En « vedette » dans Bateaux Magazine de décembre 2013!

Petit article de dernière minute les amis!! Voici un article complet et sur plusieurs pages concernant notre grand voyage! Vous aurez tout le loisir de nous retrouver sur le dernier Bateaux Magazine du mois de décembre 2013 numéro 667, actuellement en kiosque! 🙂

Le grand titre à la « une » du dernier numéro de Bateaux résonne comme un cri : PARTIR ! Ceux qui partent en 2013 ne fuient pas, ne s’évadent pas. D’une certaine manière, ils ont fait leur, cette maxime de la sagesse tibétaine : « Le voyage est un retour vers l’essentiel. »

PARTIR ! C’est cela le but, le Graal de ceux que l’on nomme les « néo-Marco Polo ». Ils n’ont cure des soieries ni des ors du Grand Mogol. Leur trésor est en eux-mêmes, vers lequel ils retournent…

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Heureusement, nous avons bronzé depuis!! 🙂

Et une traversée vers Dakar, une!!

Nous voilà partis à 9:30 ce samedi 2 novembre vers le Sénégal, 850 nm soit 1600 km nous attendent, le soleil est tout d’abord au beau fixe et la mer plate, nous nous ploufons au large pour bien démarrer la journée! Les aurevoirs à l’équipage de Scarlett sont faits, nous nous donnons rdv de l’autre côté et faisons route à présent avec Timacle et Daisho 🙂 Mais au moment où j’écris ces débuts de lignes, nous sommes finalement encore une fois tributaires des vagues et des effets de côtes! Une houle d’1,20m était attendue ainsi qu’un petit 10/15 nœuds de nord/est qui devait gentiment nous pousser! Au lieu de ça, c’est plutôt pétole de vent, mise du moteur et houle avec de bons creux de 2 mètres et plus… « Elle nous berce », selon Antoine, mouai « elle nous balade oui » je dirai plutôt! Je tente une sieste dans la cabine et me ravise très vite, c’est juste impossible, tant je sens les mouvements du bateau,  les montées et les descentes! Tiens je regarde par le hublot, je ne vois pas l’eau, ah ben oui forcément, après le Hollandais volant, c’est le Cataja volant, tant il surfe sur les vagues! Un manège à sensations en live! Le problème est que je ne peux pas en descendre, et c’est reparti pour un nombre de tours illimités pour l’instant! Je remonte dans le carré et constate… « Ne regarde jamais en arrière » me dit mon doudou, car il paraît que c’est plus impressionnant! Non? Sans blague?!! On n’est plus poussé là, on est propulsé en avant à chaque vague! Tiens j’ai le ventre noué, voilà qui est étonnant! Qu’il est loin le temps de lecture sur mon transat, à admirer paisiblement le paysage!! Et là, de suite la traversée me semble déjà interminable!
La journée se passe, Antoine et moi avons pris du « sterugon », médicament trouvé en Espagne pour le mal de mer, et au vue de l’état de celle-ci, il est très efficace par rapport au mercalm traditionnel n’ayant jamais eu d’effet flagrant!
1ère nuit : je reprends mon iPad pour y écrire mes impressions… Cela fait des heures et des heures que nous sommes dans une marmite! Je bouge de droite à gauche, en étant assise… (Merci la fiabilité de Mr météo!) Voyez-vous, ces derniers temps beaucoup nous ont dit nous « envier » pour cette aventure. Et bien ce soir c’est moi qui vous envie, vous qui êtes à faire la fiesta du samedi soir réchauffé par des danses en tout genre ou qui êtes déjà bien au chaud sous vos couettes, sans appréhension et à dormir paisiblement! De plus, je ne suis pas spécialement superstitieuse mais disons qu’à plusieurs reprises l’adage des « jamais 2 sans 3 » aura fait ses preuves! Nous avions commencé la journée avec une fuite de notre machine à laver juste avant le départ, à avoir passé une bonne demi-heure à éponger, et la journée n’étant pas finie, voilà maintenant que c’est à nouveau notre moteur bâbord qui fait des siennes, qui ne démarre plus pour raison d’eau dans les cales! Un bon seau rempli, un deuxième, un appel par Vhf à notre ami Benoît pour savoir quoi faire et accessoirement être rassuré, ou pas … Nos vannes d’arrivées d’eau de mer sont à présent fermées, espérons que ça s’arrête là et que nous puissions y voir plus clair demain! Le déplacement avec un seul moteur au Sine Saloum ne serait pas la meilleure idée! Je me demande donc quel sera la 3ème poisse?!…
Pour être honnête, là de suite, j’ai envie de faire demi-tour et être tranquillement au mouillage! Au lieu de ça, la houle est toujours aussi formée, les vagues dépassent largement la jupe arrière du bateau, j’entends gronder la mer! Au sens propre, je vous assure, je sais maintenant quand ça va « taper », j’attends et entends cette houle croisée responsable d’une levée sous le bateau, et ça fait du bruit! Quand est-ce que ça va s’arrêter? 😦
7:30, je suis réveillée en sursaut, j’entends mon doudou aux manœuvres, et là que vois je? Notre genacker qui venait d’être réparé sur Lanzarote (800 euros quand même!) déchiré à nouveau en deux au même endroit!! À seulement une journée de départ des Canaries et encore bien 8 jours à naviguer, c’est un nouveau coup dur! Quand je vous parlais de ce fichu adage!! Nous essayons de voir le côté positif, pas de crise, pas de juron, pas de pleur… maintenant nous devrions être tranquilles!! 🙂
Une belle journée nous aura été offerte, le calme après la tempête! Tout le monde se sent bien et c’est déjà énorme! Ajoutez-y du soleil et une mer plate, enfin une navigation comme on aime. La nuit sera pareille, douce et calme. Un peu de vent en plus serait bienvenu, mais bon on ne va pas se plaindre!
Les grandes traversées amènent à la réflexion. Et je n’y avais jamais trop songé auparavant car inconsciemment je crois que je me disais que nous ne le ferions peut être pas, mais je me rends compte de l’importance du mental pour une navigation pareille!
Un huit clos se met en place, sans échappatoire extérieur, avec la gestion des uns et des autres, celle de soi-même et celle du temps qui s’écoule plus ou moins vite en fonction de la météo et de notre moral! Vous passez par un tas d’états d’esprits tellement différents! Les enfants eux, globalement comme d’habitude s’adaptent plutôt bien, ils ne souffrent pas autant du mal de mer que d’autres fois, ils jouent, observent les dauphins ou autres ailerons de requin passer à quelques mètres du bateau, regarde où sont nos amis Timacle et Daisho par rapport à nous et papotent à la Vhf avec leurs copains…

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Pour nous adultes, c’est un peu moins insouciant,  un coup vous vous sentez l’âme d’un warrior face à son Everest et réalisant qu’il est en train de vivre une aventure extraordinaire, capable d’aller de l’avant et de tout mettre en œuvre pour la réussite du « challenge » en jeu! Vous savez aussi que votre moral aura un impact sur celui de l’autre et essayez donc de ne pas vous laisser submerger par certaines émotions. Malgré tout l’instant d’après, parce que vous voyez la vitesse diminuer et donc votre date d’arrivée reculée d’autant, parce que vous avez un énième souci technique, des vagues trop grosses, des craquements trop forts dans le bateau, une houle hachée, un ciel trop gris… Et surtout parce que tout est exacerbé, le moral en prend un coup, vous vous sentez tel un enfant qui a besoin d’être réconforté, et les journées et nuits vous paraissent bien longues! Nous en apprenons je crois tous les jours un peu plus sur nous même, et vous comprenez qu’il est des situations, où vous n’avez pas d’autres choix que d’avancer…
Vous savez, Antoine et moi avons toujours mis un point d’honneur à nous retrouver « ensemble ». Ceux qui nous connaissent savent bien comment nous fonctionnons. Avec les enfants, et malgré le quotidien, les obligations, nous gardons toujours à l’esprit que l’amour en général est un équilibre fragile et qu’il est important de ne pas perdre de vue l’essentiel. Nous avions et avons toujours aussi tous les deux cette envie de vibrer, de voir le monde, de vivre autre chose! Elle est d’ailleurs en partie à l’origine de notre projet. Vous savez, avoir ce sentiment que vous vivez! Vraiment, pas juste pour faire acte de présence dans notre monde mais vibrer, choisir, ressentir, vivre le meilleur, pour ne pas avoir de sentiment de non vécu, de regret, plus tard… Et bien, nous sommes en plein dedans! 🙂 J’avoue que je ne pensais pas forcément littéralement parlant à ces vibrations-là, un peu (beaucoup) fortes pour mon petit cœur parfois, mais il est certain, que cette aventure nous donne plus encore l’envie de vivre encore et encore, entourés de nos amours, et pour le moment loin de toutes ces conventions de vie, que nous avons tous bien apprises depuis l’enfance, loin de ce que nous impose notre société et des travers de celle-ci, et profiter un maximum tant que nous le pouvons!! 🙂
Veuillez m’excuser, il est 2:15 du matin, et la nuit est propice aux réflexions… 🙂 je me relirai demain, et effacerai au besoin ce passage si je le juge inutile 🙂 hihi

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Notre 3ème jour nous aura permis d’avancer à une bonne vitesse de 6 nœuds de moyenne, nous avons enfin trouvé le vent! Il aura aussi été celui de notre première grosse pêche!! Alors que mon doudou s’apprête à aller à la sieste, nous entendons le moulinet s’emballer… Après une bonne vingtaine de minutes, c’est une belle dorade coryphène que nous découvrons 🙂 Un spécimen de 70 cm de long tout de même, nous pourrons en faire deux repas! Nous n’oublions pas de remercier Poséidon pour ce présent! Et pensons à notre ami Jean Laurent, notre maitre à tous en matière de pêche! 🙂 Ça fait partie des choses qui font du bien au moral! 🙂

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Les jours passent, nous n’avons plus franchement de notion de temps, sommes-nous mardi ou mercredi? Quelle heure est-il ici? Est-ce toujours le fuseau horaire des Canaries ou celui de l’Afrique? Nous commençons à vivre avec le lever et le coucher du soleil, faisons confiance à nos horloges biologiques et tant pis si il est un peu trop tôt ou tard, après tout nous n’avons pas d’impératifs! 🙂
Notre seule réelle question, la plus importante et celle qui dicte nos choix de route concerne la météo qui nous attend. Nous sommes partis avec l’application Weather 4d pro mise à jour, nous avons 8 jours de prévisions, mais rien d’autre à bord ne nous permet d’avoir de vision plus ajustée. Nous avons bien un téléphone iridium mais notre modèle est trop ancien pour s’accorder avec les dernières avancées en matière de Pc. Heureusement Pieric et Jean Laurent ont répondu présent pour nous appeler ou nous envoyer par SMS les nouvelles prévisions, c’est tout de même rassurant!
Les 2 journées suivantes sont heureusement plutôt « tranquilles », et les nuits moins « mouvementées » enfin, c’était sans compter sur l »une d’elle qui nous aura encore une fois mis à l’épreuve, au réveil de quart comme d’habitude! Notre pilote automatique ayant décidé de passer du mode auto au mode stand-by, tout seul comme un grand et sans demander la permission! Autrement dit, ce dernier ne suivait plus du tout notre direction et nous aura fait faire plusieurs 360°! 18 nœuds de vent de face, nous peinons à remettre Cataja dans la bonne direction, le pilote refuse de garder notre cap, la houle est capricieuse, nous ne pouvons pas aller face à elle de nuit, il nous est difficile de savoir à quelle hauteur elle est, nous sommes désorientés, un cargo là-bas, un autre ici, nous décidons de mettre les moteurs pour nous aider dans notre manœuvre…. Il nous aura fallu une bonne demi-heure pour réussir à « sortir » de là… ah, pour réveiller ça réveille!
Mais, et pour en venir à nos journées, celles-ci sont régies par quelques heures de CNED par ci par là (cool cool quand même!), des siestes réparatrices de nos quarts de nuit, des ateliers pain, des danses endiablées au moment de l’apéro,  quelques films regardés avec les enfants, des jeux, ou des parties de pêche plutôt sportives avec notamment un bon gros thon qui aura réussi à nous échapper au dernier moment, sûrement l’énergie du désespoir pour celui-ci, grrr partie remise pour nos estomacs pas contre un peu de protéines fraîches!
Allez, il nous reste 3 jours avant d’arriver à Dakar selon notre GPS, nous décidons de passer bien au large à 100 nm (200km) des côtes mauritaniennes, ces dernières nous auraient bien tentées mais à priori au vue de leur situation politique, il est recommandé d’être prudent et de rester loin pour éviter tout ennui avec la marine ou toute autre embarcation mal intentionnée.
Il nous tarde à présent d’arriver, de découvrir notre « récompense » bien méritée, l’arrivée dans un nouveau pays! 🙂 Nous apprenons tous quelques mots en wolof, ça amuse beaucoup les enfants. Certains sont d’ailleurs comme en arabe et notre Malo a disons, un peu de mal avec la prononciation (et ni voyez pas d’obscénités, ce n’est qu’un enfant 🙂 )  Et il répétera fièrement Salamalescouilles, au lieu de vous l’aurez compris Salamalecoum! 🙂 Une bonne tranche de rigolade 🙂
Oh? Mais nous voici jeudi 7 novembre, mais oui c’est bien ça!! 🙂 Notre Elian se réveille et trouve des ballons et une décoration acidulée à déguster, il s’agit bien du début des festivités pour marquer le jour de ses 7 ans!! 🙂 La mer a été agitée toute la nuit et continue de l’être mais ça n’empêchera pas le gâteau de crêpes aux bonbons prévu ce midi! De nouveaux playmobils se joignent à nous, et bientôt c’est nos amis Timacle qui arrivent à notre hauteur pour siffler et chanter en chœur Joyeux Anniversaire à notre petit bonhomme au beau milieu de l’Atlantique 🙂 Nous venons aussi de passer la ligne des tropiques, et ce n’est pas désagréable de ressentir le souffle chaud de cette partie-là du monde! 🙂
Pour l’occasion une tortue se laissera regarder le temps d’un instant ainsi que d’impressionnants globicéphales noirs passant tranquillement à côté du bateau!

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Timacle qui jusque-là nous avait gentiment attendu durant cette traversée, car force est de constater qu’ils sont plus rapides que nous, vient donc de modifier son cap pour qu’enfin nous puissions nous croiser. L’occasion de voir de l’extérieur nos réglages et de constater que nous pouvions largement améliorer nos performances! Pour le moment nous reprenons le dessus grâce à de précieux conseils, à ce rythme-là,  7/8 nœuds pour 10 de vent apparent en moyenne, il nous resterait 40 heures avant d’arriver! Si seulement, mais bon comme toujours si nous perdons ou réduisons un peu de vitesse, très vite la réalité peut reprendre le dessus!
Nuit du 7: Le pronostic indiqué semble se maintenir, depuis que nous avons écouté Benoît, Cataja file sur l’eau à toute vitesse, il nous est difficile de le ralentir! Mais l’océan lui est toujours aussi agité 😦 Nous commençons à être fatigué de tout ce bruit, ces claquements, le souffle du vent qui s’engouffre dans les voiles vous donne l’impression d’avoir le double du vent indiqué, la houle à l’arrière du bateau est loin du petit clapotis de l’eau relaxant que l’on connait, les hublots grincent, la structure du bateau travaille, la vaisselle retentit à chaque soubresaut du bateau… Nous rêvons de notre arrivée pour retrouver un peu de sérénité!

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Samedi 9 novembre, au moment où je vous écris, il est 11h heure locale, et nous y sommes!!! Yeeesssss! Nous arrivons à Dakar les amis!!! Vous le croyez ça?! 🙂 Personnellement je trouve ça dingue! Fou de me dire que nous sommes au Sénégal, que nous passons de pays en pays, et même de continent en continent, au gré de nos envies et tout ça à bord de notre petite maison flottante! Cataja file tranquillement au moteur, Antoine et moi assis tranquillement à observer le paysage et à avancer à petit pas vers notre mouillage de Hann au club de voile d’où nous irons faire nos formalités dès lundi! À nos côtés l’équipage de Timacle, un poisson fraichement pêché par leur soin nous attend pour ce midi, l’occasion de se retrouver et de partager nos ressentis de navigation.

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Nous sentons déjà l’odeur du dépaysement! Un peu de repos s’impose e hop à nous les nouvelles découvertes 🙂