System D prod 🙂 ) qui a accepté de venir s’enfermer sur un bateau avec moi alors qu’il n’a aucune expérience de la voile. C’est beau les amis 🙂 Il aime regarder des films, se coucher tard, se lever tard, les jeux de dé où il faut mentir et la terre ferme 🙂

Marc : Jeune retraité, ami de Christophe qui a accepté sur un coup de tête de nous accompagner. Et je l’en remercie. Marc ne sait pas mentir 🙂 dégage une certaine sérénité et accompagne volontiers Christophe dans la mise au point de ti punch délicieux.

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Jeudi 10 janvier 14h30 :

Christophe nous récupère à l’aéroport et nous emmène au bateau pour poser nos affaires. Des artisans s’affairent dessus. Le voilier, est en train de changer les aubants, le mécano fait la révision des moteurs et un autre finalise la mise en place du dessalinisateur. Notre bateau est transformé en une véritable fourmilière et je jongle de l’un à l’autre en tentant tant bien que mal de retenir leurs conseils avisés! Une fois les artisans partis, nous remettons le bateau en ordre, installons nos affaires et repartons pour faire les courses d’avitaillement. Ce n’est pas une mince affaire de prévoir 15 jours de repas pour 4 lascars qui ne se connaissent pas et qui ont des goûts différents. Le soir nous allons dîner dans le centre de Lorient et revenons nous coucher tôt au bateau exténué par une journée bien remplie.

Vendredi 11 janvier :

Rebelote! Courses, règlements des factures, préparation du bateau et récupération de Marc, notre quatrième équipier qui nous rejoint en fin d’après-midi. Après une énième prise de la météo, nous décidons finalement de partir dès samedi après-midi, malgré des vents contraires annoncés et une houle de 7 mètres! Je n’ai jamais pris la mer avec des conditions pareilles et ma Doudou manque de s’étouffer quand je lui annonce notre decision… Normalement ces mauvaises conditions ne devraient à priori pas persister, et la météo devrait devenir plus favorable dès dimanche pour nous permettre de traverser le terrible golfe de Gascogne… Je l’espère en tout cas fortement!

Samedi 12 janvier :

Après une nuit un peu froide qui ne m’a pas permis de recharger pleinement mes batteries, nous levons l’ancre à 11:50. La sortie du port de Lorient, se fait sous un ciel maussade. Quand on atteint l’île de Groie, la houle atlantique nous cueille de plein fouet avec de grosses lames de 6 à 7 mètres de haut qui heureusement ne déferlent pas. On monte, on descend, on monte, on descend et ainsi de suite. Le vent froid se fait bien sentir et nous rappelle que nous naviguons au près pour cette première partie du périple. Quand le soir arrive, je commence à sentir que mon corps ne comprend pas trop ce qui lui arrive. Et quand la nuit tombe, je n’arrive plus à garder mes repas dans mon estomac 😦 Le mal de mer me prend comme jamais. Je resterai les 48 prochaines heures cloué à ma couchette sans pourvoir bouger plus loin que les toilettes ou le premier seau venu! Je sais d’après mes nombreuses lectures sur le sujet que ce mal ne dure rarement plus de 2 ou 3 jours. Mais quand on est dedans, 2 ou 3 jours à rendre tout et plus encore, c’est très très long! L’équipage ne me verra donc pas très souvent pendant ces 2 premiers jours, et toujours accompagné de mon meilleur ami le seau.

Dimanche 13 janvier :

Nous avançons bien 🙂 Pendant mes rares apparitions, je me renseigne sur l’avancée et la météo. Tout va pour le mieux, je peux donc retourner me coucher! Et dans ma bannette… je me demande ce que je fais là 😦

Lundi 14 janvier :

Mon estomac semble avoir rendu tout ce qu’il avait à rendre et mes apparitions sur le pont deviennent de plus en plus longues. Nous sommes maintenant au milieu du golfe de Gascogne à plusieurs centaines de kilomètres des terres les plus proches. Je profite de mes premières apparitions de dauphins. Le sourire me revient petit à petit et je pense au plaisir que mes petits bonhommes auraient eu à partager ce moment magique 🙂 Chaque jour grâce à la magie de l’iridium, je reçois des nouvelles de ma doudou et des enfants. Et j’en donne quand mon estomac le permet.

Mardi 15 janvier :

Nous approchons des terres d’Espagne et du cap Finistère. Le plus dur du golfe de Gascogne est derrière nous. La houle est redescendue dans des proportions beaucoup plus acceptables et le vent nous pousse gentiment dans le bon sens. Enfin des navigations comme je les espérais. On se paye même le luxe de jouer au dé a un jeu que Florian nous enseigne, appelé Le Maya, rebaptisé pour l’occasion en Cataja. Cela sera notre jeu officiel pour les quelques jours à venir. J’ai bien emmené des livres pour occuper les journées de navigation, mais je ne suis pas encore suffisamment amariné pour les ouvrir! J’écoute les conseils de Christophe et tente de mémoriser tout ce à quoi il faudra penser pour faire tourner cet engin car ceux qui me connaissent savent à quel point je suis doué pour le bricolage… C’est donc une qualité qu’il va réellement falloir que je développe. Je suis donc tout ouïe quand Christophe prodigue ses conseils et je bois ses paroles comme la parole divine.

Mercredi 16 janvier :

Nous longeons la côté portugaise et avançons plus vite que nos estimations initiales. Le bateau file entre 8 et 15,6 nœuds qui restera le record de notre traversée. Je suis très agréablement surpris par les qualités de bon marcheur de Cataja. Dans chaque situation de navigation que nous rencontrons, je me demande comment ma doudou réagirait. Est-ce que telle ou telle situation serait gérable en équipage familiale…

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Jeudi 17 janvier :

Nous arrivons près de Gibraltar que nous passerons dans la nuit. Gibraltar constitue une zone de navigation sensible par lequel tout le trafic entre la méditerranée et l’atlantique transit. Et dans la masse des bateaux, nous ne faisons pas partie des plus gros. De véritables villes sur l’eau croisent notre route à plus de 20 nœuds quand nous n’en faisons que 7 ou 8. On espère vivement qu’il y a quelqu’un à leur vigie!

Nous approchons du goulot d’étranglement de Gibraltar à bonne vitesse de nuit. Ce n’est pas mon quart et je suis en train de somnoler dans ma cabine quand tout à coup, je sens le bateau faire de drôles de manœuvres, que l’on vire de bord de manière intempestive. Les voiles font résonner leurs claquements sourds jusque dans les coques. J’enfile ma tenue de quart, une paire de bottes et suis sur le pont. Tout le monde s’y affaire d’ailleurs. J’interroge Florian du regard qui winch le bout du génois. Il me dit que le génois est coupé en deux. Je deviens blême, sors la tête pour me rendre compte de la situation. Ouf! Je me rends compte que ce que Florian voulait dire, c’était que le génois s’était mis en soutien-gorge. La partie du haut s’est enroulé dans un sens et la partie du bas dans l’autre. Christophe est à la manœuvre et essaye de faire en sorte que le vent s’engouffre dans la voile dans le bon sens pour la démêler. Tout ça au milieu du rail des cargos, de nuit avec un vent et une mer qui forcie. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?… Nos manœuvres ne semblent pas porter leur fruit et je vois déjà le moment où nous devrons nous débarrasser de notre beau génois 😦 Nous décidons une manœuvre de la dernière chance. Je m’harnache au pied du mat et je descends la grande voile intégralement sous des trombes d’eau générées par les vagues que l’on reçoit de face. Florian vient me donner un coup de main. Moins bien équipé, il se fait doucher copieusement! Eurêka! La stratégie est payante. Le génois reprend sa configuration normal et nous reprenons notre route dans le détroit de Gibraltar où nous sommes littéralement aspiré par la méditerranée qui nous gratifie d’un fort courant positif. Nous gagnons 3 nœuds sur notre vitesse surface grâce au courant de la marée montante 🙂 Nous sommes au milieu du détroit. À bâbord les lumières de Gibraltar et de l’Europe. À tribord les lumières de Tanger et de l’Afrique. Ça fait quand même quelque chose de se retrouver pile entre 2 continents. Dommage qu’il fasse nuit. Ou c’est peut être mieux ainsi… le sujet n’aura pas été défloré avant de le refaire en famille 🙂

Vendredi 18 janvier :

De l’autre côté du détroit, le vent renforcé par l’effet venturi nous pousse encore plus fort dans la bonne direction. La nuit est douce, je prends mon quart. La nuit est sombre et la lune éclaire faiblement d’un timide croissant naissant. Je regarde la masse sombre et liquide qui nous entoure et me laisse aller à mes rêveries. Quand tout à coup je vois des traînées de planctons fluorescents qui fusent vers notre bateau comme si une torpille venait à notre rencontre. Je regarde de plus prêt intrigué et réalise que des dauphins nous accompagnent 🙂 Je joue à les éclairer avec ma lampe frontale, j’ai l’impression qu’ils prennent goût à ce jeu, ils m’accompagneront pendant toute l’heure de mon quart. Ce seront les derniers dauphins que nous verrons du périple. La méditerranée n’étant pas été aussi généreuse en rencontre de ce genre que ne l’aura été l’atlantique.

La journée, la météo devient de moins en moins maniable. Le vent est fort et une houle inhabituellement forte en méditerranée nous oblige à trouver un abri à Almeria en Espagne. Cette halte mettra un point d’arrêt à notre progression fulgurante. Nous nous imaginions déjà arriver en moins de 10 jours alors que nous en avions prévu 15, mais la météo en aura décidé autrement.

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Samedi 19 janvier:

La météo ne nous permet toujours pas de reprendre la mer et quand on voit ce qui nous attend plus au nord on se dit qu’il va falloir jongler avec les fenêtres météo. Aujourd’hui Christophe en profite pour me donner quelques conseils en mécanique et me montre les gestes qu’il faut avoir pour bien entretenir son moteur. Florian vadrouille en ville et profite des soldes espagnoles. Après consultation de la météo, nous avons une petite fenêtre météo entre un coup de vent qui vient du sud et un autre du nord, on devrait pouvoir partir demain pour tenter d’approcher le fameux cap Creus et la frontière française. L’incertitude de la météo nous dicte de rester le long des côtes pour éviter la houle qui fait rage au large.

Dimanche 20 janvier :

Après une nuit à tirer sur nos amarres par un vent de près de 40 nœuds dans le port, nous préparons le bateau pour le départ. Christophe et Marc qui dormaient côté quai ont une petite mine. Ils ont entendu les cordages grincer toute la nuit. Avant le départ nous faisons un rapide tour du bateau et constatons qu’une poulie est endommagée. En voulant la changer, nous constatons que le bout en métal de la baume sur lequel est accrochée la grand-voile est littéralement déchiré sur prêt de 15 centimètres. Cela a dû arriver pendant un empannage intempestif avant notre arrivée à Almeria. Nous renforçons tout cela avec un bout de rabe et décidons de prendre le premier ris dans la grand-voile pour ne pas forcer sur la réparation. Nous appareillons enfin. En milieu d’après-midi. La météo en méditerranée est décidément très curieuse. Nous naviguons au moteur car le vent est aux abonnés absents. La mer est belle, il fait beau, Christophe fait la sieste et Marc, Florian et moi nous adonnons à nos occupations dans le carré. L’anémomètre continue de nous annoncer un triste 5 nœud de vent. Tout à coup je lève la tête de mon iPad, jette un œil distrait à l’anémo et le voit qui monte, 10, 15, 20 puis 25 nœuds de vent en l’espace d’une minute. Branle-bas de combat, tout le monde sur le pont pour adapter les voiles à ce brusque changement de vent. Il restera soutenu toute la nuit.

Lundi 21 janvier et mardi 22 janvier :

Nous continuons notre progression, le vent reste soutenu dans les 20 à 25 nœuds, la houle est croisée et nous filons, grands voile sous un ris et génois dehors, à près de 10 nœuds. Quand une fois de plus l’homme invisible qui joue avec le ventilo géant qui nous propulse décide de nous faire une blague… après une forte secousse sur une vague plus grosse que les autres que nous pénétrons à pleine vitesse, il pousse le bouton off… le vent passe de 20 à 6 nœuds en 30 secondes sans qu’aucun signe extérieur ne vienne annoncer ce changement brusque!

Mercredi 23 janvier :

Nous nous réunissons autour de l’iPad pour la grand-messe de la météo afin de voir ce qu’Eole nous réserve pour la journée. En fin de journée une barre de flèches rouges indiquant des vents à près de 50 nœuds nous barre la route sur la carte météo. Nous prenons donc la décision d’aller nous abriter à Blanes un peu au nord de Barcelone.

Après une petite sortie avec Florian, nous revenons au bateau pour nous reposer un peu. Le matin, Christophe me présente l’annexe et m’apprend ses petits secrets et comment gérer ses petits caprices. Une fois à l’eau et démarrée, je pars l’essayer et me régale de voir que les petits 15cv, marchent très très bien.

La preuve en image 🙂

http://youtu.be/SwHJNggYOCE

Avant notre départ nous allons manger au restaurant des pêcheurs qui nous sert des moules et des saumons délicieux. Nous voilà repu. Le plein de gasoil, le règlement de la nuit à la capitainerie et il est temps de partir.

La première partie de la navigation se passe sans encombre, au moteur à cause du vent qui se cache derrière les montagnes. Devant nous le cap Creus que nous passerons cette nuit et derrière le cap… La France!! 🙂 La réputation du cap Creus nous fait réduire les voiles d’avance pour éviter les mauvaises surprises. Bien nous en a pris. Plus nous approchons plus le vent et la mer forcissent. Le vent que nous avons dans le nez, dépasse maintenant les 30 nœuds. Les vagues de 2 mètres de face, sont cassantes et le bateau s’adonne aux montagnes russes. Malgré les moteurs et les voiles, nous peinons à dépasser les 3 nœuds dans des conditions éprouvantes pour le bateau et pour l’équipage. Le stresse monte. Après la casse subit lors de notre dernier coup de vent, je crains pour Cataja. Je suis seul à la barre. Je ne veux pas la quitter. Je sais que cette nuit je ne dormirai pas beaucoup. Christophe est parti se coucher, et franchement j’aurais bien aimé sa présence de professionnel rassurante à ce moment-là. Vers 23h, Marc me rejoint et sa présence sereine me fait un bien fou. Je regarde l’anémomètre s’affoler à chaque claque que les rafales nous infligent. 35, 36, 37 nœuds. Je sens Cataja grincer sous les coups de boutoirs des vagues et le vent qui hurle dans la mature. Chaque mètre se mérite. Nous voyons le phare du cap Creus. J’appréhende les vents derrière le cap Creus. Vont-ils débouler avec forces des Pyrénées?

Jeudi 24 janvier :

Il est 3 heures du matin. Je prends mon quart. Le cap Creus est derrière nous et nous naviguons dans les eaux françaises. Florian qui vient de me réveiller me dit qu’on essaye de nous contacter à la Vhf. Tout ensuqué je réponds tant bien que mal au monsieur des douanes qui nous demande qui on est, d’où on vient, où on va etc… Après l’interrogation surprise, je prends la relève de Florian, qui ne réapparaîtra pas avant midi. Il part se coucher gagné par le mal de mer. Le stress des conditions difficiles rencontrées me tiendra éveillé et je ne retournerai pas me coucher. Nous jouons avec la météo. Le vent s’est calmé en matinée mais il est annoncé un retour en tempête pour l’après-midi. La question est : jusqu’à quel port peut-on pousser sans prendre le risque de nous retrouver bloqué dans la tempête? Nous faisons un premier choix pour Port Leucate. Puis, gagné par l’optimisme nous pointons plus au nord vers le Cap d’Agde. Ce sera au final la Grande Motte prêt de la maison que nous atteindrons vers 14h. À l’arrivée ma doudou attend sur le quai avec la maman de Florian. Mon cœur bat la chamade. Je n’ai pas vu ma chérie pendant 14 jours. Et je ne me suis pas rasé non plus pendant 14 jours. Va-t- elle accepter de m’embrasser?… Je me reconcentre pour effectuer ma dernière manœuvre d’appontage que j’exécute avec brio devant le regard plein d’admiration de ma doudou. C’est bon d’être arrivé. La fin du convoyage se fera dans une semaine pour finaliser le périple jusqu’à Martigues.

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Notre état d’esprit à quelques jours du convoyage et les préparatifs…

Nous voici à une semaine du départ d’Antoine pour Lorient, 2 heures d’avion à partir de Montpellier, mission convoyage de Cataja jusqu’à Martigues en compagnie de Christophe, ancien propriétaire et skipper de notre nouveau bateau et Florian un ami bienveillant porté volontaire pour naviguer contre vents et marées avec Antoine!

Le départ est fixé au 12 janvier 2013, à plus ou moins quelques jours en fonction de la météo, Antoine arrivera le 10, afin de pouvoir faire l’avitaillement nécessaire à ces jours en mer et de s’amariner pour éviter tout vomitos intempestifs… même si nous nous doutons bien que cela va arriver au vue de la météo…

Car oui, ce convoyage ne s’annonce pour le moment pas comme une douce traversée tranquille… Cocculine, Nausicalm, sparadrap sur nombril, autant de trucs et astuces pour éviter d’être trop malade!

Pour rappel, il s’agit de traverser le Golfe de Gascogne, longer le Portugal, traverser le détroit de Gibraltar, longer l’Espagne, pour arriver finalement à Martigues, après environ 12 jours et 1700 mille soit 3100 km environ!

Nous avons à présent téléchargé une application sur Ipad nous permettant de suivre la météo à 8 jours, pour entre autre nous rassurer… surtout moi! Enfin tenter, car je dois bien l’avouer, je ne partage pas l’enthousiasme d’Antoine! Lui, voit ce convoyage comme une occasion unique de connaître Cataja sous toutes les coutures et dans des conditions difficiles en compagnie de l’ancien propriétaire,en toute sécurité, une très belle opportunité de se former et  connaître les limites de notre cata.

Moi, bien que mon côté rationnel me dise qu’Antoine a raison, je vois cela comme 15 jours sans mon homme, sans pouvoir vraiment le contacter et me rassurer… Nous avons bien acheté un téléphone Iridium d’occasion, mais au vue du prix des cartes de communication, il est évident que je ne pourrais blablater tous les jours avec mon doudou (oui j’ai oublié de vous préciser que nos surnoms à tous les deux sont Doudou:)

Nous avons tout de même convenu qu’il m’enverrait chaque jour à la même heure un sms pour me signaler leur position et m’indiquer que tout va bien.

A suivre…