Tout vient au grain à qui sait attendre… Tobago se mérite!!

Après une traversée de Martinique à Saint Vincent il y a quelques temps, un vendredi, pourtant démarré sous le soleil et avec peu de houle, la mer et ses courants avaient décidé de nous remontrer que nous, voyageurs, avons à aller au rythme décidé par Poséidon et Éole eux-mêmes! En l’occurrence contraire à nos envies, bien trop lent, et inconfortable pendant des heures, de nuit…

Rebelote pour notre traversée Saint Vincent vers Tobago… Il faut savoir que Tobago est une destination peu prisée des vacanciers car très basse dans l’arc antillais. Y aller signifie vraiment le vouloir car son cap peut s’avérer difficile à tenir par rapport aux vents et aux courants. Soit vous y allez à partir de l’île de Grenade pour une navigation la plus courte possible, soit vous y partez d’une île plus haute dans l’arc pour essayer de tirer parti d’un meilleur cap. C’est ce que nous avons choisi de faire à partir du sud de Saint Vincent, soit entre 18 et 24 heures de navigation entre 5 et 7 nœuds. Le vent annoncé est légèrement sud est, pas le meilleur donc pour notre route mais sans pluie apparente jusqu’à notre arrivée… Décision est prise de partir ce vendredi 7 dans l’après midi après une xième vérification! Une belle fenêtre… Banco! Mer parfaite au large! A croire que nous sommes à l’abri des îles et non côté atlantique. 1 m de houle à peine, un soleil magnifique, le passage devant l’île de Baliceaux et de Moustique… Une belle nuit s’annonce… Encore une fois rien n’est jamais acquis… C’est en réalité une nuit épuisante qui nous attend. 21h, Antoine prends son quart, je pars m’allonger, tout est pour le mieux… 00h00, je prends mon quart, m’installe un film que je planifie de regarder, grignote un peu, les étoiles sont magnifiques, le ciel dégagé bien que de curieux nuages s’amoncellent autour de nous. Le vent jusque là stationnaire à 15/17 nœuds nous permet d’avancer tranquillement à 5,5 nœuds en moyenne. Antoine est à peine couché depuis 30 minutes que je décide d’allumer le moteur malgré notre grand voile à 1 ris (sécurité pour nave de nuit en cas de vent soudain) et notre génois, car le manque de vent soudain, 8 nœuds à peine ne nous fait avancer plus qu’à 1,8 nœuds! Autant dire que nous faisons du surplace! Je guette le ciel, plus aucune étoile, une couche noire intense semble tout cacher… Étrange, pas de pluie, pas de vent… Voilà deux minutes que j’ai dû rallumer les moteurs, que le vent se lève, 18,20,22 nœuds… Antooooooooine!! A peine a-t-il le temps d’être dans carré qu’un grain d’une intensité rarement eu jusque là est arrivé… Tout est noir, une pluie battante blanche, nous voyons encore à peine l’avant du bateau… 32 nœuds!! Paf! L’un roule le génois, l’autre lâche de l’écoute de grand voile, sous peur de tout casser…
Le grain dure 2 minutes peut être, nous sommes à essorer et le cœur battant!! Une belle frayeur… Le temps de nous remettre et nous voyons les éclairs sévirent au loin, les nuages bas à l’horizon, si bas qu’ils s’accrochent les uns aux autres et ne cesse de former d’autres grains… La nuit n’est plus qu’une succession de traces de pluie sous d’énormes nuages… Les grains continuent à monter à 28 nœuds… Madame la lune tente de percer à travers mais à bien du mal! Tout au plus elle nous permet de deviner les prochains grains… Allez, on range le génois, on prend un deuxième ris nous permettant d’être plus en sécurité et nous tentons de maintenir un cap correct… Nous laissons sur notre tribord un magnifique arc en ciel de lune!!! Du jamais vu, un arc parfait tout en nuance de gris, juste a côté de nous! Nous ne savions même pas que ça existait! Voilà bien la seule chose positive de cette nave de nuit!! 🙂 Ni l’un ni l’autre n’ira se reposer, nous resterons toute la nuit sur le qui-vive à surveiller les alentours… Vivement que le jour se lève!! Non pas qu’avec lui tout s’arrange mais c’est tout de même plus simple d’anticiper lorsque l’on y voit clair! 5:30 Elian se lève en même temps que le jour, surpris que l’on ne voit pas déjà la terre… Antoine est sur le pont, je suis allongée sur le canapé, prise d’un mal de mer d’une rare intensité… Rappelez vous les 5 F donnant le mal de mer : la Faim, le Froid, la Fatigue, la Frousse et la Foif! 😉 Faut dire que j’ai eu ma dose de froid cette nuit avec toute cette pluie et l’humidité qui vous transperce… La frousse m’a sans aucun doute tenaillée aux vues de mes tremblements… Et la fatigue s’est très vite fait sentir tant physiquement qu’émotionnellement… Je suis pour l’instant incapable de me lever, les yeux rivés sur l’anémomètre du salon pour être sûre que le vent ne va pas grimper follement à nouveau! Le ventre noué, le soleil déjà présent semble pourtant vouloir me dire que c’est une belle journée qui commence, tout va bien!
La matinée se passe, les garçons malgré la possibilité de jouer et de regarder un film sont las de cette navigation. La mer est pourtant et heureusement toujours belle, mais ils doivent bien sentir et voir que papa et maman sont épuisés et en ont marre! Notre système de navigation ne cesse de retarder notre arrivée car ces maudits courants négatifs de plus de 2,5 nœuds et ce vent qui n’est pas celui qui était annoncé nous empêchent d’aller plus vite. C’est à se demander si nous allons bien y arriver à Tobago! Elle a intérêt à en valoir la peine cette île parce que là vraiment tout le monde s’impatiente et commence à regretter le choix de venir par ici!!
H-4 heures, l’île est visible depuis un moment maintenant et oh miracle nous n’avons à présent plus de contre courant!! Ouiiiii on avance à 6/7 nœuds, Cataja file sur l’eau, quel bonheur!! On va arriver enfin!! Toute cette nave sera derrière nous, on va pouvoir dormir et être à l’abri! Le ciel est dégagé, il l’est d’ailleurs depuis ce matin, comme si ça avait été juste pour nous embêter cette nuit! Antoine coupe les moteurs, plus besoin!! Mais qu’est ce que…?? Voilà que la manette de l’étouffoir du moteur bâbord lui est resté dans la main!! Le truc improbable! Notre moteur est bien éteint mais l’arrivée au mouillage va s’avérer plus compliquée que la normale avec un seul moteur allumé! Ben oui mon Doudou a fait d’énormes progrès en mécanique mais nous ne nous étions jamais penché sur la question auparavant et ce n’est pas après une nuit blanche qu’il va aller dans la cale moteur en navigation!
Bon alors!! Là Antoine je te le dis! Je ne veux pas virer superstitieuse mais je te l’annonce : la dernière nuit à souci était avec un départ un vendredi, cette navigation même avec un départ un vendredi à nouveau… Alors lecteurs sachez que d’après les légendes marines les marins ne prenaient jamais la mer un vendredi à la base pour raisons religieuses et suite à de nombreuses calamités ce jour là. Jusqu’à présent je n’y avais jamais trop porté attention mais là et bien je dis stop au vendredi!!! 🙂
12:30, nous sommes à l’entrée de la baie de Charlotteville à Tobago, Pirate´s Bay le dernier mouillage de l’île, de loin une baie laissant apparaître une végétation comme ailleurs… Mouai… J’espère que c’est mieux plus près parce que là de suite, on se demande si ça valait vraiment la peine! … Mais plus nous avançons, plus nous découvrons un paysage luxuriant vraiment différent!! La jungle, la vrai!! Des arbres jamais vus, des cris d’oiseaux, une mer à la couleur particulière… Nous tournons et trouvons enfin notre place au milieu des autres bateaux en étant sûr de pouvoir gérer la manœuvre à un moteur… 13h nous sommes posés!! Yessss!! On y est arrivé!! Nous pointons le bout du nez sur le pont, et c’est un décor exceptionnel qui s’offre à nous! C’est magnifique!! Impossible de ne pas être sous le charme de ce mouillage!!

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Une belle entrée en matière… La zone est poissonneuse et les oiseaux omniprésents… Nous distinguons déjà divers cris dans la forêt, juste là à côté de nous… Les barques de pêcheurs avec leur drôles de cannes à pêche en bois de part et d’autre de leur embarcation nous surprennent…

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L’eau y est d’une couleur toute particulière, un vert intense, la végétation s’y reflétant…

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Cette navigation nous en aura fait voir, nous aurons pesté, certes ça n’est pas les 50 nœuds que d’autres copains ont pu avoir mais nous aurons eu peur on peut le dire pour notre bateau, nous aurons à réparer cette pièce, mais d’ors et déjà, une partie de cette île nous a conquis!

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Nous ne bougerons pas du bateau jusqu’au lendemain. Les formalités n’étant pas effectuées nous n’avons pas droit de poser pied à terre, ça n’est pas un souci aux vues de notre nuit blanche, sieste obligatoire!

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Voilà, le jour s’est levé, Antoine est allé nous mettre en règle. Le monsieur du custom est très gentil. Il informe Antoine du fonctionnement de l’île, à savoir qu’en quittant cet endroit il nous faudra faire les mêmes formalités à la capitale pour pouvoir mouiller dans le sud… Contraignant mais c’est leur moyen de contrôler les éventuels trafics… Le Venezuela étant à proximité, il semble qu’il y est de nombreuses tentatives de passages de drogues. Il lui fait part également du fait que pour nous voyageurs, il n’est pas conseillé actuellement d’y aller justement au Venezuela. Nous le savions mais il nous a informé que même les gardes côtes pourraient nous agresser! La situation du pays semble si critique, que les produits de première nécessité sont quasi inexistant. Les plaisanciers deviennent donc des cibles faciles avec tout le nécessaire à bord! Les îles semblent quant à elles sans danger mais nous avons peut-être bien d’autres projets pour les semaines à venir… Notamment celui d’essayer de rentrer en France pour retrouver famille et amis… A voir car côté financier c’est tout de même un luxe… Intéressant aussi mais complètement loufoque leur panneau mentionnant l’interdiction formelle d’être habillé en tenue de camouflage! Que ce soit le body du bébé, le short rose fluo mode camouflage de madame ou le débardeur de monsieur, amende!!

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Les jours passent nous sommes toujours à Charlotteville. Ce mouillage est vraiment exceptionnel, tout ici inspire le calme et la sérénité. Le vent lui même n’y pénètre pas et nous passons nos nuits sur un lac!
Nous avons exploré cette baie à bord de notre annexe. Plusieurs plages, certaines avec des petits lits de rivières se jetant dans la mer.

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Une végétation à n’en plus finir, des lianes, des arbres immenses, des bambous, grands et majestueux!

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Les oiseaux sont partout! Nous les observons, à terre, dans les airs ou même sur l’eau! Les pélicans semblent avoir élu domicile sur les barques des pêcheurs, acceptent d’être approché jusqu’à un certain point avant de prendre leur envol! D’ailleurs en voyant leur bec vous n’avez pas envie d’aller plus près!!

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Saviez vous qu’ils se grattent la tête avec leur patte comme le ferait un chien avec ses pattes arrières? C’est assez surprenant! Les oiseaux en vol nous permettent d’assister à des spectacles de haute voltige et à des combats féroces mais tout à fait inégaux entre eux et leurs malheureuses proies!

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Nous avons exploré le mouillage à pied et y avons découvert les manguiers! La vue d’en haut est magnifique!

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Tout semble si pur, si naturel dans le coin. Le petit village offre quant à lui quelques bicoques où nous trouvons pain, gâteau coco, fruits et légumes.

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Une bibliothèque sert de refuge pour avoir internet. Le réseau ici n’est pas trop mauvais, il existe aussi une « bzone » qui permet de capter le wifi une fois à terre sur téléphone et Pc. Notre groupe nous faisant quelques caprices nous ne pouvons plus faire de lessive, nous avons pu trouver une laverie en face de la station essence dans la petite cahute à la porte bleue, prix imbattable, 40 TT$ avec lessive, soit 5 euros la machine lavée et séchée.
Dans la vie pas chère (car ce n’est pas le cas de tout ici!) l’accès à la station service se fait à partir de la plage, ou du ponton, bidonnage obligatoire mais à 0,21€ le litre de gasoil on se dit que les quelques mètres à pied en valent la peine! En parlant carburant, nous avons trouvé une location de voiture auprès de Jerome dit Papaye… Pas beaucoup de choix et nous voilà à bord d’une de leur voiture pseudo tunnée pour la modique somme de 50€ la journée!! On croit s’étouffer! Ils ont bien compris qu’il n’y avait pas le choix alors allons-y gaiement!! Nous avions opté pour deux jours de location mais nous sommes finalement ravisés et l’avons rendu le soir même après un tour complet de l’île en une journée… Disons que la route est longue, et peu de choses à visiter… Comptez déjà 1h30 pour rejoindre la capitale Scarborough, en route de montagne et nid de poule… Sur place nous n’avons personnellement pas trouvé que l’île soit beaucoup plus différente que les autres de l’arc antillais… Nous retrouvons le même style de bâtisse, la même végétation, les mêmes cultures ou habitants. Nous en profitons pour faire un avitaillement car ce n’est pas tous les jours que nous allons descendre à la ville! Rendez-vous au Penny saver et non « penis ever » (mais bon mémo technique faut l’avouer!! 😉 ) sur la route de l’aéroport, il semble que ça soit The supermarket! Nous en ressortirons avec un peu d’eau, quelques biscuits, un blanc de poulet, des yaourts longue conservation à plus d’un euro le yaourt, quelques pâtes pour 240€!!! Gloups… Mais comment font les habitants?? Y a t il un prix spécial pour les locaux?? Car nous nous interrogeons vraiment sur la capacité des habitants à pouvoir se payer ces courses?!
Allez, assez de la ville, nous rentrons en choisissant d’emprunter ce qui semble être sur la carte une « route verte », plus longue mais nous permettant de faire le tour… Ravis de ce détour! Le paysage est très joli, toujours aussi vert, nous croisons plus de vaches et de moutons que de voitures… Les garçons s’en amusent! Poules, coqs, aigrettes, chiens, taureaux sont aussi au rendez vous!! L’œil vif nous détectons les manguiers et les avocatiers et ne nous faisons pas prier pour aller cueillir notre petite récolte! C’est quand même le top de pouvoir faire ses courses ainsi!!

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Les ravages des sargasses côte au vent!

Retour à la case départ, au calme de notre mouillage à Charlotteville. Décidément ce mouillage n’est que plus appréciable encore après une journée étouffante au coeur de la ville! Faut dire que n’étant plus très habitué des villes, des bouchons, du stress citadin, nous aspirons vite à retrouver la quiétude à laquelle nous sommes habitués dans notre cocon!! 🙂

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Cette étape nous permet aussi de nous faire quelques sessions de bodyboard et surf tractés! Le plan d’eau est toujours aussi plat et scintillant, nous voici parti avec Elian tracté, lorsque nous apercevons les dauphins qui viennent jouer à côté de l’annexe!! Devant, derrière… Elian nous entend crier  » …in, …in » mais le bruit du moteur couvrant nos voix il n’entend que la fin du mot et semble blêmir d’un coup!! Droit comme un i sur son body, il nous regarde l’air apeuré et fini par tomber à l’eau! Remontage à la vitesse de l’éclair sur sa planche, il comprend enfin que nous n’étions pas entrain de l’abandonner au beau milieu de ce qu’il pensait des requins!! 🙂 hihi bon remarquez les dauphins en questions sont énormes, de couleur très foncée et le plus gros fait son bon 2,50m/3 m. Ils sont impressionnants!

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Malo à son tour se met à l’eau, il aura une escorte exceptionnelle à ces côtés pendant quelques instants!:)
Pour finir moi même en voyant mes enfants prendre ce plaisir sur l’eau me décide après toutes ces années de craintes à me jeter a l’eau et à tenter de me relever sur ce bodyboard que je regarde d’un drôle d’air! Ceux qui me connaissent savent ma peur au milieu de l’eau sombre et mon « non » côté sportive aquatique!! Mais… Mais après quatre tentatives j’ai, moi Eurielle Janning 1ère du nom, réussi à sortir et à me faire tracter! Ca va vite, c’est pas très stable mais waouh j’ai adoré!! Même après mes gamelles le smile est là, et la baie entière à dû entendre mes exploits et mes explosions de joie! 🙂
Plus que quelques jours ici, Antoine et moi-même décidons que Malo est apte à présent à tenter une chasse sous marine. Beaucoup de poissons nommés « bourse » sont dans ces eaux, ils ont l’avantage de ne pas beaucoup bouger à votre approche, c’est parfait pour commencer! Et voici mon Malo armé de son harpon qui après les consignes de sécurité faites par Antoine se lance et va finir par nous ramener 4 poissons!!! Il aura nourri sa tribu!! bravo Malo 🙂

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Quelques jours ici et de bon moments en famille dans cette baie qui a quelque chose de magique et d’hors du temps! Direction Trinidad à présent… C’est pas tout ça mais on a des visas USA à faire, Just in case!! A très bientôt!!

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